Pascal Praud a osé inviter André Bercoff
dans son émission
Martin Pimentel
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Pascal Praud et Sonia Devillers. ©Captures d'écran Youtube |
On le sait, France
Inter a du mal avec le pluralisme. Alors quand l’animateur de CNews,
Pascal Praud, ose inviter le journaliste André Bercoff dans son émission,
l’occasion est trop belle de dénoncer cet affront fait à la liberté
d’expression. Et, en passant, de crier au Bolloré…
Du lundi au vendredi de 9h à
10h, Pascal Praud anime – attention jeu de mots – « L’heure des
pros » sur CNews. De Vincent Lagaf’ à Elizabeth Martichoux,
toute la profession salue l’excellence de ce titre. Ce n’est toutefois pas
assez pour dérider France Inter. En lançant, jeudi dernier, sa chronique « médias », Léa Salamé a précisé que
l’émission « marchait bien ». Et visiblement, c’est un
problème.
« Pascal Praud et
CNews permettent tout désormais ! C’est inquiétant. »
Le contenu de « L’heure
des pros » fait débat. S’il prend la forme d’un joyeux pugilat façon
village d’Astérix, ce « talk » accepte les opinions
les plus diverses. Pour tout vous dire, Pascal Praud a même l’outrecuidance
d’inviter régulièrement Elisabeth Levy, et de la laisser parler
avec toute la sérénité qui la caractérise. Vous voyez un peu le genre…
Sonia Devillers, qui lui reproche ces vilaines choses, est
la décrypteuse de médias de la station. Comme Jean-Marc Morandini, mais en plus
féminin, plus chic, et sur le service public. Consciente qu’elle fait sonner
son réveil chaque matin pour remplir le noble devoir d’informer le citoyen,
elle dénonce sans ambages les dérives de « L’heure des pros » :
« Pascal Praud et CNews permettent tout désormais ! C’est inquiétant. »
Bigre, ça a l’air grave. Tendons l’oreille, ma bonne dame…
« Un verrou vient de
sauter »
Ce qu’elle reproche à son
confrère ? Avoir mis en place un « grand déversoir » de fake
news et de théories du complot. Original. En cause, une séquence sur
Mamoudou Gassama où le journaliste droitier, André Bercoff, a déversé façon
camion poubelle les théories trainant sur le Net au sujet du jeune Malien
sauveur d’enfant. Si la rumeur relayée chez Praud par Bercoff est complotiste,
elle était à la mesure de l’intense campagne pro-migrants coproduite par l’Elysée et
les médias la semaine dernière.
Ce manque de « contrôle
de l’antenne », comme on dit au CSA, c’est l’occasion trop bonne pour
Sonia Devillers d’incriminer l’émission dans son intégralité. Et la rédaction
entière de la chaîne CNews, par la même occasion. Salauds de
jaunes ! Depuis la prise de pouvoir de l’honni Bolloré à Canal
Plus et la grève à l’ex-Itélé, certains ont des petites envies
de revanche et aiguisent les couteaux depuis des mois. Pff, une télé rachetée
par un affreux milliardaire ultra-catho… Mais avec Bercoff, « un verrou
vient de sauter », s’est indignée Sonia Devillers. « CNews
propose donc une version low cost de la Fox News américaine, cette chaîne
très conservatrice qui fut le tremplin des Sarah Palin et autre Tea
Party. » Et puis d’ailleurs, André Bercoff est le journaliste « qui
se vante d’être le seul Français à avoir passé une heure et demie avec
Trump avant l’élection ». Alors, « on sait à
quoi s’attendre ».
France Inter, la
gauche singulière
En République, il n’y a pas de
sujets interdits. Mais il existe une liste noire… Avec des invités qui
discutent, au hasard, de l’opportunité de l’immigration en France ou qui
qualifient d’ « islamiste » le terrorisme, Praud et son turbulent
village gaulois ont franchi la ligne jaune tracée par certains pisse-froid. Panique
à bord dans les magistères médiatiques! Partout, l’idéologie France
Inter prend l’eau façon Titanic. Quand l’exaltée Nicole Ferroni
reproche à sa station de ne parler que des attentats un lendemain d’attentats,
elle se fait remonter les bretelles en direct. Comme disent les jeunes, gênance
absolue…
On peut reconnaitre que
l’émission de Praud ne vole pas toujours très haut. Mais elle a le mérite du
débat contradictoire spontané, ce qui n’est pas si fréquent. Les centurions de
notre Rome médiatique pourraient balayer devant leurs portes et
« s’inquiéter » du pluralisme relatif sur leur antenne. Heureusement
pour Sonia Devillers, l’émission de Pascal Praud étant programmée en même temps
que la sienne, elle ne doit pas se l’infliger si souvent.
Trop occupée à disqualifier
ses invités sur la base de leurs opinions, Sonia Devillers n’a pas pensé à
dénoncer le manque criant de parité du casting de « L’heure des
pros ». C’est d’ordinaire une autre des marottes de France Inter. Mais
tout réfléchi, c’était prendre le risque d’avoir deux Elisabeth Levy pour le
prix d’une. Priorité a donc été donnée au cordon sanitaire !
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