sexta-feira, 10 de junho de 2011

Le Monde: Dilma Rousseff affaiblie par la démission de son bras droit

Pour la présidente brésilienne Dilma Rousseff, l'état de grâce est bien terminé. Cinq mois après le début de son mandat, elle n'a pas eu d'autre choix que de contraindre à la démission son homme de confiance au sein du gouvernement, Antonio Palocci, 50 ans, suspecté d'enrichissement illicite.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff et son ministre Antonio Palocci, le 26 mai 2011, à Brasilia.
 Photo: Ueslei Marcelino/Reuters/Le Monde

Antonio Palocci occupait le poste-clé de "chef de la Maison civile" – une sorte de premier ministre. C'est cette même fonction que Mme Rousseff avait assumée, elle-même, dans le gouvernement de l'ex-président Lula, avant d'entamer sa campagne électorale au début de 2010. Autant dire que M. Palocci était, aux côtés de la présidente, l'homme fort du gouvernement. Un personnage calme, affable, et habile négociateur politique, chargé notamment des contacts entre le pouvoir et sa "base alliée" – la coalition des partis de la majorité – au sein du Congrès.
Médecin de formation, M. Palocci avait participé à la fondation du Parti des travailleurs (PT) de Lula. Ce dernier, lors de son arrivée au pouvoir en 2003, l'avait promu ministre des finances. Un choix considéré comme sage à l'époque car M. Palocci était entre-temps devenu un politicien modéré, hostile à une rupture économique de type "socialiste". Son action à ce poste stratégique a rapidement rassuré les patrons brésiliens et les investisseurs étrangers.
En 2006, pourtant, M. Palocci "tombe" une première fois. Il est impliqué dans un scandale de violation de secret bancaire. Lula doit, à regret, se séparer de lui. La Cour suprême finira par l'innocenter, faute de preuves.

En 2010, M. Palocci, resté député fédéral, effectue son grand retour, en conduisant, avec succès, la campagne présidentielle de Mme Rousseff. Sur le conseil de Lula, celle-ci le récompense en en faisant son bras droit à un poste où il peut exercer une considérable influence tout en restant largement dans l'ombre.
Le 15 mai, coup de tonnerre. Le quotidien Folha de Sao Paulo révèle qu'Antonio Palocci a multiplié son patrimoine par vingt en quatre ans, de 2006 à 2010, lorsqu'il était député et propriétaire d'un cabinet de consultants. Un patrimoine aujourd'hui estimé à 3 millions d'euros. Rien qu'en 2010, le cabinet a facturé pour 8 millions d'euros à ses clients.

UNE SITUATION INTENABLE
M. Palocci a nié avoir commis la moindre illégalité, soulignant qu'aucun texte n'interdisait à un député d'être chef d'entreprise. S'il a gagné beaucoup d'argent, ajoutait-il, c'est qu'il avait déjà acquis une forte renommée comme ministre des finances.
Mais rien n'y a fait. A mesure que la presse poursuivait ses révélations, un fort soupçon de trafic d'influence pesait de plus en plus sur M. Palocci. N'avait-il pas fait miroiter, au prix fort, à ses clients qu'il avait le bras long, comme directeur de campagne de Mme Rousseff, et qu'il l'aurait bientôt encore plus long dès qu'il occuperait à nouveau un poste-clé à ses côtés ?
Au fil des jours, sa situation paraissait de plus en plus intenable. Au point que la présidente lui a demandé de s'expliquer dans un entretien télévisé. Ce qu'il a fait, mais sans convaincre, car il a refusé de révéler les noms de ses clients. L'opposition, et – plus grave – une partie des élus de l'aile gauche du PT, réclamaient sa démission. Chose faite.
Cette affaire affaiblit Mme Rousseff face à l'opposition parlementaire, toujours prompte à critiquer le pouvoir, avec l'aide des grands journaux. M. Palocci était aussi très utile pour rappeler discrètement à l'ordre les députés "alliés", notamment ceux appartenant au grand parti de centre droit, le PMDB.
Un premier épisode, il y a quelques semaines, avait mis à nu la fragilité de l'emprise de Mme Rousseff sur le Congrès, lorsque le gouvernement avait dû, sous la pression des élus proches de l'agrobusiness, accepter une réforme du Code forestier, qu'il ne souhaitait pas, et qui a été durement critiquée par les mouvements écologistes.
La semaine dernière, Lula, sentant le danger, était sorti de sa demi-retraite politique, pour aider Mme Rousseff à se dépêtrer de cette crise. D'où les quolibets de l'opposition sur le thème : "Dilma ne peut pas se passer de Lula." La présidente a répliqué en déclarant que, pour elle, il était normal de continuer à accueillir les conseils de son ancien mentor.
Jean-Pierre Langellier, Le Monde, 08-06-2011

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