sexta-feira, 14 de dezembro de 2018

Les “gilets jaunes” pour sauver la France que j'aime

Denis Tillinac

Ignoré des politiques, écrasé par la mondialisation à marche forcée, matraqué fiscalement, le peuple de France se lève pour défendre son mode de vie.

Photo: AFP
Le week-end dernier, je parcourais les pleins et les déliés de nos provinces sur des routes nationales et départementales. En remplissant mon réservoir, j'ai pensé à la tirade méprisante de Griveaux, porte-voix de la Macronie, visant les électeurs de droite qui - je le cite - « fument des clopes et roulent au diesel ». Je vote plutôt à droite, je suis un fumeur impénitent et ma voiture roule au diesel, décrété moins polluant que l'essence par d'anciens gouvernants. La France où je baguenaudais, c'est celle des “gilets jaunes” : patelins à la ramasse, boulots ingrats, fins de mois difficiles. J'en ai croisé à plusieurs carrefours, par petits groupes totalement pacifiques, sous un crachin déprimant. C'est le peuple de l'“ancien monde”, sans relais dans les corps intermédiaires, ignoré des politiques, des syndicats, des idéologues, des faiseurs d'opinion. Les gueux des “territoires”, qui risquent de perdre le soutien des classes moyennes à cause des casseurs, les autorités publiques entretenant cyniquement l'amalgame.

Dieu sait mon aversion pour les émeutes, les hystéries collectives, les ultras de la droite ou de la gauche qui pêchent en eaux troubles quand l'Histoire sort de ses gonds. Mais l'“ancien monde”, c'est le mien. Les villes moyennes environnées des milliers de clochers de notre antique ruralité, c'est la France que j'aime. Ayant choisi d'y vivre, je constate au jour le jour son dépérissement programmé par les sectateurs d'une “modernité” hors-sol.

Ceux qui n'ont ni le désir ni les moyens de la quitter sont au cœur de cette révolte. Ils peinent à conceptualiser leur désespérance, mais ils incarnent naïvement une forme de résistance à la logique mortifère d'une mondialisation à marche forcée qui nous menace tous. Leur revendication initiale n'avait rien d'outrecuidant. Ils ont compris que l'écologie est un alibi : enfumé par les technos de Bercy, le gouvernement les surtaxe à la pompe pour boucler son budget. Plus que les métropolitains, ils ont besoin de leur bagnole, outil professionnel et vecteur de leur liberté, comme l'était le cheval au Moyen Âge. Voilà pourquoi, bien que privilégié au regard de leurs conditions d'existence, je suis plutôt enclin à porter casaque jaune.

M'y inclineraient aussi les manipulations scandaleuses des faits historiques aux fins d'effrayer les Français. Le parallèle suggéré par Macron avec les “années trente” n'a aucune pertinence. Celui risqué par Castaner avec les émeutes du 6 février 1934 trahit, au choix, son inculture ou son penchant pour la combine. Au vu de ses prouesses depuis le début des débordements à Paris, on se demande comment il aurait réagi s'il avait dû se colleter avec les Croix-de-feu de La Rocque ou les camelots du roi de Maurras. Peut-être se serait-il débiné comme il l'a fait peu glorieusement après le premier tour du scrutin des régionales en Paca, face à une toute jeune femme de 25 ans, Marion Maréchal en l'occurrence.

Quand Darmanin croit apercevoir des « chemises brunes » sous les gilets jaunes, il insulte la mémoire des victimes du nazis me ou du fascisme. On se demande pourquoi Sarkozy avait nommé ce tourne-veste porte-parole. Macron a tort de s'entourer de faux habiles sans foi ni loi qui vibrionnent pour lui complaire. Tort d'ériger une frontière badigeonnée à la moraline entre un “progressisme” sans âme ni chair et un “populisme” que ses suiveurs caricaturent en pinçant le bec. Mieux vaudrait qu'il comprenne de quels désarrois, de quel marasme moral, de quels sentiments de précarité et de dépossession la colère des “gilets jaunes” est le symptôme.

À l'heure où j'écris, j'ignore quelles décisions il prendra dans les jours à venir. S'il biaise ou bombe le torse en imposant les taxes incriminées sous prétexte de ne pas se déjuger, son quinquennat sera aussi non avenu que celui de Hollande. Les “Gaulois” de l'“ancien monde” prennent leur juste revanche. Ils resteront “réfractaires” s'ils ne sont pas respectés. Autant dire que Macron a intérêt à changer de cap, de style, d'entourage - et le plus tôt sera le mieux. Car au long de l'histoire de France, beaucoup d'événements de grande conséquence ont débuté par une fronde antifiscale.
Titre et Texte: Denis Tillinac, Valeurs Actuelles


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