Alexandre Massaux
L’actuel sommet des BRICS montre une dédollarisation et une volonté multipolaire à ne pas sous-estimer, ni à surestimer
Un nouvel ordre mondial est-il
en train de se mettre en place sous la houlette des BRICS ?
Entre le 22 et 24 août se
tient en Afrique du Sud le 15e sommet des BRICS. Ce forum
informel composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de
l’Afrique du Sud a gagné en importance cette dernière décennie, avec la montée
en puissance de ses membres, surtout l’Inde et la Chine.
Les BRICS ont une population
de 3,24 milliards d’habitants, soit 40 % de la population mondiale. En 2001, ils
représentaient 8 % du PIB mondial. Désormais, ils seraient à 26 %, rattrapant
ainsi le G7, son « homologue » occidental.
De plus, les récentes difficultés économiques de la Chine ne changent pas le fait que le cœur du commerce mondial se situe en Asie et dans le Pacifique. Sur les dix premiers ports de commerce mondiaux, neuf se situent dans la région asiatique (dont trois des cinq BRICS : Chine, Inde, Russie).
Parmi les enjeux de ce sommet
des BRICS, se trouve la volonté de dédollariser le groupe en augmentant leurs
échanges économiques avec leurs monnaies nationales. Si l’idée d’une monnaie commune revient souvent, elle
ne serait toutefois pas à l’ordre du jour du sommet. La volonté d’échanges
économiques dans des monnaies autres que le dollar américain s’est accélérée
avec le conflit en Ukraine : l’Arabie saoudite a pensé utiliser le
yuan chinois pour la vente du pétrole.
Un autre enjeu est l’adhésion
de nouveaux membres au sein du groupe : en 2022 et 2023, 22 pays
ont manifesté leur souhait d’adhérer aux BRICS. Des pays d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine souvent insatisfaits de l’Occident.
Plus complexe qu’une
alliance anti-occidentale
Toutefois, il serait étonnant
de considérer que les BRICS sont devenus une alliance anti-occidentale. Les
cinq membres n’ont pas la même vision. Si la Chine et la Russie ont bien ce
souhait de façonner un ordre indépendant des États-Unis, ce n’est pas l’avis
des trois autres membres, et surtout de l’Inde.
L’absence physique du
président russe Vladimir Poutine au sommet en est un exemple. L’Afrique du Sud
est membre de la Cour pénale internationale, qui a émis un mandat d’arrêt
contre Poutine. L’absence de ce dernier a pour but d’éviter à l’Afrique du Sud
de se mettre l’Occident à dos, car il semblait utopique que le pays arrête le
président de la Russie.
En outre, l’Inde
comme le Brésil se montrent réticents à l’accueil de nouveaux membres.
Le Brésil reste dans la sphère d’influence américaine, tandis que l’Inde
maintient une relation cordiale avec Washington et l’Occident, comme le
montrent les récents voyages du Premier ministre indien Modi aux États-Unis et
en France.
Considérer les BRICS comme un
groupe uni serait vite oublier la rivalité entre l’Inde et la Chine. Si
pour l’opinion
publique indienne, Russie et États-Unis sont des partenaires, la Chine
représente une menace.
Une chose est sûre, les BRICS
souhaitent un monde multipolaire où ils auront leur place. Mais l’opposition
aux États-Unis et à l’Occident ne fait pas l’unanimité. Ces derniers sont à la
croisée des chemins. Soit ils parviennent à s’entendre avec des pays clés comme
l’Inde, et évitent la constitution d’un axe russo-chinois trop fort. Soit
l’Occident s’aliène l’ensemble des BRICS et leurs alliés, avec le risque de
s’isoler.
Titre et Texte: Alexandre
Massaux, Contrepoints,
23-8-2023
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