Françoise Fressoz
Dix jours que la polémique
dure, déchaîne les passions, coupe le pays en deux et suscite au sein du
gouvernement d’étranges volte-face.
L’exil fiscal de Gérard
Depardieu, sa préférence pour le Plat Pays, le dévolu qu’il a jeté sur une
triste bâtisse sise à Néchin, dans le Hainaut, alors qu’il disposait pour vivre
d’un somptueux hôtel particulier à Saint-Germain-des-Prés. Tout cela sent l’énorme
provocation, la mauvaise farce. Et ceux qui l’ont déclenchée ne sont pas les
moins gênés.
Comment réagir ? En jetant l’opprobre sur ce traître d’Obélix, comme l’a fait dimanche Michel Sapin, en parlant d’une "forme de déchéance personnelle", ou en prenant l’acteur par les sentiments, comme l’a fait le même Michel Sapin trois jours plus tard en s’exclamant : "Gérard tu vas t’ennuyer ! Tu es beaucoup mieux dans tes vignes, il ne faut pas t’en éloigner !"
Comment réagir ? En jetant l’opprobre sur ce traître d’Obélix, comme l’a fait dimanche Michel Sapin, en parlant d’une "forme de déchéance personnelle", ou en prenant l’acteur par les sentiments, comme l’a fait le même Michel Sapin trois jours plus tard en s’exclamant : "Gérard tu vas t’ennuyer ! Tu es beaucoup mieux dans tes vignes, il ne faut pas t’en éloigner !"
"Gégé" fait perdre
la tête aux socialistes, qui ne savent pas s’ils doivent le bannir ou le faire
revenir, plus embarrassés qu’ils ne veulent bien l’admettre par le tour de vis
fiscal qu’ils ont imposé aux très riches au lendemain de la présidentielle.
Moins pour combler les déficits – car les trous sont énormes – que pour
satisfaire au besoin d’égalité des Français et surtout rompre avec Nicolas
Sarkozy, qui non seulement aimait les grandes fortunes, mais avait le mauvais
goût de le clamer. Pouah !
La rupture est aujourd’hui
consommée, mais elle laisse un goût amer, une sorte de mauvaise conscience, car
Gérard Depardieu est un vrai Gaulois, une de ces grandes gueules que François
Mitterrand ménageait et que le pays apprécie. Il peut s’élever très haut et
chuter très bas, toucher le ciel et se rouler dans la fange. Sa démesure nous
sidérait. Elle va nous manquer.
Au moment où il part bouder de
l’autre côté de la frontière, voilà cependant qu’un autre diable surgit de sa
boîte pour sauver l’honneur : Bernard Tapie est de retour, et vient souffler au
nez du belge Rossel les quotidiens du groupe Hersant qu’on lit sur la
Côte-d’Azur.
Pour la gauche, une aubaine, la preuve que l’argent n’a pas déserté, que l’entrepreunariat se porte bien , que la France , malgré son taux à 75 % et son ISF déplafonné peut rimer avec success story. Pensez donc ! Tapie le self-made-man passé par toutes les cases de son Monopoly personnel, y compris les pires, comme la faillite et la prison, et qui renaît tel le Phénix sur le port de Marseille.
Pour la gauche, une aubaine, la preuve que l’argent n’a pas déserté, que l’entrepreunariat se porte bien , que la France , malgré son taux à 75 % et son ISF déplafonné peut rimer avec success story. Pensez donc ! Tapie le self-made-man passé par toutes les cases de son Monopoly personnel, y compris les pires, comme la faillite et la prison, et qui renaît tel le Phénix sur le port de Marseille.
Trop beau pour être vrai !
Mais le gouvernement ne se réjouit pas. Tapie sent le souffre, Tapie s’est
refait une santé sur le dos du Crédit Lyonnais, et maintenant, on le soupçonne
de vouloir s’emparer des journaux du Sud-Est pour conquérir Marseille. De cette
grande gueule là non plus, les socialistes ne veulent pas.
Françoise Fressoz, Le Monde, 21-12-2012
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