Victor-Isaac Anne
Violence et idées courtes en étendards, les
syndicats étudiants de gauche sèment un vent de terreur sur les facs.
![]() |
Photo: Franck Lodi/SIPA |
« Il est interdit
d’interdire » scandait l’UNEF soixante-huitarde de Jacques
Sauvageot. « Sauf ce qui n’est pas conforme à notre idéologie » devraient
préciser les contemporains de cette organisation. En perte de vitesse dans les
universités depuis quelques années, les syndicats étudiants de gauche – l’UNEF
aux avants postes – comblent leur déficit de représentation par un surcroît de
radicalité. Intimidation, censure, atteintes aux biens et à la personne, les
méfaits de ces corporations reviennent souvent au-devant de l’actualité.
Pour Morgane Daury-Fauveau,
professeur à la faculté de droit d’Amiens, il y a urgence à agir : « La
situation est en réalité déjà dramatique. Il ne s’agit pas d’un épiphénomène
réductible à une poignée d’excités. » L’an passé, cette dernière a
assisté impuissante à l’interruption d’une conférence sur Jacqueline Sauvage par
des étudiants d’extrême gauche.
Pas plus tard que mardi,
François Hollande a été empêché de tenir une conférence à l’université Lille 2,
après l’intrusion dans un amphithéâtre d’une cinquantaine d’activistes. Aux
cris « d’Hollande assassin ! », la démonstration de force a viré en
une séquence d’autodafé. Hués par une partie de l’amphithéâtre, « les
militants se sont saisis des livres en vente de l’ancien président, avant de
les détruire et les jeter rageusement sur le public », rapporte Cyrille
Macron, représentant UNI Lille [Syndicat étudiant de droite, NDLR]. Sans
surprise, l’opération de censure est marquée du sceau de l’extrême gauche.
Parmi les organisations présentes, le syndicat Solidaires étudiants-e-s
identifiable à ses oriflammes noir et orange, SUD Etudiant ainsi que divers
affidés, dont les incontournables antifas.
Les antifas veillent
En cheville avec ces
corporations, les antifas prennent une part active dans ces manifestations. Une
relation trouble décrite par Clément Armato, délégué national et porte-parole
de l’UNI : « L’UNEF, avec qui nous avons régulièrement maille à partir,
n’est pas officiellement liée aux antifas. Mais dès que ce syndicat souhaite
nous chasser d’un campus, il fait appel à eux. » Une situation à
laquelle sont régulièrement confrontés les militants de syndicats étudiants de
droite.
En avril dernier, lors d’un
tractage à Rennes 2 à l’occasion des élections étudiantes, deux membres de
l’UNI ont été passés à tabac par une quarantaine d’opposants de diverses
obédiences, anarchistes et antifascistes pour l’essentiel. « Ceux qui
ont réchappé ont essuyé divers projectiles dont des bouteilles d’urine et de
javel », relate Clément Armato. L’étudiant en droit insiste sur le fait
qu’il s’agit de faits récurrents et observables dans de très nombreuses
universités du territoire.
Etudiant en Master d’histoire
à Lyon 2 et militant royaliste de l’Action Française, Simon décrit un climat
d’hostilité croissante sur son campus. « Les syndicats de gauche
récusent toute forme d’opposition sur le site. La violence et l’intimidation
leur font office de programme politique. » Pour pouvoir tracter aux
abords de l’université, Simon admet devoir s’entourer d’un certain nombre de
militants : « A défaut, nous risquons d’être pris individuellement à partie.
» Lorsqu’ils ne peuvent pas s’en prendre directement à leurs
opposants, ces nervis exercent une autre forme d’intimidation : « Ils
repèrent les personnes ayant pris nos tracts et se portent ultérieurement à
leur rencontre… », développe le jeune camelot. Ancien étudiant en droit à
Lyon 2, Romain se remémore d’autres pratiques inquisitrices de ces syndicats :
« Ils n’hésitaient pas à filmer et à prendre en photo leurs opposants
afin de les attaquer plus tard, au moment idoine. C’est-à-dire isolés, ou en
infériorité numérique. »
Le triomphe de la censure
Mais les étudiants ne sont pas
les seules cibles de cette croisade idéologique. Les professeurs aussi sont
dans l’œil du cyclone. Morgane Daury-Fauveau rapporte ainsi le cas d’un
collègue qui avait reçu des jets d’urine lors d’une conférence à La Sorbonne.
Historien du droit, il avait organisé une conférence sur la présomption
d’innocence à l’heure de Metoo. « Le colloque a été retardé par un
consortium d’étudiants d’extrême-gauche, d’associations féministes et LGBT »,
précise la directrice de l’institut d’études judiciaires d’Amiens. Si ici la
conférence a bien été maintenue, parfois, elles sont purement et simplement
annulées. En janvier, toujours à La Sorbonne, plusieurs étudiants
d’associations antiracistes avaient obtenu la déprogrammation de la pièce Les
Suppliantes d’Eschyle. Ceux-ci reprochaient au metteur en scène
d’avoir grimé les comédiens en personnes noires.
Plus récemment, c’est la
philosophe Sylviane Agacinski qui a vu censurer sa conférence sur la
"reproductibilité technique" à l’université de Bordeaux. Le syndicat
Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, les associations GRRR, Riposte trans, Mauvais
Genre-s et WakeUp! avaient déclaré leur intention de « tout mettre en
œuvre » pour empêcher la conférence de la philosophe, considérant
que « les droits des personnes LGBT ne sont pas à débattre. » Craignant
des débordements, l’administration de l’établissement a préféré déprogrammé la
venue de la philosophe.
Ainsi se répand, semaine après
semaine, un parfum insidieux de fascisme. C’est pourquoi Mme Daury-Fauveau en
appelle à une prise de conscience généralisée et des sanctions disciplinaires
ou pénales le cas échéant. « L’absence de réaction est criminelle. Tout
le monde semble comme paralysé, soit par la peur, soit par la lâcheté à moins
que ce ne soit une forme d’adhésion implicite à ce qui se produit »,
questionne-t-elle en dernière instance. Dans l'attente d'une réponse, la
censure prospère à un rythme de croisière.
Titre et Texte: Victor-Isaac
Anne, Valeurs Actuelles, 14-11-2019
Nenhum comentário:
Postar um comentário
Não publicamos comentários de anônimos/desconhecidos.
Por favor, se optar por "Anônimo", escreva o seu nome no final do comentário.
Não use CAIXA ALTA, (Não grite!), isto é, não escreva tudo em maiúsculas, escreva normalmente. Obrigado pela sua participação!
Volte sempre!
Abraços./-