Claire Gatinois
Pour parler des
grands évènements qui marqueront cette année - Euro, Jeux Olympiques de
Rio, Coupe Davis, Tour de France... - nous avons décidé
de vous présenter ces inconnus qui feront 2016. Une façon de découvrir le sport par
les coulisses. Ceci est le premier volet de la série de portraits.
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La baie polluée de Guanabara, à
Rio de Janeiro, en novembre 2015. Photo: Silvia Izquierdo/AP
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Mario Moscatelli a prévenu les
athlètes. Avant de disputer les épreuves nautiques des Jeux olympiques
de Rio, en août 2016, il leur est conseillé de se vacciner contre
l’hépatite A.
Ce biologiste de 51 ans a
lancé l’alerte à la fin du mois de juillet, après la divulgation des résultats
d’analyse de l’eau de la baie de Guanabara, demandée par l’agence Associated
Press, qui n’a pas semblé émouvoir les autorités brésiliennes. « Quand
le Brésil a décidé d’accueillir les Jeux, il avait parfaitement
connaissance de la gravité du problème environnemental. Les autorités
n’ont jamais eu l’intention de nettoyer la baie de Guanabara. Elles
mentent », déclare-t-il.
Voilà plus de vingt ans qu’il
dénonce l’état de dépotoir de ce qui ressemblait autrefois à un paradis sur
terre. Vingt ans qu’il tente de sauver l’écosystème de ce qu’il
qualifie d’égout à ciel ouvert. Ce matin de la mi-décembre, il a encore navigué
dans la baie au milieu des détritus : sacs en plastique, appareils
électroménagers, canapés… « Les Jeux étaient une opportunité
formidable de faire quelque chose. Mais les autorités brésiliennes
ont promis, promis, pour gagner les JO, et depuis, rien. (…) Je
suis révolté, indigné. »
Menaces de mort
Plus de 10 milliards de
reais (environ 2,4 milliards d’euros) ont été dépensés depuis 1994 pour la
baie. Entre les soupçons de détournement de fonds, les malfaçons et le manque
d’entretien des infrastructures, l’argent semble avoir été jeté par
les fenêtres. Mario Moscatelli, fils d’immigrés italiens, né à Copacabana, n’a
pas peur d’accuser l’incurie de l’Etat, l’inconséquence des Brésiliens et la
nonchalance du Comité international olympique (CIO), qui préfère « fermer
les yeux ».
La défense de
l’environnement, il le sait, est un sport de combat. Quatre fois
déjà, il a été menacé de mort. Comme en 1989. Mario Moscatelli, alors
jeune biologiste prometteur, était à la tête du département de contrôle de l’environnement de
la mairie d’Angra dos Reis, ville de l’ouest de l’Etat de Rio.
Un projet immobilier menaçait
la mangrove de ce petit éden, il l’a interdit. Un samedi, il reçoit cet étrange
coup de fil : « Si tu retournes à Angra. On te tuera. » Moscatelli
n’a pas cédé. Le projet immobilier ne s’est pas fait.
Celui que le journal Globo qualifie
de « parrain des oiseaux et des crabes, et de leur mangrove » est
pourtant saisi de découragement face à la passivité de la société brésilienne.
II enrage contre le gouvernement, qui prétend défendre l’environnement
lors des sommets internationaux. « Le problème, ce n’est pas le
manque de moyen. C’est un manque d’éducation », assure-t-il.
Vergonha internacional!
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