Sa réponse
à Nadine Morano pose problème
Aurélien Marq
La porte-parole du gouvernement Sibeth
Ndiaye œuvre au renforcement de la dictature des minorités en France. Quand on
critique ses tenues loufoques, elle s’estime victime de racisme.
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Photo: Blondet Eliot/POOL/SIPA |
Rarement un gouvernement
n’aura aussi naturellement fait la promotion de la censure, et affirmé sans
fard l’interdiction de dire la vérité. Rarement le pseudo antiracisme
politiquement correct aura aussi négligemment révélé qu’il est en réalité
profondément… raciste. On peut remercier Sibeth Ndiaye d’avoir ainsi
involontairement confirmé ce vrai visage de la macronie en accusant Nadine
Morano de racisme !
Une prestation clownesque
sur BFMTV
Lundi matin sur BFMTV, la
porte-parole du gouvernement a déclaré que faire respecter les valeurs
d’égalité et de fraternité implique « qu’on ne dise pas du juif qu’il est
riche, parce qu’il y a un sous-jacent antisémite, ça implique qu’on ne dise pas
de l’arabe qu’il est voleur, ou qu’on ne dise pas du noir qu’il est paresseux
ou porte des tenues de cirque.
Passons sur l’absence
d’objectivité de BFMTV qui choisit son camp en qualifiant de racistes, sans
guillemets ni analyse, les propos de Nadine Morano. Pour être honnêtes,
reconnaissons qu’évoquer les origines sénégalaises de Sibeth Ndiaye pour
critiquer sa tenue de la manière dont l’a fait la député européenne était pour
le moins malvenu. Reste que quand la mère de Sibeth Ndiaye présidait le conseil
constitutionnel du Sénégal, je doute qu’elle aurait toléré que quiconque vienne
y siéger aussi mal habillé que l’est parfois sa fille pour parler au nom du
gouvernement français.
"Il ne faut pas se rouler dans la fange avec ceux qui s'y complaisent." Sibeth Ndiaye répond aux propos racistes de Nadine Morano pic.twitter.com/u4kAORjALO— BFMTV (@BFMTV) July 22, 2019
Plus intéressante et bien plus
inquiétante est l’affirmation décomplexée selon laquelle la défense des valeurs
de la République imposerait le déni de réalité, le communautarisme, la police
de la pensée, et un racisme insidieux mais bien réel.
Les bons sentiments
« antiracistes »
Car enfin, quelle serait cette
société où l’on ne pourrait pas dire d’un juif qu’il est riche, d’un arabe
qu’il est un voleur, d’un noir qu’il est paresseux ou habillé comme un clown ?
Pas besoin d’être grand clerc pour savoir que tous les juifs ne sont pas riches
et que tous les riches ne sont pas juifs, mais qu’il y a des juifs riches ; que
tous les arabes ne sont pas des voleurs et que tous les voleurs ne sont pas
arabes, mais qu’il y a des arabes voleurs ; que tous les noirs ne sont pas
paresseux et que tous les paresseux ne sont pas noirs, mais qu’il y a des noirs
paresseux ! Ou, autre évidence trop souvent négligée, qu’il y a des blancs
racistes, mais que tous les blancs ne sont pas racistes et que tous les
racistes ne sont pas blancs…. Un type bien est un type bien, un salaud est un
salaud, un voleur est un voleur, un paresseux est un paresseux, un raciste est
un raciste, et qu’il soit juif, arabe, noir, blanc, jaune ou violet ne change
rien à l’affaire.
Défendre l’égalité et la
fraternité ne veut pas dire nier le réel pour faire semblant de vivre dans un
monde où ces valeurs seraient évidentes. Cela veut dire, au contraire, avoir
pleinement conscience du réel, oser voir ce que l’on voit et dire ce que l’on
voit, et défendre ces valeurs parce qu’on les croit bonnes et justes non dans
un monde idéal mais dans le monde réel, même si elles n’y sont pas toujours
évidentes.
Et n’en déplaise à Sibeth
Ndiaye, il faut affirmer que l’égalité des droits civiques et la fraternité
républicaine s’étendent aux juifs riches, aux arabes voleurs et aux noirs
paresseux, et non pas nier leur existence.
Petits et gros mensonges
Nous savions qu’elle « assume de mentir pour protéger le président ». Nous
savons maintenant qu’elle considère que seul le déni de réalité constitue une
parole politique légitime. Si quelqu’un en doutait encore après la loi contre
les « fake news » et la loi Avia, la porte-parole du gouvernement l’affirme :
le projet macroniste passe par la censure et le mensonge. Il s’inscrit dans la
plus pure tradition de ce « progressisme » qui n’est en rien un progrès, mais
un retour aux vieux démons poussiéreux et sinistres de la « déconstruction »,
ce gauchisme qui s’enthousiasma jadis pour Staline et Mao avant d’embrasser le
politiquement correct et le multiculturalisme.
Ce n’est pas tout. Sous
couvert de lutte contre le racisme, c’est bel et bien d’une idéologie raciste
que Sibeth Ndiaye se fait la voix. Impossible pour elle de se demander si
quelqu’un est riche ou pauvre, sans se demander d’abord s’il est juif ?
Impossible de se demander s’il est un voleur ou un honnête homme, sans se
demander d’abord s’il est arabe ? Impossible de se demander s’il est paresseux
ou travailleur, sans se demander d’abord s’il est noir ? Juif, arabe, noir sont
des catégories qui priment tout, des barrières que le regard n’a pas le droit
de franchir.
Selon les propos de Sibeth
Ndiaye, le juif, l’arabe, le noir ne sont pas avant tout des individus
susceptibles d’avoir tout le panel des qualités humaines et des défauts
humains, ce sont en priorité « le juif », « l’arabe », « le noir », identités
indépassables et totalement déterminantes. Seul le blanc, puisqu’il semble que
de lui on puisse tout dire, aurait accès à la gamme complète de ce qu’un humain
peut-être, ce qui sous-entend très désagréablement que pour la porte-parole du
gouvernement seul le blanc serait pleinement humain ! Paradoxe.
Stéréotypes racistes
renforcés
Plus encore. Si l’on ne peut
pas dire du juif qu’il est riche, mais que l’on peut tout dire de lui à part
qu’il est riche, et que l’on peut dire de tous les non-juifs qu’ils sont riches
s’ils le sont, alors cela signifie qu’il y a une relation particulière entre la
judéité et la richesse, et que toute parole politique pour être légitime doit
connaître, reconnaître et diffuser en creux ce lien spécifique. Il n’est plus
question de se libérer des stéréotypes, mais au contraire de les avoir en
permanence présents à l’esprit et de les transmettre ! Car même les classer
dans la catégorie de « ce qu’il ne faut pas dire » revient en fait à les
perpétuer.
Une dernière chose. Dans la
même interview, Sibeth Ndiaye a également déclaré : « Le racisme, ce n’est pas
seulement de dire « tu es noir et tu es bête », c’est d’avoir des propos
sous-jacents qui donnent des stéréotypes (….) de la même manière qu’on pourrait
l’avoir sur des gens qui sont homosexuels ou sur tous les types de personnes
qui sont susceptibles de subir des discriminations. »
Première erreur : dire « tu es
noir et tu es bête » n’est pas du racisme. Le racisme serait de dire « tu es
noir donc tu es bête », « tu es bête parce que tu es noir. »
Deuxième erreur : assimiler
toutes les discriminations au racisme. C’est une instrumentalisation de la
véritable lutte contre le racisme pour mettre dans le même sac tout ce que l’on
qualifie de « discriminations », et qui recouvre pourtant des réalités très
différentes, du rejet des homosexuels, qui est effectivement une discrimination
odieuse et condamnable, à la distinction politique entre citoyens et résidents,
qui est une condition nécessaire à l’exercice de la démocratie républicaine.
Universalité, j’écris ton
nom
Toutes les pseudo-discriminations
ne sont que des occasions de servir l’agenda de revendications communautaristes
et de flatter des susceptibilités arrogantes. Sous prétexte de lutter contre la
tyrannie de la majorité il s’agit d’instaurer la dictature des minorités, dont
les membres finissent par se voir comme une caste supérieure qu’il serait
interdit de critiquer, et dont la victimisation fonderait la supériorité
morale, nouvelle source de souveraineté politique au détriment de la
souveraineté populaire démocratique.
Rien à voir avec les
véritables discriminations, celles qui méritent vraiment ce nom, celles qu’il
faut combattre, qui reposent toutes sur le même fond abject : la négation de
l’universalité de la nature humaine.
Universalité qui fait qu’un
juif puisse être riche, mais aussi pauvre, qu’un arabe puisse être voleur, mais
aussi honnête, qu’un noir puisse être paresseux, mais aussi travailleur.
Universalité qui fait que nous pouvons nous faire une opinion de quelqu’un en
nous basant sur ses actes, ses propos, ses idées et les causes qu’il défend, et
en parler sans devoir nous demander d’abord s’il est juif, arabe, noir, blanc,
homosexuel, hétérosexuel, homme, femme, riche, pauvre ou que sais-je. Non que
cela soit nécessairement totalement sans importance : ce sont des éléments qui
peuvent aider à comprendre le cheminement d’une vie, la façon dont s’est
élaborée la vérité d’un être et la manière dont finalement elle s’exprime. La
culture, l’éducation, le contexte peuvent favoriser l’épanouissement de
certains traits de caractère, et en freiner d’autres. Mais comparés à la
réalité profonde de la personne, à ses vertus et à ses vices, à sa part de
lumière et à sa part d’ombre, cela reste et doit rester secondaire. Et on
remarquera que la survalorisation systématique des « minorités opprimées » au
détriment de la « majorité oppressive », avec tout ce qu’elle comporte
d’assignations identitaires et de refus des nuances, est elle-même une négation
de l’universalité de notre nature, et ne peut donc que nourrir les
discriminations véritables.
Si vous n’aviez pas encore
compris que Macron, c’est la gauche…
Quand aux « propos
sous-jacents », s’il serait absurde de nier la force que peuvent avoir les
sous-entendus et les messages implicites, la volonté de les traquer en
permanence et la tentation de les voir partout évoque plus les commissaires
politiques que l’état de droit. Autre aspect de la filiation intellectuelle
entre le soi-disant « progressisme » et l’héritage mal liquidé des vieux
totalitarismes de gauche.
L’affirmation résolue de
l’universalité de la nature humaine est le seul véritable anti-racisme, et la
seule réponse valable aux discriminations quelles qu’elles soient. Aucune
couleur de peau, aucune origine ethnique ou géographique, aucun sexe, aucune
orientation sexuelle ne suffisent à préserver du risque de la bassesse, ni à
l’excuser. Aucune couleur de peau, aucune origine ethnique ou géographique,
aucun sexe, aucune orientation sexuelle ne suffisent à priver du potentiel de
la grandeur, ni à la ternir. Ainsi que le chante l’aède depuis trois
millénaires, « cet étranger, tout comme toi, est enfant de Zeus. »
Hélas ! Pour jupitérien que se
veuille Emmanuel Macron, la macronie semble bien avoir oublié cette leçon du
véritable Jupiter.
Aurélien Marq, Causeur,
24-7-2019
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