quarta-feira, 8 de outubro de 2025

F-O-U-T-U

Dans ce vieux pays fatigué, la progression de l’islamisme, du wokisme, du nihilisme et du crétinisme semble inéluctable. Pour Éric Naulleau le constat est évident : tout est foutu.

Éric Naulleau 

F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Au moins ne me reprochera-t-on pas de vouloir faire carrière médiatique, tant il est mieux vu, sur les plateaux de télévi- sion comme dans les colonnes des gazettes, d’en appeler au sursaut ou au choc d’autorité, de dissimuler sous un vocabulaire ronflant l’évidence de la défaite, de même que l’on masque de parfums une odeur de putréfaction. De prétendre se battre quand on ne fait que se débattre. F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Au moins ne me reprochera-t-on pas de vouloir faire carrière politique quand le parti foutuiste serait une contradiction dans les termes. Si ses sympathisants, toujours plus nombreux, font parler la poudre, ce n’est jamais que la poudre d’escampette. Sauve qui peut, chacun se cherche un arrière-pays ou un autre pays pour mettre à l’abri du désastre sa personne et ses enfants. Non pas en attendant des jours meilleurs, mais en prévision des jours plus malheureux encore. Ce n’est plus la tentation de Venise, c’est N’importe Où Hors de France, pour emprunter à Baudelaire. Jusque sur des terres menacées par l’apocalypse nucléaire. F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Il faudrait un de Gaulle ou un Napoléon pour nous sortir de là (laissons Jeanne d’Arc de côté pour le moment). Mais même si, par extraordinaire, une personnalité hors norme se dissimulait parmi les actuels boutiquiers de la politique, auprès desquels les combinards de la IVe République font désormais figure d’aigles planant au plus haut des cieux historiques, sa tâche se révélerait autrement plus ardue que dans la France de 1799 ou de 1940. Quand le général de Gaulle lança son appel du 18 juin, 144 habitants de l’île de Sein s’embarquèrent illico sur des bateaux de pêche pour Londres – ce n’est pas la même chose que de se ruer vers les canots de sauvetage en espérant réchapper du naufrage, ainsi que nous y invitent les temps mauvais. De Gaulle combattait le Mal. On ne combat pas le Bien, on le fuit.

Et la difficulté ne s’arrête pas là. Pris séparément, nos principaux ennemis ne sont pas irrésistibles, il demeure très possible de défaire l’islamisme, le wokisme, le nihilisme ou le crétinisme. Mais F-O-U-T-U, oui, c’est foutu : unis comme ils se dressent aujourd’hui, ils deviennent invincibles, rien n’empêchera ces nouveaux barbares associés de détruire, jusqu’à ce qu’il ne reste pierre sur l’autre, notre république, notre pays, notre culture, notre civilisation. Ils disposent d’une École dont la mission paraît d’initier les têtes blondes au monde merveilleux des drag queens et à la théorie du genre plutôt que de leur transmettre les savoirs fondamentaux. Ils disposent d’un service public dont la plus puissante représentante, nous avons nommé Delphine Ernotte, patronne de France Télévisions, a officiellement déclaré que son rôle était « de représenter la France non telle qu’elle est, mais telle qu’elle devrait être » – le délire schizophrène comme programme officiel, du jamais vu depuis le stalinisme. Ils disposent des institutions et des médias, ils disposent d’à peu près tous les lieux de pouvoir, ils disposent d’une armada de sociologues comme autant d’émissaires d’un pays imaginaire, d’une dimension parallèle.

F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Mince consolation que de connaître enfin ce qu’éprouvèrent les contemporains de la chute de l’Empire romain. Quand des militants LGBT défilent en soutien à leurs futurs égorgeurs islamistes, quand une féministe déclare « préférer les jeteuses de sorts aux ingénieurs EPR », quand des lycéens, dont le crâne a été vidé de sa cervelle par l’Éducation nationale pour être farci d’un tas d’inepties, s’en prennent à tout drapeau français comme à un symbole fasciste, quand on est prié de croire, sous peine d’être poursuivi en justice, qu’un homme peut devenir une femme, menstruer et tomber « enceint », quand les bouffeurs de curés baisent les babouches d’imams intégristes, quand « La Palestine de la rivière à la mer », équivalent jugé acceptable de « Mort aux juifs ! », est un slogan repris en chœur par des gens qui ignorent de quelle rivière et de quelle mer il s’agit, quand boire des demis en terrasse de 18 heures jusqu’à l’aube devient un projet de vie, quand commander son sandwich favori à un esclave à vélo devient un acte militant au service de l’utopie multiculturelle, alors tout est joué, les noces de l’ignorance et du cynisme sont consommées. Les portes de Troie battent à tous les vents – Jean-Luc Mélenchon peut alors s’asseoir à la table rase, décréter la créolisation générale comme d’autres la mobilisation générale, en appeler au grand remplacement d’un peuple par un autre sans cette fois tirer de leur sommeil la moindre orfraie, assimiler la France des traditions à « une France diminuée », décréter que notre langue n’existe plus. Ah oui, parce que l’ennemi dispose aussi d’un parti officiel. Ses ouailles décérébrées acquiescent avec d’autant plus d’enthousiasme qu’elles ne savent à peu près rien de ce pays, de sa culture, de son histoire et de sa langue, sinon qu’ils sont autant de motifs de honte, de sujets de repentance – si ce qu’à Dieu ne plaise, Jean-Michel Aphatie parvenait au pouvoir, sa première mesure serait « de raser le château de Versailles afin que la France expie sa grandeur ». On a les intellectuels organiques (comme on parle d’engrais organique) que l’on mérite du côté de l’anti-France.

F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Car il y a pire encore. Une forme de résignation chez le plus grand nombre, une perte d’énergie vitale, plus envie de travailler, plus envie d’avoir des enfants, plus envie de faire l’amour. Pourquoi ne pas déléguer tout cela à des nouveaux venus ? Moins cher, moins fatigant. L’impression, plus ou moins vivement ressentie et directement exprimée, que nous devons nous effacer de l’Histoire, que c’est au tour des anciens colonisateurs d’être colonisés. Un acquiescement, une soumission à l’idée de notre propre disparition. La grandeur de la France est devenue un fardeau pour les Français, trop de gloire, trop de génie, trop de beauté, trop de savants, d’écrivains (Proust ET Céline, non mais allô, quoi…), de peintres, de cathédrales, de musées, trop de place laissée aux femmes. L’éternité n’est plus notre mesure, l’exception n’est plus notre règle. Quand nous aurons laissé sur le bord du chemin cet encombrant bagage, le pas se fera plus léger. Quand le souci métaphysique se limitera à connaître la date des prochains soldes, l’angoisse se fera moins vive. Et l’appel à la prière dans les centres commerciaux viendra rappeler qu’Allah s’occupe du reste. Quand tous les classiques littéraires sembleront avoir été écrits dans une langue étrangère, nous continuerons de les lire dans les catacombes. Quand la France ne sera plus, quand y régnera le nouvel ordre islamo-consumériste, elle sera devenue l’Abistan du 2084 de Boualem Sansal : « À la fin des fins régnera le silence et il pèsera lourd, il portera le poids des choses disparues depuis le début du monde et celui encore plus lourd des choses qui n’auront pas vu le jour faute de mots sensés pour les nommer. » Et personne ne connaîtra plus la signification du mot F-O-U-T-U. •

Titre et Texte: Éric Naulleau, CAUSEUR, nº 138, octobre 2025, pages 40 et 41 

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