sexta-feira, 28 de junho de 2024

Nous ne sommes pas mûrs pour l'esclavage

Alors que le parti de la police et du capital est sur le point de parvenir au pouvoir, usurpant le doux nom de droite, il est plus que temps d'en dévoiler les mensonges. D'en contrer les inepties. Autrement dit d'essayer de penser un peu. Comme des chrétiens. Comme des Français


Jacques de Guillebon

Plusieurs constats, pas forcément sympathiques, président à l’idée de naissance de ce média : l’exploration politique de certains d’entre nous s’est soldée par un échec cuisant – soit que le camp choisi n’existait pas ; soit qu’il était mauvais ; soit que la « politique » seule, en tant que telle, n’existât pas, elle non plus.

Mais, plus important, parce que plus universel : la médiocrité des médias dits de « droite », ou « conservateurs », ou « réactionnaires », patente ces dernières années, laisse penser ou bien qu’ils s’astreignent à ne plus réfléchir du tout, au motif qu’un « réel » leur serait immédiatement donné, réduisant ainsi l’analyse à rien, sinon au commentaire ; ou bien qu’ils considèrent leur lectorat comme incapable lui-même de réfléchir, et en ce sens le méprisant lui donnent la becquée qu’il est supposé adorer quotidiennement.

En tout état de cause, ces médias ne dispensent plus de nourriture qui fasse grandir – plutôt une junk food médiatique qui rend seulement à la fin les idées obèses.

Nous considérons pour notre part que la recherche de la vérité, qui est non seulement du devoir de tout être humain mais combien plus le singulier devoir d’un média, ne se pratique pas d’abord en découvrant des « faits cachés », mais la vérité cachée parmi les faits.

C’est ici qu’il s’agit de réfléchir, et de penser, et de penser vraiment « contre soi-même », comme dit certain camp qui ne le met jamais en pratique. Et non de pratiquer la contradiction à vocation complotiste et démagogique inconsciente.

Le « conservatisme » tel qu’il se pratique aujourd’hui et tel qu’il est honoré par ce camp-ci présente de nombreux défauts parmi lesquels ceux-ci nous semblent rédhibitoires et obligent à s’en écarter : derrière ses cathédrales rêvées, il dissimule des banques réelles, c’est-à-dire que pour qui a eu l’occasion de creuser un peu ou de subir beaucoup son mode de fonctionnement, ses « valeurs » affichées ne valent que tant que les intérêts, au sens le plus matériel et le plus grossier du terme, de ses prophètes ne sont pas attaqués. Ainsi les anciens vices s’y déguisent-ils souvent sous le nom des nouvelles vertus, et quand ils disent liberté, on sait qu’il faut entendre privilèges.

Plus important, conservatisme est devenu le mot-instrument de la préservation des antiques esclavages : celui de la « nature », celui du « réel », celui du fatum, et on n’y appelle ordre que la domination perpétuée.

Plus inquiétant encore, ce monde conservateur est pétri de contradictions, qu’à la différence du mouvement hégélo-marxiste il ne pense même pas comme catalyseurs possibles : si l’écologie lui parle nature, il répond société et culture ; quand les « wokes » lui parlent construction sociale, par contre il répond nature.

Ce monde conservateur rêve héroïsme, et quand on lui en fournit l’occasion, covid ou Ukraine, il crie aussitôt à la trêve.

Finalement, on en arrive aux conclusions suivantes : un média proclamé politique n’a aucun intérêt, dans le sens où ne sont politiques que des faits sociaux et leur interprétation. De même que la « bataille culturelle » ne signifie rien dans le sens où une culture ne s’impose pas, mais se diffuse avec l’assentiment de ses récepteurs, la politique désigne aujourd’hui une forme vide, que seule une matière peut individuer.

Sans une vision anthropologique et cosmologique, qui doit être incarnée et vécue dans ses moyens mêmes, il est inutile de se présenter devant ce monde. S’il existe seulement un réel et des « faits » bruts, autant les suivre en se taisant.

Pour nous, notre vision anthropologique est évidemment chrétienne, ce qui implique d’immenses sacrifices et entraîne de gigantesques résonances.

D’abord, à l’opposé du conservatisme et du progressisme mécanique, le christianisme est un progressisme actif, c’est-à-dire qu’il ne satisfait jamais de l’ordre des choses et qu’il ne croit pas qu’elles s’amélioreront selon la logique irrécusable d’un matérialisme historique.

Le christianisme est finalement la seule pensée et la seule praxis qui aient bouleversé le monde vers le juste et vers le bien. C’est le constat moral, philosophique et historique que nous faisons. Cela dit, le christianisme n’est pas un tas de vieilles et belles pierres du Moyen-Âge. Notre-Dame peut brûler. Lui éclaire.

C’est en quoi le mur, ou l’abîme, des questions auxquelles notre époque nous confronte doivent être franchis et non repoussés. Ces questions, pour monstrueuses qu’elles paraissent, sont en réalité désirables, et méritent des réponses intelligentes, neuves, et disons-le, bienveillantes.

Le conservateur, le réac, le droitard contemporains croit ou fait semblant de croire qu’il s’agirait d’être agressif, fort, méchant, sans pitié et sans scrupule, machiavélien, bref de ressembler in fine à son ennemi, pour gagner. Gagner quoi ? Outre qu’on serait bien en peine de trouver la moindre victoire de ce camp, les moyens employés ont fini de rendre stérile ce combat, qui n’est plus qu’un marché.

Nous avons appris que devant le monde nous n’étions pas grands. Il s’agit maintenant de vivre petits. Et de recommencer ce qui a été entrepris il y a 2000 ans, déconstruire les vraies dominations : l’argent, la célébrité, le spectacle, l’image, la force. Bref, le mensonge.

De toute façon, l’obéissance est morte, il faudra donc désormais se gouverner dans l’absence d’obéissance. Et c’est une bonne chose. De tout chaos, on peut tirer un nouvel ordonnancement du monde. Mais qui ne soit pas un retour à l’ancien. Au contraire, une croissance vers la liberté.

Comme le disait Sertillanges d’Albert le Grand : « C'est qu'il avait compris cette chose pourtant simple et que si peu comprennent, à savoir qu'on ne vient à bout d'un grand courant scientifique, qu'on ne pare à ses dangers qu'en l'enveloppant, au lieu de le heurter de face. Cette dernière tactique, outre qu'elle est injuste et destructrice de bien humain, est souverainement imprudente. On n'arrête pas le vent qui court ; la marée n'a souci des barrières. On peut capter les forces cosmiques : on ne les supprime point. Ainsi les grandes évolutions intellectuelles ».

Voilà à quoi nous allons employer ce média.

Titre et Texte: Jacques de Guillebon, Première Nouvelle, 28-6-2024 

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