Ambiance morose dans les
couloirs du palais présidentiel, où les hommes et les femmes de l'ombre,
déstabilisés par le mode de fonctionnement de François Hollande, ne cachent pas
leur inquiétude.
Pierre-René Lemas
L'automne est si doux que les
arbres du parc de l'Élysée résistent. À l'intérieur du palais, en revanche,
l'ambiance est glacée. Les conseillers du président continuent de travailler
mais ces sondages qui leur arrivent chaque jour plus mauvais les affectent.
«L'ambiance est lourde, pesante», reconnaît un familier du palais.
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L'état catastrophique des finances publiques et le nécessaire redressement des comptes ne laissent aucune marge de manoeuvre aux conseillers du président. Photo: Jean-Cristophe MARMARA/Le Figaro |
Devant les journalistes, les
collaborateurs de François Hollande continuent de défendre leur président. Pied
à pied. Mais avec des élus ou des proches, ils n'hésitent plus à faire part de
leur inquiétude. «Comment vas-tu? Mieux que nous, forcément!», riait jaune l'un
d'eux, la semaine dernière, devant un ami. «Pardonnez mon retard, nous étions
en train de régler les derniers détails de la dissolution», plaisantait,
grinçant, un deuxième, en arrivant à un rendez-vous. «C'est dur, injuste»,
soupire un troisième. Un conseiller ministériel résume, sidéré: «Les
conseillers de l'Élysée sont perdus.»
Les hommes et les femmes du
président avaient rêvé de ce retour au pouvoir, après dix ans dans
l'opposition. Ils avaient rejoint l'Élysée plein d'enthousiasme, avec la
volonté de redresser le pays qu'avait tant «malmené Sarkozy», disaient-ils.
«Nous allons réparer l'État», leur avait glissé le secrétaire général.
Un président à la fois solitaire et accessible (trop ?) qui ne sait pas dire non, entretient le flou et l'ambiguïté, jusqu'au dernier moment, au risque d'« insécuriser » toute la chaîne de commandement.
Dix-sept mois plus tard, ils
en ont rabattu. L'état catastrophique des finances publiques et le nécessaire
redressement des comptes ne leur laissent aucune marge de manœuvre. Certains,
qui avaient applaudi le discours du Bourget, ont dû remiser leurs convictions de gauche, priés de mettre
en œuvre une politique sociale-libérale. Et ils sont las des polémiques, qui
occultent les réformes. «Bah, ça devrait s'apaiser entre le 24 et le
31 décembre…», ironise un conseiller.
Quant à Hollande, ils ont
compris son fonctionnement, et les limites de celui-ci. Un président à la fois
solitaire et accessible (trop?) qui ne sait pas dire non, entretient le flou et
l'ambiguïté, jusqu'au dernier moment, au risque d'«insécuriser» toute la chaîne
de commandement. Ses conseillers travaillent sur une hypothèse qu'ils croient
validée au sommet, avant de découvrir que le président a tranché pour une
autre, parfois par un SMS envoyé au ministre concerné. «Les conseillers de
l'Élysée sont parfois humiliés, constate un député, stupéfait par ce mode de
management. Il faut que le président arrête de gouverner par SMS!» Un ministre
reconnaît que le dispositif élyséen est à bout de souffle: «Quand Hollande
était premier secrétaire du PS, il avait Stéphane Le Foll.
Quand François disait “oui”, Stéphane passait derrière pour dire: “Il t'a dit
oui, mais c'est non”. Il lui manque quelqu'un qui clarifie.»
Dans les couloirs du palais,
beaucoup évoquent avec nostalgie l'époque Jospin, qui
s'est pourtant mal terminée: la gauche avait «un chef», la majorité était
«organisée, tenue». «C'est à nous de nous adapter à la méthode du président,
pas l'inverse!», s'agace un conseiller. Certes. Cela n'empêche par le doute de
s'immiscer. «On a toujours dit que Hollande était un bon stratège ; eh
bien ce n'est pas Dieu le Père!», lâche un poids lourd hollandais. Un
conseiller défend: «Hollande a commencé à 3% (pendant la primaire PS) et il a
fini président. Il ne doit rien à personne. Tout à lui-même.»
Titre et Texte: Pierre-René Lemas, Le Figaro, 30-10-2013
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