quinta-feira, 9 de janeiro de 2020

[Livros & Leituras] “L'album des bobards”: Jean-Yves Le Gallou retrace dix ans de mensonges des médias

Olivier Maulin

Dix ans de mensonges médiatiques sont réunis dans un livre édifiant (et réjouissant), présenté par Jean-Yves Le Gallou.

Depuis 2010, Polémia, un cercle de pensée présidé par Jean-Yves Le Gallou, organise la cérémonie annuelle des Bobards d'or, au cours de laquelle des prix parodiques sont remis à des journalistes “menteurs”. L'ambiance y est bon enfant, on se moque allègrement des stars du métier et de leurs petites (ou grandes) entorses à la vérité.

Pour faire coller la réalité avec leur idéologie, certains journalistes n'hésitent pas à prendre des libertés avec la vérité. Photo: ALAMY/ALLOVER IMAGES
Comme tout un chacun, un journaliste est en droit de se tromper et l'on pourrait trouver anecdotique le fait de souligner les erreurs qu'il commet. L'Album des bobards, qui réunit aujourd'hui « dix ans de fake news des médias », celles qui ont été primées mais aussi celles qui étaient en lice, montre au contraire que ce travail est d'une importance capitale pour comprendre l'arrière-plan idéologique de l'époque et la manière dont se fabrique le consensus.

Les vrais mensonges sont rares, entendons ceux qui ont pour but explicite de tromper l'opinion. Bien sûr, dès qu'il y a guerre, ils surviennent : on se souvient des couveuses du Koweït, en 1990. Peu avant l'intervention française en Libye, c'est un autre bobard que lançait l'AFP en avril 2011 : Kadhafi distribue du Viagra à ses soldats pour multiplier les viols ! En temps de paix, le mensonge est plus modeste, ce qui ne le rend pas moins scandaleux : il consiste par exemple à renommer tranquillement “Sébastien” un voyou nommé Jihad, comme le fit M6 en 2010.

La manipulation par les mots
Pour le reste, ces fausses nouvelles montrent surtout comment les journalistes en arrivent littéralement à halluciner pour faire coller la réalité à leur idéologie. Avant d'être repéré et abattu par la police, alors que personne n'avait vu son visage, Mohammed Merah était décrit par presque tous les médias comme “un homme de type européen aux yeux bleus” ! Peu avant l'élection de Trump, Guillaume Auda, grand reporter à iTélé, diffusait une photo de membres du Ku Klux Klan qu'il présentait comme des partisans du candidat républicain. Avec cette particularité que le “suprémaciste blanc”, au premier plan de la photo, avait la main noire ! Il s'agissait en fait de militants afro-américains en campagne… contre Trump.

On le sait, la manipulation passe surtout par les mots, et c'est le dernier mérite de ce livre que de nous mettre en garde contre leur emploi tendancieux. L'exemple serbe est édifiant. Dans la mosaïque de l'ex-Yougoslavie, la citoyenneté renvoie à l'appartenance administrative, la nationalité à l'appartenance identitaire. Généralement, c'est la nationalité qui est mise en avant : Mladic, citoyen de Bosnie, était serbe. Mais lorsqu'en 2011 deux Bosniaques musulmans, citoyens de la République serbe de Bosnie, tirent des coups de feu contre l'ambassade des États-Unis à Sarajevo, c'est soudain par leur appartenance administrative que le quotidien 20 Minutes les présente : encore un coup des Serbes !

On ressort d'une telle lecture l'esprit critique affûté…

L'Album des bobards”, présenté par Jean-Yves Le Gallou et Polémia, Via Romana, 180 pages, 24 €.



Titre et Texte: Olivier Maulin, Valeurs Actuelles, 31-12-2019

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