La peur de paraître « islamophobe »
paralyse le corps professoral comme jadis l’accusation d’anticommunisme le
paralysait face à des thèses marxistes.
Catherine Rouvier
En l’an 2000, quand une de mes
étudiantes, couverte d’un sari d’un vert brillant, vint me demander si sa tenue
traditionnelle me dérangeait, je lui assurai que non. J’étais heureuse que
l’université méritât bien son nom. Des cours en amphi offerts à tous, tous les
âges, tous les pays.
En 2013, pourtant, un
professeur à Sciences Po Aix se plaignit officiellement du prosélytisme d’une
étudiante voilée musulmane qui perturbait ses cours. Depuis, les plaintes se
sont multipliées. La récente tribune de Céline Pina, dans Le Point,
« contre l’entrisme islamiste à l’université » à propos de
l’invitation de Houria Bouteldja à l’université de Limoges relance le débat.
Cet entrisme existe bien, et
pas seulement dans « les cursus liés aux discriminations et à la
diversité » mais aussi en troisième cycle de cursus plus
classiques. Il prend sa source dans un paradoxe : habituellement soucieux
de ne pas « discriminer » sur autre chose que sur des critères
scientifiques, les membres des jurys de thèse en sont venus à considérer
souvent que lorsque les « thésards » étaient d’un autre pays, d’une
autre culture, si leur travail était inféodé à une idéologie ou une dictature,
on pouvait fermer les yeux. C’est ainsi que des thèses défendant l’union
indéfectible du politique et du religieux, du droit et de la charia ou
« dé-coloniales » avant l’heure étaient soutenues…
Et à chaque fois se déroulait
le rituel bien huilé d’un jury qui émettait sur les points les plus
contestables des critiques argumentées, mais qui ne sanctionnait le manquement
évident à l’objectivité qu’en évitant autant que possible la mention
« très bien ».
Sans doute faut-il cesser
cette indulgence coupable dans un contexte où les victimes expiatoires des
crimes supposés de leurs ancêtres dans certains cas, de leur seule europeanité
dans l’autre, se comptent désormais par centaines en France. De plus, ce qui
pouvait être perçu comme un coup de pouce sans conséquence donné à des
étrangers venus faire leurs études en France ne l’est plus lorsque les
candidats sont originaires de ces pays mais français. Demain, ils seront ici
attachés d’études et de recherche, maîtres de conférences et professeurs d’université.
Entre l’endoctrinement
marxiste d’hier et l’actuel prosélytisme islamiste, il y a eu une période faste
où la science semblait en voie de triompher de tout totalitarisme partisan ou
religieux. Il faut donc soutenir la supplique de Cécile Pina contre toute
consécration universitaire apportée à l’idéologie qui « contient
en germe la mort des libertés réelles » car elle « pare
de l’aura de l’intellectuel engagé celui qui trahit pourtant l’éthique
scientifique ».
Le livre Soumission,
de Houellebecq, fustige précisément celle des universitaires face à l’islam
radical. De fait, la peur de paraître « islamophobe » paralyse le
corps professoral comme jadis l’accusation d’anticommunisme le paralysait face
à des thèses marxistes.
Ne retombons pas dans les
erreurs d’hier.
Catherine Rouvier, Boulevard Voltaire, 26-11-2017
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