Aram Mardirossian
Entre le 28 janvier et le 10 février, une
dizaine d'églises ont été profanées ou vandalisées en France dans un grand
silence médiatique. Des attaques qui reflètent une haine bien spécifique du
christianisme, dénonce le professeur agrégé des facultés de droit à
l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne.
Les éternels naïfs déplorent à
juste titre le récent accroissement des actes antisémites en France. On récolte
ici les fruits de décennies d’idéologie anti-raciste qui a largement muté en
islamo-gauchisme. Néanmoins, s’il y a une religion à abattre aujourd’hui, ce
n’est ni le judaïsme ni l’islam mais le christianisme. Les actes de profanation
et de vandalisme qui ont souillé une dizaine d’églises ces derniers jours n’ont
rien d’exceptionnel. En 2017, sur 978 lieux de culte dégradés, 878 étaient des
édifices et sépultures chrétiens, soit une moyenne de 2,5 par jour !
Le silence assourdissant des
médias et des politiques à ce sujet tranche avec leur empressement - au
demeurant louable - à dénoncer toute atteinte à une synagogue ou à une mosquée.
Plus généralement, il est de bon ton de railler le christianisme, de le mettre
en accusation. Rémi Brague observe ainsi : « Le christianisme réussit
donc, quant au progrès comme ailleurs, cette prouesse d’avoir toujours tout
faux. Il est coupable de tout, mais aussi de son contraire. » Ce deux
poids, deux mesures ne fait que refléter la haine -
« misochristianisme » - plus que la peur - christianophobie
qu’éprouvent certains à l’encontre de cette religion. Les racines de cette
détestation sont profondes.
En Occident, à partir de
l’époque moderne, l’idéologie des droits de l’homme - issue de la philosophie
des Lumières - et le principe de laïcité qui constitue son bras armé juridique
ont progressivement brisé le christianisme. En France, plus qu’ailleurs, le
développement de la laïcité n’est pas le résultat d’une évolution naturelle qui
la verrait prendre en douceur le relais du christianisme, mais l’issue d’une
lutte implacable qui s’achève par son triomphe sur ce dernier. Ainsi, le
christianisme apparaît comme une mère qui meurt en donnant naissance à un
rejeton non désiré : la laïcité. Quant aux droits de l’homme, la majeure partie
des principes qu’ils formulent ne font que reprendre des préceptes chrétiens,
non sans les défigurer dans la plupart des cas.
Une alliance entre l’idéologie des
droits de l’homme et les partisans d’un islam integral
Or, on observe aujourd’hui dans
toute l’Europe occidentale une alliance plus ou moins explicite entre
l’idéologie des droits de l’homme - qui est devenue une véritable religion
séculière - et les partisans d’un islam intégral contre les
« restes » du christianisme. Ici, chacun des deux alliés possède sa
propre charia qu’il emploie de diverses manières contre l’adversaire commun.
Tant sur le plan national qu’européen, il existe un véritable gouvernement des
juges avec, comme prêtres suprêmes, les magistrats de la Cour européenne des droits
de l’homme. Quant aux États, ils constituent, en l’occurrence, les bras
séculiers chargés d’exécuter les sentences prononcées par les pontifes.
« Chassez le christianisme
et vous aurez l’islam », avait prophétisé Chateaubriand. L’alliance qui
unit les thuriféraires des droits de l’homme et les musulmans
« intégralistes » est fondée uniquement sur l’existence d’un ennemi
commun. Elle apparaît surtout contre nature car l’islam rejette viscéralement
l’idéologie des droits de l’homme et la laïcité qui heurtent de front ses
principes fondamentaux - en premier lieu, du fait que Dieu est spolié de ses
droits par l’homme.
En réalité, l’affrontement entre les deux alliés a déjà commencé. Mais, aveuglés par une véritable haine de soi et une autoculpabilisation mortifère, les tenants des droits de l’homme occultent - plus ou moins consciemment - le danger qui guette. Obnubilés par leur rejet du christianisme, ils n’ont pas hésité à conclure une alliance qui ne pourra que s’avérer suicidaire.
À terme, l’Europe occidentale risque de connaître le même
sort que l’Orient chrétien : être islamisée.
C’est aux chrétiens, et
d’abord à l’Église, de défendre leur religion. Or, bien souvent les postures
apparaissent pour le moins timides.
« Aide-toi, le ciel
t’aidera. » Dénoncer l’ennemi ne suffit pas. C’est aux chrétiens, et
d’abord à l’Église, de défendre leur religion. Or, bien souvent les postures
apparaissent pour le moins timides. Ainsi, la réaction particulièrement
discrète adoptée par la Conférence épiscopale en réponse aux dernières attaques
contre des églises, qui viserait à « éviter les effets de surenchère
», est symptomatique. Elle s’ajoute à une longue liste d’atermoiements
ou de renoncements qui, loin d’attendrir l’adversaire, sont perçus comme autant
de signes de faiblesse qui l’encouragent dans son combat. Pourquoi ce mutisme
gêné sur l’extermination finale des chrétiens d’Orient perpétrée par l’État
islamique et ses épigones ? Pourquoi cet irénisme sans limite s’agissant de
l’assassinat du père Hamel qui a été égorgé en pleine messe dans son église à
Saint-Étienne-du-Rouvray ?
Bien sûr le christianisme
prêche le pardon, mais certainement pas au prix de sa propre disparition.
Frédéric Saint Clair relève que le christianisme peut aussi être « une
religion de combat, qui ne commande pas de se soumettre à la violence physique,
brutale, sanguinaire […] , mais de la combattre, sans relâche,
avec des armes cependant qui ne sont pas de ce monde ». Le Christ lui-même
n’a « vaincu le monde » (Jean 16, 33) qu’au terme d’un combat.
Ce faisant, ici comme ailleurs, il avait indiqué à ses disciples la voie à
suivre.
Aram Mardirossian, Valeurs Actuelles, nº 4 291, du 21 au 27 février 2019
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