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Seuls 24 % de Français se
déclarent "plutôt satisfaits" de la première année de mandat de
François Hollande. Photo: Bertrand Langlois/AFP
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La crise ouverte par la France
dans sa relation avec l'Allemagne confirme ce que nous savions déjà : François
Hollande est mauvais. Trois Français sur quatre sont là-dessus d'accord avec
nous. Les deux qualités premières qui font un homme d'État lui manquent : la
lucidité et l'autorité. Trois facteurs au moins nous imposent non seulement de
rester fidèles à notre alliance avec l'Allemagne, mais de la consolider :
l'histoire, c'est-à-dire les acquis politiques, économiques et stratégiques de
la construction européenne fondée sur l'axe franco-allemand ; la nouvelle donne
mondiale qui nous interdit l'isolement ; l'extrême fragilité de la situation
économique et financière de notre pays. Nous couper de l'Allemagne, engager
avec elle une "confrontation" au profit d'une hypothétique alliance
avec les pays de l'Europe du Sud, c'est non seulement illusoire, mais ce serait
porter un coup fatal à l'Europe. "Un péril mortel", comme le dit
Alain Juppé.
Certes, le rapport des forces
qui à la fois unissent et opposent nos deux pays a évolué en notre défaveur.
Mais à qui la faute ? En imputer la responsabilité à l'Allemagne, et en
particulier à l'actuelle chancelière et à son "égoïsme", est à la
fois insultant, injuste et lâche. Même s'il est arrivé à l'Allemagne de
défendre avec trop d'intransigeance ses intérêts propres - mais l'Europe
n'exige pas un abandon total de la souveraineté de ses pays membres -, elle
n'est pas coupable des difficultés que rencontre la France. Celles-ci tiennent
à nous-mêmes, au laxisme de nos gouvernants, à leur impéritie, à leur refus de
procéder aux réformes structurelles qui s'imposaient lorsqu'il en était temps. Schröder
et Merkel nous en donnaient l'exemple. Les socialistes français portent à ce
sujet une lourde responsabilité. Le contester, c'est de la part de Hollande un
déni de la réalité.
À la fois pour des raisons
idéologiques et pour affirmer sa personnalité politique - qui le sait, le
sait-il lui-même, et qui peut vraiment distinguer les réelles motivations de
François Hollande ? -, le nouveau président choisit dès son élection de
proposer une alternative à la politique de la chancelière. Sa stratégie de la
croissance fit rapidement chou blanc. Là encore, un déni de l'évidence. Depuis
lors, depuis un an, il navigue dans l'imprécision. Et soudain, il décide
aujourd'hui de porter l'attaque contre Angela Merkel. Lui ou les siens ? Allez
savoir ! Ici se posent non seulement le problème de la vérité et de la
précision de ses choix mais aussi celui de son autorité.
Le mal est fait
L'autorité. Ce n'est pas la
première fois que Hollande est pris en défaut sur ce chapitre. J'avance, je
recule, je bombe le torse, je me dégonfle, je fanfaronne, je capitule. En
l'occurrence, ce tangage est caricatural. Mais le mal est fait. Une nouvelle
fois, la preuve est administrée que Hollande ne tient pas en main non seulement
sa majorité mais son propre parti, qui, sur un sujet majeur, le double avec une
stupéfiante arrogance. Mais qu'avait-il besoin d'évoquer publiquement il y a un
mois la "tension" qui l'oppose à Merkel ? Il ajoutait
"amicale", pour la forme. Les siens, les Bartolone, les Hamon, les
Désir, n'attendaient que ce prétexte pour affirmer leur différence. De nouveau,
les socialistes donnent le spectacle lamentable de leur désunion, ils l'offrent
à l'Allemagne, ridiculisent le président français, le mettent en difficulté, le
forcent à un exercice d'équilibre impossible, affaiblissent non seulement
l'image de la France mais sa position.
La France ? Si l'on était
partisan comme ils le sont, on serait tenté de dire qu'elle a moins
d'importance aux yeux des socialistes français que leur cuisine interne, leurs
rivalités, leurs ambitions. Moins d'importance que leurs fantasmes
idéologiques. Moins d'importance que la gauche. S'ils avaient un minimum de
décence, ils régleraient leurs problèmes familiaux dans le secret de leurs
cabinets. Ils s'étonnent après cela que trois Français sur quatre aujourd'hui
les désavouent !
Philippe Tesson, Le Point, 29-04-2013
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