Denis Collin
Durant les années du mitterrandisme, tout
antifascisme n’était que du théâtre ». Ainsi parlait Lionel Jospin en 2007. Le
théâtre fait-il toujours salle comble ? De moins en moins, sans doute. Prenons
toutefois les notions au sérieux, et voyons ce qu’il en est.
« L’“antifascisme” comme le
“fascisme” ne sont pas pour les staliniens des conceptions concrètes, mais
seulement des sacs vides dans lesquels ils fourrent tout ce qui leur tombe sous
la main. »
Léon Trotsky, Où va la France
?, novembre 1934
Le terme de fascisme est depuis longtemps plus une injure qu’une caractérisation politique sérieuse. Inversement, l’antifascisme est une cause des plus fumeuses qui permet souvent de regrouper des militants qu’on occupe à lutter contre des fantômes, tout en leur laissant croire qu’ils ont réédité la geste des résistants au nazisme et au fascisme lors de la dernière guerre mondiale. Si l’on prend l’action politique au sérieux, il est pourtant nécessaire d’user de catégories politiques précises, construites méthodiquement. Sinon, on appelle « démocratie » les « démocraties populaires » de jadis, « communiste » la deuxième voire sans doute la première puissance capitaliste mondiale qu’est la Chine et on affuble du terme « résistants » des spécialistes de la capitulation. Les importants mouvements politiques qui secouent l’Europe en réaction à la mondialisation et au développement de l’immigration nous obligent à reposer à nouveaux frais la question du fascisme, puisque, un peu partout, nous entendons l’antienne des « heures sombres » de notre histoire qui seraient de retour avec les progrès électoraux de « l’extrême droite ». Il est très difficile de construire un concept du fascisme. On ne manque pas de bons et de moins bons livres sur le sujet. Mais on s’aperçoit très vite que le terme de fascisme regroupe des phénomènes historiques assez différents : entre le fascisme proprement dit, celui de Mussolini, le nazisme, le franquisme espagnol, le salazarisme portugais, d’importantes différences ! Qualifiera-t-on de fascisme le péronisme argentin ou la dictature des colonels grecs (1967-1974) ? Tout régime tyrannique reposant sur la répression violente des opposants n’est pas fasciste. Les dictatures militaires (Chili, 1971, par exemple) ne sont pas des fascismes et l’Union soviétique des années 1960 n’était pas « social-fasciste » comme le disaient les maoïstes. (1) Pareillement, l’identification entre l’extrême droite et le fascisme est une source de confusions redoutables ; la première est réactionnaire (au sens propre), attachée à des hiérarchies « naturelles », alors que le second est « révolutionnaire » et plébéien.
Similitudes et différences entre fascisme et nazisme
Une première caractérisation du fascisme est que, précisément, il ne se situe pas sur l’axe droite-gauche, mais d’emblée en dehors des catégories classiques des politistes. Le fascisme est un mouvement de masse, encadré par des groupes paramilitaires violents (squadristi en Italie, SA en Allemagne) aptes à manier une rhétorique « anticapitaliste » qui pourrait paraître « de gauche ». Les fascistes enfreignent la légalité si nécessaire et usent de la violence pour terrasser leurs adversaires. Les groupes fascistes italiens, qui venaient parfois de l’extrême gauche, n’hésitaient pas à attaquer les locaux des syndicats et l’une de leurs actions favorites était de faire boire de l’huile de ricin aux militants syndicalistes et socialistes. Mais ils n’hésitaient pas devant l’assassinat, ainsi celui du député socialiste Giacomo Matteotti (10 juin 1924) dans lequel on a pu voir le « crime originel du fascisme ». Le parallélisme entre le nazisme et le fascisme italien paraît ici frappant. Les SA d’Ernest Röhm ont trouvé leurs premières troupes dans les « corps francs » qui avaient assassiné Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht en janvier 1919. Embrigadant anciens combattants et éléments décomposés du « lumpenprolétariat », pendant la république de Weimar, ils affrontaient les communistes dans des batailles rangées avec des armes à feu. Cette dimension violente est une caractéristique importante des mouvements fascistes. Les régimes simplement autoritaires usent des forces armées légales pour mater les oppositions alors que les fascistes n’attendent pas d’être au pouvoir et usent de méthodes et de discours révolutionnaires. Le recours à la violence des groupes paramilitaires et à la violence déchaînée de la populace (voir la « Nuit de cristal ») est spécifique au fascisme et au nazisme, même si on en trouve des éléments ailleurs. Peut-on définir le fascisme par un projet politique spécifique ? Le projet politique fasciste vise à subvertir l’ensemble des institutions sociales traditionnelles dans une perspective « totalitaire ».
Le terme d’État totalitaire
est revendiqué par Mussolini. Il suppose le contrôle de l’État dans toutes les
sphères de la vie sociale. En vérité, l’Italie mussolinienne n’est jamais
parvenue à être réellement un « État total ». Les opposants étaient
certes écartés sans ménagement, mais les assassinats restaient relativement
rares, la prison et la relégation dans les îles ou dans les provinces du Sud
constituant le procédé le plus fréquent. Dans l’Italie fasciste, il n’y eut
rien de semblable aux camps de concentration nazis… ou soviétiques, et nulle
liquidation de masse. Quand l’Italie, après le débarquement des forces alliées,
a voulu passer véritablement au système totalitaire, c’était déjà trop tard, et
la « République sociale italienne » de Salò, maintenue par l’armée
allemande, s’effondra lamentablement avec la défaite de ses protecteurs. Le
fascisme italien était un projet national, appuyé sur des références à la
grandeur de l’Empire romain, un projet de modernisation de l’Italie sur le plan
économique et intellectuel, mais ce nationalisme n’avait aucune dimension
proprement raciste et, en particulier, l’antisémitisme n’y était pas
prépondérant.
Au contraire, le nazisme n’est
pas un projet nationaliste, mais un projet essentiellement raciste. Les
Allemands qui ne correspondaient pas aux critères de la race supérieure étaient
autant méprisés que les autres peuples. En revanche, les Scandinaves et les
Britanniques étaient appelés à être des membres de la race des
seigneurs qui devaient réorganiser l’Europe. Cependant, nous pouvons
retenir comme un trait propre au fascisme l’existence d’un tel projet
totalitaire. Le nazisme, en voulant remodeler jusqu’à l’espèce humaine est ici
paradigmatique. La nation et la race étaient appelées à surmonter les
antagonismes de classes et promettaient une réconciliation sociale à
l’intérieur de la nation italienne ou de la race germanique.
Là encore, cependant, les
différences entre le fascisme et le nazisme sont notables. Les fascistes
italiens ont commencé par être un groupe « d’extrême gauche » et le
programme des faisceaux de 1919 était un programme révolutionnaire. Il était national,
en ce qu’il défendait la « nation prolétaire » qu’était l’Italie
contre les « nations bourgeoises ». Mais, sur cette base, le
mouvement a stagné. C’est seulement quand il a cherché des appuis du côté de la
bourgeoisie industrielle et foncière italienne qu’il a commencé à décoller. À
l’inverse, le nazisme est né d’emblée comme un mouvement antirévolutionnaire
(réactionnaire) et il a été d’abord accueilli chaudement par les classes
supérieures allemandes que la défaite avait radicalisées. Les éléments d’anticapitalisme
qu’on y pouvait trouver visaient le capitalisme français et surtout les Juifs.
Vieille tradition allemande : faire du Juif l’archétype du capitalisme,
judéophobie nichée également dans le camp progressiste et que le
social-démocrate allemand August Bebel a nommée fort à propos : le
« socialisme des imbéciles ».
Mais l’anticapitalisme a été liquidé violemment quand, lors de la « nuit des longs couteaux » (29 juin-2 juillet 1934), les SS ont assassiné les principaux chefs SA. Il est à ce propos un point commun au fascisme et au nazisme : l’appui qu’ils ont su trouver dans les cercles dirigeants du grand capital qui les finança et les protégea, car ils semblaient le moyen parfait de conjurer toute menace socialiste révolutionnaire ou communiste. On sait la place que la dénonciation du « complot judéo-bolchévique » tenait dans la propagande nazie. Loin d’être simplement un mouvement plébéien (comme on a pu le dire), le fascisme italien, tout comme le nazisme, a bénéficié du soutien de l’argent des ploutocrates qu’il a fait mine de dénoncer. Cette rapide esquisse du fascisme permet de montrer qu’en miroir, l’Espagne de Franco, par exemple, ne fut pas fasciste. La Phalange espagnole de Primo de Rivera était bien un mouvement fasciste, mais dès 1937 elle fut absorbée dans le parti traditionaliste de Franco, dominé par les militaires et appuyé par l’Église. De même au Portugal, la dictature salazariste n’était pas davantage fasciste, toute terrible que fut sa police politique. En France, il y eut un essor des fascistes sous l’Occupation avec le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot (ex-communiste), le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat (ex-socialiste), auxquels on doit ajouter la « milice française », de Joseph Darnand, organisation paramilitaire créée sous Vichy sur exigence hitlérienne. Mais de fait, ce fascisme n’a existé que sous la protection toute volontariste des occupants allemands.
Le fascisme aujourd'hui ?
Il est en outre évident
qu’aucun mouvement fasciste n’existe aujourd’hui en Europe. Il existe des
mouvements qu’on dit d’« extrême droite » ou « populistes »
qui partagent une vive hostilité à l’égard de l’immigration et de l’islam, se
prétendent défenseurs de la nation contre le mondialisme, mais ne remettent
nullement en cause les principes économiques du capitalisme dit
« libéral » ni la démocratie parlementaire. C’est le cas des
mouvements comme Alternative für Deutschland (AfD) en Allemagne, des Fratelli
d’Italia en Italie et du Rassemblement national en France, même si ces
mouvements sont historiquement liés aux résidus du fascisme et du nazisme ou de
ce qui en a tenu lieu en France. Le MSI, héritier direct de Mussolini, obtenait
régulièrement entre 5 et 7 %
des suffrages aux élections des députés. Une partie de ce mouvement a rompu progressivement avec toute
référence au
fascisme et s’est transformée en un
parti libéral de droite ordinaire derrière Gianfranco Fini. Giorgia Meloni a relevé le flambeau du MSI pour devenir le chef de la coalition des
droites italiennes, mais les Fratelli (son parti) n’ont rien de
« fasciste », Meloni se singularisant plutôt par le conservatisme en
matière de mœurs, tout en donnant des marques d’allégeance à l’Union
européenne. L’AfD est plus directement marquée par l’idéologie nazie, mais sous
des formes tout de même très atténuées et elle est surtout un parti
anti-immigration qui fait le plein de ses voix dans les Länder de l’Est –
l’ancienne RDA. Le RN a réussi à sortir du coin dans lequel était enfermé le
mouvement de Jean-Marie Le Pen en changeant le nom du parti et en excluant
symboliquement son fondateur ! On trouve aussi des mouvements du même
genre aux Pays-Bas, en Suède, en Finlande. On peut ajouter le PIS polonais (au
pouvoir jusqu’en 2023) et le parti de Victor Orban en Hongrie. Cette galaxie du
nouveau « fascisme » – qui relève bien davantage du
« populisme » – européen est si bariolée qu’on ne peut guère en
faire une étude globale.
Si on exclut la caractérisation de ces mouvements comme « fascistes », il n’est guère plus sérieux de les qualifier de « mouvements d’extrême droite » : c’est à juste titre qu’ils ne se prétendent « ni de droite ni de gauche ». Certains de ces partis sont conservateurs sur le plan des mœurs alors que d’autres acceptent parfaitement les droits des homosexuels, l’IVG, etc. Certains sont des « libéraux » qui veulent démanteler l’État-providence alors que d’autres prétendent le préserver. Ils sont souvent partisans d’une plus large participation populaire à la vie publique, notamment par la voie du référendum. Rien de tout cela n’est particulièrement de « droite » et encore moins d’extrême droite. Il y a des causes communes à la poussée de ces mouvements et la plus importante est certainement le démantèlement de l’État-providence sous les coups d’une mondialisation qui menace les emplois par les délocalisations et par une immigration extraeuropéenne massive, introduisant dans chaque pays une sorte de petit « conflit des civilisations ». Sans oublier le choc qu’a constitué l’irruption du terrorisme islamique.
L'antifascisme
Sauf à vouloir se faire peur, aucun des partis dont on vient de parler ne peut raisonnablement être caractérisé comme « fasciste ». Il existe bien à l’état groupusculaire des vrais fascistes et des vrais nazis, violents, racistes sans complexe, mais ce fascisme archéologique ne représente rien qui mérite qu’on appelle encore à la rescousse les mânes de l’antifascisme. Marx faisait remarquer que « la tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants (2) ». C’est pourquoi face à des mouvements nouveaux qui contredisent l’optimisme niais de ceux que le philosophe italien Diego Fusaro appelle les « euroïnomanes », on ne trouve rien de mieux à faire qu’à ressusciter le « front populaire antifasciste ». D’où vient cet antifascisme ? De l’histoire du stalinisme. Après la prise du pouvoir par Hitler et la mise hors la loi du mouvement ouvrier allemand dans son ensemble, l’Internationale communiste dut changer de tactique. Ainsi, la direction stalinienne, sous la pression des circonstances, s’orienta vers l’unité avec les partis socialistes, hier honnis. Mais loin de se limiter au front unique, Staline prôna bientôt la création de « fronts populaires antifascistes » sous l’impulsion du bulgare Dimitrov, au VIIe congrès de l’Internationale en 1935. Dimitrov définissait le fascisme comme étant une « dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier ». Il s’agissait d’élargir l’alliance contre le fascisme vers les « partis bourgeois » et, pour ce faire, les PC se gardaient de mettre en avant des revendications sociales qui auraient pu effrayer les alliés potentiels. On connaît le destin de ces « fronts populaires » qui se sont brisés dès que les choses sérieuses sont arrivées. En Espagne, la terrible guerre civile s’est doublée, à l’intérieur du camp républicain, de la répression menée par les staliniens contre les militants du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM) ou contre les anarchistes de la Fédération anarchiste ibérique (FAI).
En France, le pacte germano-soviétique (1939-1941) a signé l’arrêt de mort d’une coalition déjà moribonde. Les députés communistes exclus, c’est la chambre élue en 1936 qui vota les pleins pouvoirs à Pétain, avec le soutien de la majorité des députés socialistes… On tente aujourd’hui, face à la montée des partis comme le RN, de ressusciter le « front antifasciste ». Mais, comme le veut la formule ironique de Marx, si l’histoire se répète, la première fois comme tragédie et la seconde comme farce3, l’antifascisme en l’absence de fascisme est cette farce et n’a d’autre fonction que de brouiller les cartes et masquer les enjeux réels de la période. Cependant, toute la gauche n’a pas sombré : au Danemark, le parti social-démocrate a compris que la poussée anti-immigration était liée à la défense de l’État social et il a pris des mesures de régulation de l’immigration et une politique d’assimilation qui a porté politiquement ses fruits. En Allemagne, la sociale-démocrate de gauche, ancienne dirigeante de Die Linke, Sarah Wagenknecht s’est orientée dans cette direction et a rassemblé trois fois plus de voix que son ancien parti réduit à l’état groupusculaire.
Les nouveaux clivages
Voilà longtemps que le clivage droite-gauche a perdu de sa pertinence politique et sociale et que le clivage fascisme-antifascisme n’en a plus aucune. Face à une gauche qui a sacrifié le peuple sur l’autel de l’européisme et de l’exportation de « nos valeurs » à la pointe des missiles ou des « bombardements humanitaires », les classes populaires ont fait sécession, comme l’a montré Christophe Guilluy. Elles ont instrumentalisé des partis type RN pour manifester leur opposition à la « mondialisation » destructrice des emplois autant que des traditions. « On est chez nous » est un slogan tenu pour réactionnaire par les gens cultivés et aisés qui se sentent chez eux partout dans le monde. Mais c’est le cri de ralliement de ceux qui ne veulent pas être expropriés du peu qu’ils possèdent, une nation en commun qui est censée garantir la sécurité et des perspectives de vie pour chacun. Pour ceux qui rêvent de révolutions avec barricades et chefs mythiques, les « gens ordinaires » (Guilluy) ne sont pas exaltants. Par ailleurs, les partis qui prétendent représenter ce « petit peuple » n’ont aucune intention réelle de tenir leurs promesses. L’exemple italien donné par Giorgia Meloni le montre clairement et le RN – qui a renoncé à une partie de ses mesures populaires pour des raisons d’alliance stratégique aux législatives de 2024, en plus d’avoir abdiqué toute velléité de rupture avec l’UE – prend le même chemin. Comme au parti de Meloni, il ne lui restera plus qu’à tenter de surfer sur la méfiance et le rejet de l’immigration, sans apporter le moindre remède aux maux dont souffrent les classes populaires. L’antifascisme absurde omet justement de critiquer les prétendus « fascistes » pour ce qu’ils sont, des partis de rechange du système pour que tout continue comme avant. Mais le mouvement populaire, celui qui avait surgi avec les Gilets jaunes en manifestant, pour le coup, une vraie force révolutionnaire, continuera. C’est un mouvement qui devrait trouver une expression populiste, comme le fut le populisme russe – le seul mouvement populaire de masse qu’ait rencontré ce pays – ou le populisme américain dont Robert La Follette fut un des représentants connus. Il aurait besoin d’une représentation politique qui prenne en compte l’aspiration à être « maître chez soi », à des perspectives d’avenir stables, avec un travail rémunéré correctement, une garantie contre les accidents de la vie, la possibilité d’élever ses enfants convenablement et l’assurance d’une retraite honnête. Bref, un mouvement qui défende une vie décente pour tous et tourne ainsi le dos à toutes les impasses des partis du système.
Notes
1. D’intéressantes
comparaisons seraient à faire entre les fascismes historiques, le stalinisme,
le maoïsme et les mouvements de type Khmers rouges. Trotsky soutenait qu’Hitler
et Staline étaient des « étoiles jumelles ».
2. Karl Marx, Le 18 Brumaire
de Louis Bonaparte (1852).
3. Karl Marx, ibid.
Titre et Texte: Denis
Collin, Front Populaire, nº 18 , automne 2024, pages 60-64
[Livros & Leituras] Front Populaire, nº 18
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