quarta-feira, 23 de agosto de 2023

BRICS : un sommet sur la multipolarité et la dédollarisation

Alexandre Massaux

L’actuel sommet des BRICS montre une dédollarisation et une volonté multipolaire à ne pas sous-estimer, ni à surestimer

Un nouvel ordre mondial est-il en train de se mettre en place sous la houlette des BRICS ?

Entre le 22 et 24 août se tient en Afrique du Sud le 15e sommet des BRICS. Ce forum informel composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud a gagné en importance cette dernière décennie, avec la montée en puissance de ses membres, surtout l’Inde et la Chine.

Les BRICS ont une population de 3,24 milliards d’habitants, soit 40 % de la population mondiale. En 2001, ils représentaient 8 % du PIB mondial. Désormais, ils seraient à 26 %rattrapant ainsi le G7, son « homologue » occidental.

De plus, les récentes difficultés économiques de la Chine ne changent pas le fait que le cœur du commerce mondial se situe en Asie et dans le Pacifique. Sur les dix premiers ports de commerce mondiaux, neuf se situent dans la région asiatique (dont trois des cinq BRICS : Chine, Inde, Russie).

Parmi les enjeux de ce sommet des BRICS, se trouve la volonté de dédollariser le groupe en augmentant leurs échanges économiques avec leurs monnaies nationales. Si l’idée d’une monnaie commune revient souvent, elle ne serait toutefois pas à l’ordre du jour du sommet. La volonté d’échanges économiques dans des monnaies autres que le dollar américain s’est accélérée avec le conflit en Ukraine : l’Arabie saoudite a pensé utiliser le yuan chinois pour la vente du pétrole.

Un autre enjeu est l’adhésion de nouveaux membres au sein du groupe : en 2022 et 2023, 22 pays ont manifesté leur souhait d’adhérer aux BRICS. Des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine souvent insatisfaits de l’Occident. 

Plus complexe qu’une alliance anti-occidentale

Toutefois, il serait étonnant de considérer que les BRICS sont devenus une alliance anti-occidentale. Les cinq membres n’ont pas la même vision. Si la Chine et la Russie ont bien ce souhait de façonner un ordre indépendant des États-Unis, ce n’est pas l’avis des trois autres membres, et surtout de l’Inde.

L’absence physique du président russe Vladimir Poutine au sommet en est un exemple. L’Afrique du Sud est membre de la Cour pénale internationale, qui a émis un mandat d’arrêt contre Poutine. L’absence de ce dernier a pour but d’éviter à l’Afrique du Sud de se mettre l’Occident à dos, car il semblait utopique que le pays arrête le président de la Russie.

En outre, l’Inde comme le Brésil se montrent réticents à l’accueil de nouveaux membres. Le Brésil reste dans la sphère d’influence américaine, tandis que l’Inde maintient une relation cordiale avec Washington et l’Occident, comme le montrent les récents voyages du Premier ministre indien Modi aux États-Unis et en France.

Considérer les BRICS comme un groupe uni serait vite oublier la rivalité entre l’Inde et la Chine. Si pour l’opinion publique indienne, Russie et États-Unis sont des partenaires, la Chine représente une menace.

Une chose est sûre, les BRICS souhaitent un monde multipolaire où ils auront leur place. Mais l’opposition aux États-Unis et à l’Occident ne fait pas l’unanimité. Ces derniers sont à la croisée des chemins. Soit ils parviennent à s’entendre avec des pays clés comme l’Inde, et évitent la constitution d’un axe russo-chinois trop fort. Soit l’Occident s’aliène l’ensemble des BRICS et leurs alliés, avec le risque de s’isoler.

Titre et Texte: Alexandre Massaux, Contrepoints, 23-8-2023

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