Un rapport sud-coréen, étayé de témoignages précis, fait état
d'exécutions pour consommation de chair humaine.
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Manifestation à la gloire du
régime nord-coréen et de ses dictateurs, le 20 avril dans la capitale,
Pyongyang. Crédits photo: Ng Han Guan/AP
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Sébastien
Falletti
C'est l'un des mystères les
plus macabres de la tragédie nord-coréenne. De nouveaux témoignages inédits
rapportent l'existence de plusieurs actes de cannibalisme récents en Corée du Nord,
confirmant la fragilité de la situation alimentaire au royaume ermite.
Ces dernières années, les
autorités ont exécuté au moins trois personnes pour cannibalisme, révèle un
nouveau rapport publié mercredi à Séoul par un centre de recherche sud-coréen.
Ainsi, en décembre 2009, un homme a été exécuté en place publique dans la
ville de Hyesan, dans la province de Ryanggang, le long de la frontière
chinoise, pour avoir tué puis dévoré une fillette de 10 ans, rapporte le Korea
Institute for National Unification (Kinu). C'est la première fois que des
témoignages d'actes cannibalesques sont étayés de façon aussi précise et
publiés dans un rapport officiel.
Cet acte de cannibalisme
serait la conséquence de la crise alimentaire aiguë déclenchée dans cette
province par la réforme monétaire conduite la même année par les autorités, qui
avait entraîné une hausse brutale des prix. «Une inflation énorme a soudain
fait exploser les prix des denrées, poussant certaines personnes à bout», explique
Han Dong-ho, l'un des auteurs du rapport.
En 2006, dans la ville de
Doksong, un homme et son fils ont également été passés par les armes pour avoir
mangé de la chair humaine, rapporte l'une des transfuges arrivée en Corée du
Sud et interrogée par le Kinu. Cette femme fait partie des 230 réfugiés
récemment arrivés de Corée du Nord, qui ont servi de sources aux experts de cet
institut public, financé par le gouvernement sud-coréen. En 2011, un autre acte
de cannibalisme se serait déroulé dans la ville de Musan, rapporte un autre
transfuge.
Malnutrition aiguë
Le Kinu relativise l'ampleur
du phénomène, soulignant qu'il s'agit de cas isolés, rapporté par seulement une
dizaine de transfuges sur
les 230 interrogés. «Il ne faut pas surestimer l'importance du cannibalisme en
Corée du Nord», explique Han. «C'est un sujet tabou, mais je ne crois pas à une
pratique à grande échelle et de façon organisée», ajoute Daniel Pinkston,
expert de l'International Crisis Group.
Ces témoignages confirment
ceux rapportés par des ONG comme Citizens Alliance for North Korean Human
Rights (NKHR) et montrent qu'en dépit d'une relative amélioration des circuits
de distribution depuis la fin de la grande famine des années 1990, plusieurs
provinces souffrent toujours de malnutrition aiguë. «La faim m'a fait perdre la
raison, j'avais entendu dire que la chair humaine était meilleure que le porc
et je me suis dit que nous allions tous mourir de toute façon», se justifiait
fin 2007 une mère accusée par les agents du régime d'avoir dévoré sa fille de 9
ans.
Ce témoignage effrayant est
rapporté à NKHR par Kim Hye-sook, arrivée à Séoul en 2009
après s'être évadée du Nord. Il rappelle les récits de l'époque de la grande
famine, qui aurait fait plus de 1 million de victimes, selon certaines ONG. En
1997, Kim Eun-sun, alors enfant, se souvient de cet homme condamné pour avoir
égorgé puis mangé sa fille, dont il avait enterré les restes dans sa bourgade
d'Eundeok, à l'extrême nord-est du pays. «La population avait pitié de lui, en
fait, car la faim rend fou, elle vous transforme en animal», explique Kim,
aujourd'hui étudiante à Séoul et dont le père a été emporté par la famine.
Titre et Texte: Sébastien Falletti, Le Figaro
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