Olivier Dartigolles
Habitué aux joutes médiatiques, hier comme
dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des
tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. «J’aime qu’on me contredise !»
pourrait être sa devise.
Vous m’avez manqué! J’aime venir ici planter la plume dans vos angoisses.
Avez-vous passé un bon été,
entre les Lacs du Connemara et la sortie du nouveau JDD? On n’est pas bien?
Paisible, à la fraîche, décontracté du grand déconomètre?
Fin juin, à l’issue d’un débat très animé sur un plateau de CNews, alors que je m’étais efforcé de défendre l’égalité face à des discours obsessionnels sur l’identité, un contradicteur a voulu faire redescendre la température en m’adressant cette remarque: «On peut discuter avec toi car tu es un descendant en ligne directe de la gauche Peppone.» Pourquoi pas cette référence aux aventures de Don Camillo… Comme le maire du petit village italien de Brescello, incarné par l’immense et regretté Gino Cervi, ma gauche a des racines et une histoire. Elle est républicaine, sociale et laïque. Pour elle, il n’y a pas à discuter de la nature du tweet de Médine. Il était odieux, car définitivement antisémite. Pour elle, les habitants de Pissevin, à Nîmes, ont le droit à la sécurité, à une action résolue de la puissance publique contre le trafic de drogues et la loi des bandes, à une rénovation urbaine qui s’occupe autant du bâti que des vies qu’il abrite. Elle ne se contentera jamais de dire « no pasaràn » face au Rassemblement national, car cette stratégie est en échec depuis plus de trente ans et qu’elle s’est accompagnée d’une très lourde défaite idéologique. Quand la gauche n’est plus une espérance, elle n’est pas seulement sanctionnée. Elle risque de disparaître.
Mais Peppone sait aussi
trouver quelques qualités à Don Camillo. Par exemple, quand Monseigneur Laurent
Ulrich, archevêque de Paris, évoque l’ouverture chrétienne à l’universel: «Si
on se referme sur son clan, son groupe, sa nation, comme si elle était la
meilleure, sans tâche et sans péché, cela ne va pas », déclare-t-il à La Croix,
le 16 août. Il poursuit: « Notre pays a besoin de trouver un nouveau souffle
dans un désir d’unité, qui ne peut se réaliser qu’avec toutes les composantes
très diverses de la société, en particulier avec les personnes d’origine
étrangère. » Et voici le jeune Henri d’Anselme, le « héros au sac à dos »
d’Annecy, qui s’avance à son tour. « Si j’ai pu réagir de cette façon, c’est
parce que cela faisait deux mois que je me nourrissais de beau, d’essentiel. Le
mal que faisait ce pauvre type m’est apparu insupportable. » (Le Parisien, 14
août). À la question « Vous, le fervent catholique, amoureux des cathédrales,
vous avez été courtisé? », il répond: « J’ai tout fait pour éviter la
récupération politicienne. Me présenter comme d’extrême droite, c’est bête et
mesquin, du mauvais buzz. Jamais je n’ai pris position pour quelqu’un, encore
moins pour Zemmour. Après, je sais très bien ce que j’ai représenté à Annecy:
le pèlerin catholique avec sa chevalière face au migrant syrien. Je ne suis pas
naïf, mais je m’en fous.» Il a raison.
Ma gauche peut à la fois
chanter Sardou et Ferrat, Ferré et Goldman. Elle n’a jamais éprouvé un mépris
de classe pour les gens de peu, n’a jamais parlé de «la France des beaufs».
Je voulais vous parler de vos
angoisses et voilà que j’aborde les miennes. Celles d’un avenir en panne
d’imaginaire. D’un futur si peu désirable et respirable. De lendemains où les
peurs l’emportent.
Le mois prochain, je m’occupe
de vous! •
Titre et Texte: Olivier Dartigolles, CAUSEUR, nº 115, septembre 2023
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