Barbara Lefebvre
Le gouvernement prépare une “loi contre les
séparatismes”, mais notre arsenal législatif et judiciaire est déjà
sous-utilisé. Les islamistes prospèrent sur nos faiblesses et s'installent sans
combattre, depuis des années, là où la République cède du terrain
![]() |
Photo: Salom-Gomis Sebastien/SIPA |
Le rapport Obin était une
enquête qui entendait vérifier ce que nous avions écrit deux ans plus tôt. En
effet, voilà dix-huit ans jour pour jour, un collectif d'enseignants, autour de
Georges Bensoussan, publiait les Territoires perdus de la
République (Mille et Une Nuits). Trois d'entre nous avaient refusé
d'écrire sous pseudonyme, je fus de facto un des visages
médiatiques du livre. Nous avions tous, chevillées au corps, l'école laïque et
la défense de la méritocratie républicaine qui disparaissait sous nos yeux à
force de dévaluation des savoirs au profit des “compétences
transdisciplinaires” et autres “savoir-être”. Nos témoignages racontaient la
destruction pédagogiste et l'intrusion d'un nouveau militantisme d'extrême
gauche dans les salles des profs, très sensible dans le contexte de la seconde
Intifada puis après le 11 septembre 2001.
Le livre avait mis hors d'elle
la gauche terra-novesque naissante qui allait s'emparer du PS. Beaucoup des
coauteurs, venant de la gauche, furent ébranlés par la campagne de dénigrement
qui suivit la parution : nous étions des racistes antimusulmans, vendus à la
cause sioniste, nous fantasmions un antisémitisme et un sexisme de tradition
islamique. Nous étions l'incarnation de ceux que Daniel Lindenberg venait de
nommer « les nouveaux réactionnaires ». La nature des attaques de
cette gauche-là démontra combien nous avions raison avant l'heure :
l'islamo-gauchisme gangrenait cette partie de l'échiquier politique, par
stratégie électoraliste souvent, par idéologie révolutionnaire quelquefois. La
droite, elle, ne s'intéressait pas sincèrement au sujet, sinon pour le
caricaturer et jouer les matamores ; elle en est toujours là !
Nous avions raison sur
l'antisémitisme islamique, qui ne cessa de proliférer et de tuer, sur
l'islamisme et sa peur archaïque de la femme émancipée, sa haine de la mixité,
sa détestation de notre nation laïque. Nous avions raison sur la couardise de
la classe politique, nationale et locale, prompte à acheter la paix sociale
pour en récolter ses fruits électoraux. Nous avions raison sur le pouvoir
dévastateur de l'autodétestation française, sur la désintégration d'une nation
composée de pénitents ne sachant plus à quelle victime se vouer. Nous avions
raison sur l'échec de la politique de la ville qui encourage l'entre-soi
communautariste davantage que la mixité sociale.
Quelle mixité est possible
quand l'alliance islamisto-délinquante règne sur un quartier ? Qui s'est soucié
des milliers de familles de ces quartiers, musulmanes ou non, respectueuses des
lois de la République, abandonnées dans la nasse islamiste ? Car les
islamistes, comme les trafiquants, ne sont pas d'intrépides prédateurs, mais de
vulgaires charognards : dès lors que la République cède du territoire, ils s'y
installent sans combattre. Ils purent compter sur des élus locaux qui leur
offrirent les clés de leurs mairies, surtout après les émeutes de 2005.
Pourquoi reprocher à l'ennemi notre propre faiblesse, notre refus de défendre
l'honneur français ? Il a pris ce qu'on lui a donné. Il n'a rien conquis. Nous
avons abdiqué.
Dès lors, devons-nous espérer
que la “loi contre les séparatismes” soit la réponse, quand l'arsenal
législatif et judiciaire en notre possession est sous-utilisé ? Cet exécutif
tire fierté d'avoir fermé, en quatre ans, 210 cafés, quatre écoles et 15 mosquées
radicales. Les islamistes en tremblent encore ! En France, les patients Frères
musulmans et autres corporations salafistes n'ont pas pour ambition de
s'emparer du pouvoir, ils veulent d'abord accroître l'emprise de leur modèle
sur les Français musulmans. Les islamistes en costume-cravate, bien introduits
depuis l'ère Sarkozy dans les milieux d'affaires et de pouvoir, sauront tirer
profit d'une loi sur le financement des associations cultuelles. Quant aux
subventions publiques soumises à la signature d'une “charte de la laïcité”,
elles doivent provoquer leur fou rire. Cette même charte existe à l'école, elle
est régulièrement bafouée par des parents d'élèves, des élèves, voire des
enseignants. On en revient toujours à l'école publique : ce qui s'y est joué,
ce qui s'y joue, annonce la direction que prendra notre destin national.
Titre et Texte: Barbara Lefebvre, enseignante
et essayiste, Valeurs
Actuelles 4371, 7-9-2020, 7h
Nenhum comentário:
Postar um comentário
Não publicamos comentários de anônimos/desconhecidos.
Por favor, se optar por "Anônimo", escreva o seu nome no final do comentário.
Não use CAIXA ALTA, (Não grite!), isto é, não escreva tudo em maiúsculas, escreva normalmente. Obrigado pela sua participação!
Volte sempre!
Abraços./-