Les hausses de prix – conséquences de la politique monétaire
inflationniste des deux dernières décennies – font basculer rapidement toujours
plus de monde dans la précarité
Simone Wapler
Les points saillants de
l’enquête Secours populaire IPSOS :
·
53 % des Français déclarent ne pas pouvoir
épargner.
·
45 % déclarent avoir du mal à assumer leurs
dépenses courantes, chiffre en hausse de 6% par rapport à l’année dernière.
·
18 % vivent à découvert.
Tous ces chiffres sont en
hausse.
Par ailleurs, ils sont 60 % à
déclarer que la hausse des prix a fait baisser leur pouvoir d’achat (40 % sont
donc probablement des esprits purs qui se télétransportent, ne se nourrissent
pas, ne s’éclairent pas, et ne se chauffent pas).
X-Tweet du journal Le Parisien sur ce sujet :
La situation économique des Français ne cesse de se dégrader. C’est le constat que dresse ce mercredi le Secours populaire dans son dernier baromètre de la pauvreté et de la précarité
— Le Parisien (@le_Parisien) September 6, 2023
➡️ https://t.co/R9C1zZJGIC pic.twitter.com/bJUNyJCwS7
Dans
un billet bien troussé sur la polémique relative au don de la famille
Arnault aux Restos du Cœur, le blogueur Charles Sannat met en regard deux
autres statistiques prises sur le site viepublique.fr :
1.
À la date de l’enquête (mi-2022), 87 % des
répondants possédaient un smartphone. Chez les plus jeunes, 18 à 25 ans, c’est
98 %.
2.
La durée moyenne de temps passé sur un écran
s’élève à 32 heures par semaine.
Trente-deux heures, presque une semaine de travail à
temps plein.
Pourquoi cette statistique est-elle importante ?
En 2014, Julien Damon, ancien président de l’Observatoire
national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, décrivait :
« Aujourd’hui, le pauvre est jeune, vient d’une
famille monoparentale, demeure en zone urbaine et ne parvient pas à s’insérer
sur le marché du travail ».
Le jeune possède un smartphone, et il est souvent au
chômage. Il a le temps de surfer sur des publicités qui sèment la confusion
entre besoins et envies.
Lutte contre la pauvreté ou l’inégalité : ce
n’est pas la même chose
Les statistiques ont cela de merveilleux qu’elles
concernent tout le monde, mais que personne ne s’y reconnaît.
Niveau de vie, pouvoir d’achat, revenu par habitant sont
des notions en apparence simples, mais en réalité complexes. Une fois passé du
nécessaire à la survie, chaque individu ne consomme pas les mêmes choses, n’a
pas les mêmes besoins en fonction de son âge, du climat auquel il est soumis,
etc.
L’INSEE considère qu’un foyer est pauvre si son revenu
est inférieur à 50 % du revenu médian.
Pour Eurostat, ce niveau se situe à 60 %.
La pauvreté telle que la mesure l’INSEE (ou Eurostat) est
en réalité une mesure d’inégalité, entachée d’idéologie.
Petit exercice arithmétique pour prouver ce point.
Supposons que le Bar des Amis compte cinq habitués qui
gagnent respectivement 50, 60, 80, 120 et 150 euros.
Le salaire médian est donc 80 euros (deux personnes ont
plus, et deux personnes ont moins), et le salaire moyen est de 92 euros. Selon
l’INSEE, aucun pauvre ne fréquente le Bar des Amis. Un beau jour, Bernard
Arnault – qui gagne 10 000 euros- pousse la porte de notre paisible bistro et
se retrouve inclus dans les statistiques du Bar des Amis. Le revenu médian du
Bar des Amis va légèrement remonter pour se caler sur 100 euros (intermédiaire
en 80 et 120 euros) et non plus sur 80 euros. L’irruption de Bernard Arnault a
créé un pauvre. C’est proprement scandaleux, s’étoufferont les suppôts de la
Nupes ! Inversement, le départ de Bernard Arnault fera disparaître ce pauvre
éphémère.
Un pauvre est, sans aucun doute statistique, quelqu’un
qui ne peut atteindre l’indépendance financière. Dans nos sociétés modernes,
cet état est adouci par la redistribution, mais être dépendant de subsides
étatiques ou de la charité, c’est toujours être dépendant. D’où la frustration
des « sans-dent » comme les désignait avec compassion un président socialiste.
La lutte contre les inégalités engendre la pauvreté
Quelques chiffres et ratios clés de la fabrique de
pauvres :
·
La France consacre 31,6 % de son PIB aux
dépenses sociales, premier rang parmi les 34 pays de l’OCDE (source Statista)
·
82,8 % d’une classe d’âge obtient son
baccalauréat, contre 35 % il y a quarante ans (source INSEE).
Mais le chômage des jeunes de moins de 25 ans atteint 32 % (source viepublique.fr)
·
Les entreprises subissent des prélèvements
record par rapport à leurs résultats comptables comparés aux autres pays de
l’OCDE.
·
Entre 1990 et 2012, le nombre d’agents publics a
augmenté de 26,2 %, tandis que l’augmentation de la population n’était que de
12,5 %. La France compte 5,67 millions d’agents publics (source viepublique.fr)
dont la masse salariale représente 22 % du budget de l’État, et 13,5 % du PIB,
un des niveaux les plus élevés des pays développés.
·
Les chômeurs s’ajoutant aux retraités et aux
assistés, à peine 40 % des Français produisent par leur travail les ressources
qui font vivre l’ensemble de la population.
·
Le dette publique dépasse 3000 milliards
d’euros, suite à une politique de déficits chroniques appliquée depuis plus de
50 ans.
·
Les déficits commerciaux s’enchaînent depuis
vingt ans.
Un pays qui consomme plus que ce qu’il produit
s’appauvrit.
Plus d’exclus, plus de pauvres mais toujours plus
d’impôts, de taxes, de charges, de dettes… censés justement lutter contre les
inégalités, faire régner la « justice sociale ».
Et si c’était politiquement planifié ?
Il est de l’intérêt des politiciens de créer la
dépendance
L’influence d’un homme politique est proportionnelle à la
masse d’argent qu’il distribue. Plus de nécessiteux, c’est davantage de dépendance
à la redistribution, et davantage de voix faciles à conquérir. Si rien ne
change, c’est que l’ordre établi satisfait ceux qui nous gouvernent.
La fabrique de pauvres est donc voulue et assumée par la
classe politique, quel que soit le bord dont elle se réclame. Il y a des
socialistes de gauche et des socialistes de droite, mais toujours des
socialistes.
Lorsque l’environnement économique international était
particulièrement porteur, la France aurait pu corriger le tir et mener une
véritable politique de pouvoir d’achat.
Mais les gouvernements de l’époque ont préféré importer
encore plus de pauvres et taxer plus.
« La France ne peut accueillir toute la misère du
monde » indiquait Michel
Rocard en 1989 avant de se reprendre et de préciser : « La
France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre
sa part ».
Titre et Texte: Simone
Wapler, Contrepoints,
11-9-2023
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