Le mouvement « Black Lives Matter »
est devenu une déferlante mondiale uniquement grâce à la couverture
complaisante des médias, et ce n’est pas rassurant
Manifestation BLM le 13 juin à
Paris. Photo: Thibault Camus/SIPA
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Ingrid Riocreux
Le discours journalistique est
censé rendre compte du réel dans sa complexité : non seulement nous donner
à voir ce qui est trop loin pour que nous puissions en avoir connaissance, mais
aussi nous aider à comprendre le monde en opérant les distinguos nécessaires,
sans lesquels on tombe dans la simplification et, en fin de compte, dans
l’erreur. Mais la perversité de toute idéologie fait que cette dérive s’impose
d’une manière d’autant plus inévitable quand, précisément, n’ayant pas de
contact direct avec les faits, nous ne les recevons que par un prisme composé
de photographies et vidéos choisies, et de mots consciemment ou instinctivement
sélectionnés.
Des raccourcis trompeurs
Dès le début du scandale George Floyd, des raccourcis trompeurs sont venus
brouiller les faits, répandus par des militants vindicatifs et paranoïaques, ou
seulement stupides, et relayés par les médias du monde entier. Ce qui retient
en premier l’attention est ce lien de causalité fallacieux : tuer un Noir
ou le brutaliser serait nécessairement un acte raciste. Autrement dit, on ne
s’en prendrait à un Noir que parce qu’il est noir. Voilà qui doit être
soigneusement démontré au cas par cas ; pourtant, qui s’embarrasse de ce
souci ? Il est vrai que les médias ont déjà pris le pli d’employer le
terme de « féminicide » pour désigner le meurtre d’une femme par son
époux. Or, la logique est la même : on considère abusivement que
c’est parce que la victime est une femme qu’elle a été tuée.
On a ainsi créé un type spécifique de meurtre, de manière totalement
illégitime.
En effet, à quel titre peut-on
établir que le crime est plus grave quand un homme tue sa femme que lorsqu’un
homme tue son mari, lorsqu’une femme tue sa femme ou lorsqu’une femme tue son
mari ? Le terme de « féminicide » a tout bonnement fait sombrer
ces meurtres conjugaux-là dans le gouffre de l’inexistant. De même, à quel
titre l’assassinat d’un Blanc par un Noir serait-il systématiquement absous par
principe du soupçon de racisme ? Là aussi, la focalisation essentielle sur
un certain type d’assassinat raciste ou supposé tel relativise, voire nie la
réalité d’autres crimes pourtant nettement similaires, mais inadmissibles pour
l’idéologie dominante, vision du monde qui postule des catégories invariantes
de coupables et de victimes.
La perte de toute proportion
Le second point qui doit nous
interpeller est la proportion que l’on confère au phénomène. Au lieu de rendre
aux faits leur juste mesure et de leur accorder une place limitée dans la
richesse écrasante de l’actualité, nos médias font proliférer des débats
aberrants sur les déboulonnages de statues, s’interrogeant avec sérieux sur
leur potentielle légitimité. Pire, ils établissent ou laissent établir sans
broncher des similitudes contestables, portées par des voix militantes qui se
voient ainsi validées par l’autorité de la parole journalistique. Ainsi en
va-t-il du rapprochement martelé entre le sort de George Floyd et l’affaire
Adama Traoré.
Sur cette base, la
manipulation se greffe, à l’insu de ceux qui la pratiquent. « Comment
lutter contre le racisme au sein de la police ? » Cette question lance
les interviews et sert de titre à des débats, à des reportages. C’est pourtant
une question-piège qui comporte un présupposé, contestable
au titre de la pétition de principe : l’idée qu’il y a effectivement du
racisme au sein de la police et même (car on peut bien trouver du racisme à peu
près partout), qu’il y a un problème spécifique de racisme au sein de cette
profession. Répondre à cette question, c’est en accepter le présupposé,
l’implicite, le non-dit accusatoire. C’est tomber dans le piège tendu par des
journalistes victimes et complices d’un emballement médiatique dont les
conséquences peuvent être lourdes pour la paix civile. Et quand un tel
emballement contamine tant de pays, culpabilisant comme esclavagistes des
nations qui ont aboli l’esclavage depuis longtemps, sans inquiéter celles qui
le pratiquent encore aujourd’hui, il y a lieu de s’inquiéter.
Titre et Texte: Ingrid
Riocreux, revue Conflits, 4-9-2020
Líder do Black Lives Matter é financiada pela China
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