Les enjeux qui pèsent sur cette élection et
désormais sur les épaules du président Emmanuel Macron donnent à sa victoire un
goût d'inachevé. Pour lui, les ennuis commencent maintenant.
Anita
Hausser
Avec 65,68%
des suffrages exprimés , la victoire d'Emmanuel Macron est
"magnifique", selon le terme de François Bayrou. Le plus jeune
Président de la République que la France ait se soit jamais donné, réalise un
score sans appel, supérieur de quelques points aux prévisions des derniers
sondages de la fin de semaine. De quoi offrir un moment de grâce au terme d'une
campagne électorale chaotique, ponctuée par un débat d'entre deux tours d'une
violence jamais inégalée? Inutile de rêver, c'est impossible, car la proximité
des législatives n'autorise aucun répit au combat électoral, les propos des
intervenants sur les plateaux de télévision l'ont montré
Mais
surtout ce chiffre mirobolant est celui d'une victoire par défaut ; il résulte
du refus d'une majorité de Français de porter la candidate du Front National au
pouvoir, bien plus que de leur adhésion au projet du candidat d'En Marche. Ce
n'est pas illogique: le nouveau Président n'a lancé son mouvement politique il
y a seulement un an et son affichage "ni droite ni gauche" a bousculé
les schémas de la vie politique française. Parce qu'il venait ébranler ces
schémas, les Républicains ont mis toute leur énergie pour le cataloguer à
Gauche et de leur coté, les sympathisant de la France Insoumise de Jean-Luc
Mélenchon, de concert avec le Front National, l'ont dépeint avec application
,-parfois jusqu'à la caricature, en ennemi du peuple, candidat de la Finance,
donc forcément de Droite. Pour le deuxième tour une partie des électeurs de
François Fillon et de Jean-Luc Mélenchon ont d'ailleurs préféré voter pour
Marine Le Pen ou s'abstenir ,ou encore voter blanc comme le demandaient
Jean-Luc Mélenchon et l'aile dure de LR.
Le soutien
affiché de François Hollande entre les deux tours, les ralliements de ministres
du gouvernement Cazeneuve et de nombreux députés socialistes qui sollicitent le
soutien d'En Marche pour leur réélection, font à l'heure à l'heure actuelle
pencher la balance vers la gauche, car aucune personnalité de droite
d'envergure ne s'est engagée aux cotés d'Emmanuel Macron.
Et François
Bayrou se revendique farouchement au centre, lequel est lui-même divisé. Ces
classements pourraient bien voler en éclat si Emmanuel Macron parvient à
imprimer une dynamique à son élection. Et c'est bien ce que redoutent tous les
battus .Dimanche soir, le nouvel élu ne s'était pas encore exprimé que ses adversaires
d'hier et de demain lui promettaient des lendemains difficiles ,et
prophétisaient leur revanche aux législatives dans six semaines, comme s'ils
cherchaient à se rassurer après leur propre échec. Jean-Luc Mélenchon, qui
appelle ses électeurs " à ne rien lâcher", se verrait bien incarner
l'opposition de gauche (-il est vrai que le PS ne voit même pas crédité de
10%des voix aux législatives) . Valérie Pécresse décrètait qu' "Emmanuel
Macron n'a pas l'audace pour changer le pays" et François Baroin pour sa
part menaçait d'exclusion tous ceux qui pourraient être tentés par un
rapprochement avec le nouveau président. Bruno Le Maire pourrait franchir le
pas au nom de " la logique d'intérêt général" qui doit ,selon lui,
primer sur "la logique partisane". Il n'est pas le seul .Lorsque
Laurent Wauquiez a déclaré " Hormis les professionnels de la soupe, il y
aura peu de défections", avait-il à l'esprit que la projection des
résultats sur les circonscriptions donnait Marine Le Pen en tête dans 216 et
Emmanuel Macron dans 240 circonscriptions sur 577...
Le vote ne
correspond jamais à ces projections mais elles constituent un indicateur. C'est
dire que ça va de nouveau secouer au Bureau Politique du Parti, avant la
présentation du "projet", (-qui devrait reprendre les propositions de
Nicolas Sarkozy de baisser l'impôt sur le revenu ,alors que les propositions
d'Emmanuel Macron pour augmenter le pouvoir d'achat apparaissent beaucoup plus
compliquées). Tous ces débats semblent un peu décalés voire prématurés car aujourd'hui
on s'interroge avant tout sur le gouvernement qu'entend former Emmanuel Macron.
Avec quel premier Ministre ? S'en tiendra-t-il a un gouvernement restreint
comme il l'a promis? Et surtout, QUI seront les candidats d'En Marche aux
Législatives? des femmes et des hommes nouveaux, issus de la société civile
mais sans expérience politique? Ou des députés sortants PS, Centristes voire LR
qui ont décidé de travailler avec le nouveau président ? Au final, restera-t-il
"un espace politique entre le centrisme de Macron et la France
insoumise", comme l'espère l'ancienne ministre Dominique Bertinotti? C'est
toute l'inconnue des semaines à venir; c'est , le pari d'Emmanuel Macron, qui
veut transformer le pays et redonner "confiance", et à l'inverse
celui de ses opposants de l'en priver.
Anita
Hausser, journaliste, est éditorialiste à
Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique
française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également
réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). Atlantico,
8-5-2017
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