Gilles-William Goldnadel
Le quotidien du soir consacre un article
laudateur au pasteur Al Sharpton , “acteur incontournable de la lutte contre le
racisme aux États-Unis”. Le journal oublie de préciser qu'en 2014, il le
présentait en escroc antisémite
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Al Sharpton, photo: Jacquelyn Martin/AP/SIPA |
Décidément l’idéologie fait des
ravages dans la presse. Le Monde, autrefois prestigieux journal de
la gauche modérée et républicaine dérive vers des extrémités racialistes
difficiles à appréhender.
C'est un choix qui le regarde,
encore faut-il que les informations qu'il diffuse ne soient pas
intellectuellement malhonnêtes. Tel n'a pas été le cas le vendredi 28 août
quand celui-ci a été pris en flagrant délit de mensonge par omission.
Madame Stéphanie Le Bars,
correspondante du journal aux États-Unis, et qui s'était déjà récemment illustrée
en considérant qu'il y avait trop de blanches dans l'équipe de football
féminine américaine, a commis un article intitulé : « Al Sharpton, le pasteur
qui veut prolonger le mouvement Black Matter. »
Dans le chapeau de cet
article, il était indiqué « qu'une marche était organisée le même
jour à Washington, 57 ans après le discours de Martin Luther King et moins
d'une semaine après une nouvelle bavure policière dans le Wisconsin ».
Au demeurant, le journal
consacrera quelques heures plus tard un article plein d'empathie sur une
manifestation qu'il estime réussie et largement dédiée à la détestation du
président des États-Unis honni.
Mais l'essentiel de l'article
est consacré à Al Sharpton, cité dans le titre, et dont l'aspect globalement
laudateur est résumé ainsi : « Ce sexagénaire, militant de longue date
des droits civiques, aux débuts teintés de provocations, est devenu au fil des
années un acteur incontournable de la lutte contre le racisme aux États-Unis :
il fut un hôte régulier de Barack Obama, et un visage familier lors des drames
liés aux violences policières. Le révérend pentecôtiste a officié lors des
funérailles de George Floyd, à Houston (Texas) et durant la cérémonie
tenue quelques jours auparavant à Minneapolis (Minnesota). Dans un discours enflammé,
aux accents politiques, il y a demandé à la société américaine de cesser
'd'étouffer' la communauté noire ».
Stéphanie Le Bars croit sans
doute se couvrir en écrivant plus loin : « Ses formules restent
ciselées et son ton de pasteur efficace, mais l'activiste new-yorkais a remisé
les propos incendiaires de ses débuts, lui valant encore la méfiance de
nombreuses personnalités.»
C'est tout, on n'en saura pas
davantage de plus précis sur ces propos et sur cette personnalité « antiraciste
» si ce n'est que l'intéressé a perdu plusieurs dizaines de kilos en quelques
années. On ne saura rien sur le
pourquoi de cette « méfiance » encore tenace.
Ainsi, le lecteur du Monde du
28 de ce mois, ne sait pas (sauf à avoir lu un article sous ma plume dans le
Figaro Vox le 15 juin ( « Quand la gauche tait le racisme antijuif »)
ce qu’un lecteur du Monde avait appris en lisant son journal
le 13 décembre 2014.
Ce jour-là en effet, dans un
article intitulé significativement : « Al Sharpton prêche en eaux troubles » on
n'en apprenait de belles sur l'«antiraciste » célébré par Le Monde moins
de six ans plus tard.
Je cite les passages les plus
éclairants du personnage aujourd'hui présenté sans rire comme
« antiraciste » : « Quitte à se fourvoyer, comme en
1987, lorsqu'il monte en épingle une fausse affaire de viol collectif d'une
adolescente noire par des blancs. Un désastre médiatique qui inspira au
romancier Tom Wolfe le personnage du sulfureux révérend Bacon dans le Bûcher
des vanités... »
« Sa rhétorique aux accents
antisémites finit de ternir sa réputation, notamment lors des émeutes de Crown
Heights en 1991, qui opposèrent juifs orthodoxes et noirs de Brooklyn après un
accident de la route... »
Apparemment, la réputation de
celui présenté par Le Monde en 2014 comme une manière d’escroc
antisémite n'était pas définitivement et suffisamment ternie pour ne pas le
présenter en 2020 comme un militant antiraciste à célébrer.
Mais foin de politiques et
d'idéologie. Parlons déontologie : est-il acceptable dans un article consacré à
l'antiracisme, de dissimuler aux lecteurs les griefs précis en matière de
morale et de racisme qui étaient articulés par le même journal concernant un
personnage à qui l'on consacrait nominativement un article globalement positif
?
Cela s'appelle être pris en
flagrant délit de mensonge par omission.
Je finirai par là où j'ai
commencé : l'idéologie fait des ravages dans la presse.
Titre et Texte: Gilles-William
Goldnadel, Valeurs Actuelles 4371, 5-9-2020, 11h
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