N'en déplaise aux adeptes du politiquement
correct, oui, la pauvreté recule dans le monde, non, la Palestine n'est pas
historiquement une terre arabe…
Franz-Olivier Giesbert
La désinformation ne
cessant, comme l'ignorance, de faire des progrès, les mensonges, à
force d'être répétés, ont tendance à devenir des « vérités ».
N'essayez pas de dire que
la pauvreté recule dans le monde, vous ne pourrez pas finir votre phrase. Ce
sont pourtant des chiffres avérés : la part de la population mondiale
vivant dans un état d'extrême pauvreté a baissé de près de 50 % en vingt
ans. N'aggravez pas votre cas en affirmant que 85 % de l'humanité fait
partie de la catégorie des pays développés ou que 13 pays seulement, restés sur
les bas-côtés, peuvent être considérés, selon les critères anciens, comme
« en voie de développement. » Par pitié, n'insistez pas, vous allez
finir au poste de police (de la pensée).
Même s'il y a toujours de
la misère, hélas, ce sont des choses qu'il ne faut pas dire : elles
contredisent en effet la doxa qui nous dit, sur les ondes ou dans les salles de
classe, que tout va de mal en pis à cause du libéralisme et de la
mondialisation, qui font courir l'humanité à sa perte. On peut penser comme
l'auteur de ces lignes que le journalisme est l'un des plus beaux métiers, il n'en
reste pas moins qu'il est devenu, sous la chape de plomb du
« politiquement correct », invention américaine, un grand propagateur
de fausses nouvelles.
Comme le disait ce vieux
farceur de Mark Twain,
« un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette
ses chaussures ». C'est sans doute pourquoi le mensonge a si souvent
l'avantage, qui conduit à raconter l'Histoire à l'envers. L'un des plus inouïs
concerne Israël, qui
« occuperait » une terre qui, de tout temps, aurait été arabe. Une
terre que les juifs auraient volée alors qu'au contraire ils l'ont habitée
majoritairement pendant au moins trois millénaires.
Dans l'Antiquité, la terre
juive fut sans cesse envahie, piétinée, martyrisée par les
Babyloniens, les Arabes, les Romains, les croisés, les Ottomans... Pendant les
dix derniers siècles, alors qu'elle était devenue quasi désertique, sa
population était composée en majorité de juifs avec des chrétiens, assyriens ou
arméniens. En quoi est-ce un pays arabe dont la capitale serait Jérusalem,
comme le laissent entendre tant de confrères ? Falsification !
De ce point de vue, nombreuses
sont les similitudes entre les juifs, les Arméniens, les Kurdes. Ces derniers
n'ont certes pas encore été victimes d'un génocide, même si Erdogan, l'Ubu-roi
de Turquie, en rêve.
L'Histoire est devenue une
perte de temps dans notre monde pressé. Observez comme elle est de
plus en plus souvent remplacée par un récit magique, totalitaire, qui n'a plus
aucun rapport avec la réalité. Arabe, la Palestine ? Le nom de Palestine est un dérivé de
Philistin, qui, en hébreu, signifie « envahisseur ». Il a été donné
au pays des juifs par l'empereur Hadrien, qui entendait ainsi les punir de
s'être révoltés contre lui. Il a été maintenu jusqu'à la partition de 1948,
tamponnée par l'ONU. Les juifs
ayant alors abandonné ce nom pour reprendre celui, originel, d'Israël, il fut
récupéré dans les années 1950 par les Arabes, qui ont réussi une sorte de
hold-up sémantique en faisant croire qu'ils étaient à eux seuls la Palestine...
Voilà comment les vessies
se transforment en lanternes. C'est souvent le cas pour les peuples
auxquels a été ou est encore dénié le droit de disposer d'un État. Dans son
pays, où ils représentent une partie non négligeable de la population (près de
28 %), ils sont ostracisés, persécutés, tandis que les journaux réputés
proches sont harcelés par la justice, si ce dernier mot est approprié.
Pensez ! Coupables d'avoir fait leur travail, 14 salariés du quotidien
indépendant Cumhuriyet viennent d'être condamnés à de lourdes peines, jusqu'à
huit ans de prison !
Au fil des siècles, les
juifs et les Arméniens ont donné de la voix et réussi à se faire
entendre. Les Kurdes, toujours pas. Peuple paria d'une quarantaine de
millions de personnes, disséminé dans quatre pays (Turquie, Iran, Irak, Syrie),
il n'est pas calomnié par les grands médias bien-pensants, il est simplement
ignoré. Assourdissant est leur silence sur les massacres perpétrés par l'armée
turque contre les Kurdes de Syrie - à croire qu'il est reproché à ces derniers d'être
des musulmans en lutte contre l'islam radical. Répugnante est la pleutrerie des
grandes puissances, qui feignent de ne rien voir, de peur de fâcher
Erdogan : un jour, il faudra traîner tous leurs chefs devant le tribunal
de l'Histoire pour non-assistance à peuple martyrisé.
Franz-Olivier Giesbert, Le Point, nº 2383, 3-5-2018
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