Le Trump brésilien met en place ses mesures
radicales
Mathieu Sauvajot
Macron a rencontré
Bolsonaro au Japon lors du dernier G20. Climat et traité économique avec le
Mercosur ont été abordés avec la meilleure entente. De leur côté, les électeurs
du nouveau président brésilien jugent le bilan des six premiers mois
globalement encourageant. Ses partisans voient d’un bon œil les
principales politiques entreprises vis-à-vis de l’économie, du port d’armes ou
de l’immigration… Sur la répartition des terres, Bolsonaro a en revanche connu
son premier revers. A vous Brasília !
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Bolsonaro, Brasília, 17 juin, photo: Eraldo Pires/AP/SIPA |
Les critiques pleuvent
toujours autant, certes, mais il était peu probable de voir sa cote de
popularité monter auprès de l’opposition ; ainsi, il serait peut-être plus
judicieux de s’intéresser à l’avis de ceux qui ont osé voter pour le diable en
personne lors du dernier trimestre 2018.
Répartition des terres: on
attendra
A peine élu, une première
mesure phare tombait : le nouveau président entendait réorganiser la manière
dont les terres indigènes brésiliennes étaient attribuées et délimitées, car
rappelons-le, près de 13,5% du territoire – essentiellement situé en Amazonie –
appartient à moins de 1% de la population, le tout géré par la FUNAI (Fondation
nationale de l’indien). Si cette gestion a été pendant quelques mois du ressort
de Tereza Cristina Da Costa, ministre de l’agriculture, une commission réunie
fin mai a décidé que cette responsabilité devait bel et bien continuer de
dépendre de la FUNAI…
Du côté des partisans de Jair
Bolsonaro, ce revirement de situation déçoit, car même si bon nombre d’entre
eux disent comprendre les revendications indigènes, ils considèrent tout de
même que certaines terres occupées pourraient être bien mieux employées
économiquement parlant. La plupart de ces terres abritent d’importantes
ressources naturelles, qui seraient utiles à la création d’emplois
d’un pays où un quart de la population vit sous le seuil de
pauvreté (source : Banque mondiale). Mais que valent de tels constats face
à des considérations écologiques et ethniques ?
Pacte mondial sur les
migrations, rejeté!
Courant décembre 2018, la
quasi-totalité des nations membres de l’ONU, Brésil compris, ratifiaient le
Pacte mondial sur les migrations, rappelant à ceux qui l’auraient oublié
combien il serait misanthrope de ne pas venir en aide à son prochain, au détriment
des problèmes nationaux.
Aussitôt adopté, aussitôt
rejeté par le nouveau président, qui entend préserver la souveraineté nationale
du Brésil, et réserver à la nation le droit de fixer ses propres critères quant
au nombre et au profil des personnes accueillies. Ce ne sont pas ses partisans
vivant au nord du Brésil qui s’y opposeront ! En effet, bon nombre des
habitants du Roraima – l’un des états brésiliens les plus pauvres, disposant
d’une frontière commune avec le Venezuela – sont situés en première ligne face
à la crise migratoire voisine. Ils ont vu cette décision d’un bon œil.
La NRA n’a pas encore
infiltré le Brésil
Il s’agit sans doute d’une des
réformes ayant fait le plus de bruit, ou du moins, suffisamment pour que bon
nombre de médias étrangers s’en soient fait l’écho : à travers le décret Nº
9.685, l’obtention et le port d’arme devaient désormais être facilités au
Brésil. D’aucuns reprochent à Bolsonaro de vouloir faire de son pays un «
nouveau Far-West ».
Rappelons toutefois que lors
d’un référendum en 2005, près de 64% des Brésiliens ne « souhaitaient pas
voir le commerce des armes et des munitions être interdit au Brésil »,
manière détournée de déterminer combien de Brésiliens souhaitent voir le port
d’arme autorisé. Par conséquent, le décret de cette année a eu pour seul effet
de tenter de répondre aux attentes de la population. Néanmoins, celui-ci venant
d’être rejeté par le Sénat, sa mise en place dépend désormais de l’approbation
des députés…
Commémoration polémique
Fin mars, tous les défenseurs
du politiquement correct s’indignaient contre le projet
de « commémoration du coup d’Etat de 1964 » du nouveau président
Brésilien.
Toutefois, si celui-ci a
souhaité nuancer l’événement en parlant de « remémoration », sa dénomination et
son déroulement font débat entre ses partisans et ses détracteurs. Là où
certains parlent d’un coup d’Etat militaire ayant débouché sur deux décennies
d’une dictature sanguinaire, d’autres parlent d’une révolution ayant empêché le
Brésil de devenir un pays communiste dans un contexte de guerre froide. Mais
laissons le débat aux historiens et politologues, en nous rappelant que la
perception d’un même événement peut différer selon l’idéologie de ceux qui en
parlent. Le fait est que les électeurs de Jair Bolsonaro optent pour le second
choix, n’y voyant aucune « apologie à la dictature ».
On lui envoie les gilets
jaunes?
Attention, enfin, toute
ressemblance avec la situation d’un autre pays serait fortuite mais il
semblerait que peu importe l’endroit où l’on se trouve, faire passer l’âge
légal de la retraite de 62 à 65 ans dans le but de réduire une dette publique
dépassant les 90% du PIB s’avère problématique!
C’est du moins de ce que l’on
constate en observant syndicats et milieux universitaires brésiliens, aussi
disposés que leurs homologues français à lutter continuellement contre toute
réforme malgré des demandes répétées de changements. Si les manifestations des
« anti » ne manquent pas – le 15 mai, 1,5 million de Brésiliens ont
manifesté contre une réduction du budget des universités fédérales – les
maillots jaunes, de la couleur de l’équipe nationale de football, des partisans
de Bolsonaro ont envahi les rues de plus de 150 villes dimanche 27 Mai, faisant
ainsi savoir que leur candidat disposait toujours d’un véritable soutien
populaire. D’ailleurs, rappelons qu’un sondage récent du journal économique
brésilien Exame souligne que près de 80% des sondés sont
confiants quant à la mise en place de ladite réforme dès cette année.
Ainsi, si chacune des
décisions du nouveau président brésilien est l’objet de fortes
controverses, elles ont au moins le mérite de répondre aux attentes de son
électorat. Et si cela déplaît à certains, Bolsonaro n’en a pas moins été élu
démocratiquement!
Titre et Texte: Mathieu
Sauvajot, Etudiant à la Sorbonne, passionné pour l’Amérique Latine, Causeur,
3-7-2019
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