sábado, 2 de julho de 2011

DSK écrivait lui-même le scénario de sa chute

Le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, le 13 novembre 2010 à Tokyo. Photo: Reuters/Rob Dawson 

Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin
Jeudi 28 et vendredi 29 avril, place des Vosges. Le patron du Fonds monétaire international (FMI) est de passage à Paris et prépare son entrée en campagne. C'est là, chez lui ou dans les salons d'hôtels alentour, qu'il reçoit sa garde rapprochée. A son agenda officieux, ces deux jours : François Pupponi, le maire de Sarcelles, Ramzi Khiroun, le porte-parole du groupe Lagardère et son conseiller de l'ombre, et Claude Bartolone, ex-fabiusien, ex-aubryste, une de ces voix chargées de prouver dans les médias que Dominique Strauss-Kahn peut rallier des troupes.
Voilà six mois déjà que François Pupponi trouve son ami "parano". DSK, d'habitude si désinvolte, si imprudent - à Washington, il avait été capable d'envoyer des e-mails à la Hongroise Piroska Nagy ! -, se méfie désormais de tout et de tout le monde. Quand ils se rencontrent, il veut que le maire de Sarcelles "enlève la batterie" de son portable, comme le font "les gars du FLNC", lui fait remarquer François Pupponi, sidéré. "Enfin, Dominique, on ne va pas faire sauter la Banque de France, on va juste prendre l'Elysée!", s'étonne le député sarcellois.
"IMPRUDENT"
Ce 28 avril, DSK baisse gravement la voix : "Le Russe du FMI veut me faire tomber avant que je ne démissionne. Poutine est derrière, à la manoeuvre." Quelques heures plus tôt, il a déjeuné avec des journalistes de Libération, fascinés eux aussi de voir le futur candidat abandonner son téléphone privé au vestiaire, pour ne garder que le portable crypté du FMI dans sa veste : cette fois, il s'inquiète d'être écouté "par Claude Guéant", le nouveau ministre de l'intérieur. Devant ces journalistes, il se met même à imaginer à voix haute une sombre histoire de "femme violée dans un parking à qui on promettrait 500 000 ou 1 million d'euros pour inventer une telle histoire".

Le lendemain, pavillon de la Reine, place des Vosges, à quelques mètres de l'appartement des Strauss-Kahn. Cette fois, c'est Claude Bartolone qui a été convié à rencontrer le futur candidat à la présidentielle. "Je veux partir proprement du FMI", après avoir géré la crise grecque, dit DSK à son nouvel allié. "Faites attention à vos déclarations, insiste-t-il, et ne mets pas mon nom sur ton agenda." Puis, de nouveau suspicieux, il confie au président du conseil général de Seine-Saint-Denis : "Certains ont intérêt à ce que je sois viré du FMI. Les Russes sont les plus intéressés par ça, et Poutine est proche de Sarko..."
"Traumatisé", "Barto" sort de l'hôtel habité de l'étrange sentiment d'être entré "dans une société secrète". Pas davantage que Ramzi Khiroun ou François Pupponi, il ne sait que, la veille au soir, sur la même place, DSK a été pris en photo dans cette Porsche de fonction du groupe Lagardère, dans laquelle le patron du FMI voulait absolument faire un tour. Quand deux semaines plus tard éclate le "scandale" du Sofitel, le trio ressasse les impromptus de la place des Vosges, chacun comparant sa version à celle du voisin.
"C'est incroyable. Il nous avait quasiment écrit le scénario du film, soupire François Pupponi. Il nous avait raconté sa chute à l'avance." Et Claude Bartolone ajoute : "Comment un type qui a tellement l'impression d'être surveillé peut-il être à ce point imprudent ? Comment peut-il y avoir un tel hiatus entre ce qu'on dit et ce qu'on vit ?"
Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, Le Monde, 02-07-2011, 15h17
Article paru dans l'édition du 03.07.11

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