Élisabeth Lévy
Élisabeth Lévy revient sur l’affaire Mila,
une adolescente aussi victime de ceux qui ne veulent rien voir.
« En France, la
liberté de blasphème est protégée. Nous ne nous lasserons jamais de défendre la
liberté d’expression, dans toute sa plénitude. » Ces phrases ont été
prononcées le 15 janvier par Emmanuel Macron, devant témoins – c’était au cours
des vœux à la presse. Les admonestations présidentielles, la jeunesse islamisée
et indigénisée s’en tamponne le coquillard, à peu près autant que Cédric
Villani. Quelques jours plus
tard, des milliers de messages, mêlant injures, obscénités, menaces de mort et
de viol, sans oublier moult considérations générales sur les intentions prêtées
à Allah de châtier les outrages pour faire régner la paix et l’amour islamiques
sur terre, déferlaient sur une blasphématrice de 16 ans, aux yeux verts et aux
cheveux violets.
De l’inconvénient de blasphémer en étant mal accompagnée
Mila a grandi en Isère, dans une famille de la
classe moyenne qui lit Charlie et bouffe gentiment du curé. C’est une fille de
son temps, qui affiche son homosexualité et raconte tout ce qui lui passe par
la tête sur Insta. Le 20 janvier, au cours d’un live, elle papote avec ses
abonnés, notamment de son rêve de devenir chanteuse. Un internaute la drague,
elle l’éconduit, il rameute ses copains, et les injures fusent :
« sale pute », « sale gouine », « sale Française ».
Ça ne la calme pas, au contraire. Quelques heures plus tard, elle poste une
vidéo où elle déclare « détester la religion, toutes les religions »,
et plus encore celle dont se réclament ses agresseurs : « Votre
religion, c’est de la merde, le Coran il n’y a que de la haine là-dedans. Votre
Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul. »
Notre merveilleuse tolérance a laissé
prospérer une génération de petits barbares avec foi mais sans loi qui,
imperméables à toute altérité, disent « je vais te tuer » comme
d’autres « vous exagérez »
Ces quelques dizaines de
secondes deviennent très vite virales (alors que l’épisode précédent n’a pas
été conservé), suscitant une montée aux extrêmes instantanée de petites frappes
qui cherchent dans le Coran la réponse à leurs frustrations. Les loups de
papier se déchaînent et s’entrexcitent. On publie le nom et l’adresse de Mila,
on connaît son lycée, on l’attendra à la sortie. Toutefois, de nombreux musulmans, tout en
regrettant ses propos, condamnent les agresseurs. Pas Abdallah Zekri, le
délégué général du CFCM qui mange le morceau sur Sud Radio : « Qui
sème le vent récolte la tempête. Elle l’a cherché, elle assume. »
Le 11 janvier 2015, nous déclarions la guerre au fanatisme. Cinq ans plus tard,
la lapidation de Mila résume notre défaite, inscrite au carrefour de trois
dynamiques : la progression de l’islam radical, l’aveuglement des
« progressistes », l’impuissance de l’État.
La gauche, mi-gênée
mi-endormie
La sécession culturelle d’une
grande partie, peut-être la moitié, de la jeunesse musulmane de France, a fait
l’objet de nombreux travaux. L’hyper susceptibilité identitaire, qui nourrit
une haine ouverte de la France, se conjugue de surcroît avec une absence totale
de surmoi, un refus assumé des normes de la vie en société. Notre merveilleuse
tolérance a laissé prospérer une génération de petits barbares avec foi mais
sans loi qui, imperméables à toute altérité, disent « je vais te
tuer » comme d’autres « vous exagérez ». Entre aveuglement et
excusisme, les milieux dits progressistes ont encouragé cette propension à
« se lâcher ». Le 29 janvier, Le Monde n’avait toujours pas jugé
utile de signaler l’affaire Mila à ses lecteurs. Le reste de la presse «
de gauche » l’a traitée avec des pinces à linge sur le nez et
des gants Mapa [1] , observant que la jeune
fille était soutenue par l’extrême droite, de Marine Le Pen à Causeur (et
ta sœur elle est d’extrême droite ?). Dominique Nora, dans L’Obs, se
résout à défendre Mila, quoique en « mauvaise compagnie » (ça c’est
nous), tout en dénonçant le silence criant de la gauche. Presque drôle, le
patron du PS Olivier Faure affirme dans « Quotidien » qu’ajouter à la
polémique ne rendrait pas service à la jeune fille. Les féministes sont aux
champignons et, si le journal Têtu se déclare Mila sans réserve, beaucoup de
militants LGBT qui ne voient le mal que chez le mâle blanc se joignent à la
curée.
Bref, à l’exception du
Printemps républicain et des francs-macs, la gauche persiste à ne pas voir ce
qu’elle voit. Et voilà que le président, revenant des cérémonies du souvenir
d’Auschwitz à Jérusalem, croit malin de flatter lui aussi la fibre victimaire
des jeunes Français qui se la jouent colonisés en promettant une initiative
mémorielle sur la guerre d’Algérie. Auschwitz le matin, guerre d’Algérie le
soir, une cuillère pour les juifs, une cuillère pour les Arabes. Dans la même logique,
le parquet de Vienne décide courageusement d’ouvrir deux enquêtes, l’une sur
les menaces de mort, l’autre pour déterminer si les propos de l’adolescente
relèvent de la « provocation à la haine raciale » (alors même
qu’aucune plainte n’a été déposée). Surtout, ne pas choisir. Pire encore,
l’impayable Nicole Belloubet affirme sur Europe 1 : « Insulter les
religions c’est porter atteinte à la liberté de conscience », ce qui
revient à restaurer le délit de blasphème dénoncé par le président.
Notre situation ne s’arrange pas
En somme, quand l’État n’est pas complaisant,
il est impuissant. L’Éducation nationale ne peut pas garantir la
sécurité de Mila qui est déscolarisée – sans susciter de mobilisation de ses
camarades. Certes, Marlène Schiappa, qui a fini par se réveiller, a demandé une
protection pour la jeune fille. Vivre entre deux policiers, c’est tout ce que
la République peut proposer à ceux que l’on menace physiquement. Des racailles
à la sauce islamiste chauffées à blanc, une gauche complice et des
représentants de l’État qui ne songent qu’à passer entre les gouttes :
cette affaire Mila m’a rappelé une pancarte aperçue en novembre 2011, lors
d’une manifestation de soutien à Charlie. L’auteur avait écrit : « C’est
dur de vivr’ensemble avec des cons »
Depuis, ça ne s’est pas arrangé.
Relacionados:
Nenhum comentário:
Postar um comentário
Não publicamos comentários de anônimos/desconhecidos.
Por favor, se optar por "Anônimo", escreva o seu nome no final do comentário.
Não use CAIXA ALTA, (Não grite!), isto é, não escreva tudo em maiúsculas, escreva normalmente. Obrigado pela sua participação!
Volte sempre!
Abraços./-