Gabrielle Cluzel
La période critique est passée.
Noël s’est fait la belle. Plus aucun risque de blesser les petits cœurs
meurtris par le spectacle de la crèche et du petit Jésus endormi. De fête, il
ne reste plus que le Nouvel An. De notre ère, ma chère ! 2024 après… Jésus-Christ.
Coucou, le revoilou ! Les puritains de la gauche tartuffe - cachez ce sein
virginal qu’ils ne sauraient voir - sont, encore une fois, bien marris (sans
jeu de mots). En ce 31, dans tous les commerces, les membres du gang secret
répondant au nom mystérieux de FJN (Fête Joyeux Noël) ont encore sévi. Seuls
quelques mots ont changé : « Passez un joyeux réveillon de la
Saint-Sylvestre ! », ont-ils lancé à la caissière en reprenant leur carte
bleue. On peut tournicoter l’affaire dans tous les sens, édulcorer,
occulter, ignorer, contourner, éviter, ratiociner… notre société et notre
calendrier sont tout imprégnés de chrétienté. Pas moyen d'y couper.
Pauvre Saint-Sylvestre. Évêque de Rome en 314. Trente-troisième pape, sous le règne de l’empereur Constantin, il a vu la chrétienté d’Occident prendre son essor. C’est le soir de sa fête que, chaque année, le délitement du monde dont il a vu poser les fondations apparaît de façon éclatante. Les traditions qui lui sont associées sont les cotillons, les chapeaux pointus, les langues de belles-mères, les tirs de mortiers, les voitures brûlées… et les vœux présidentiels creux.
90.000 hommes - policiers,
gendarmes, militaires de Sentinelle - ont été mobilisés pour faire en sorte que
ce réveillon ne tourne pas à l’émeute : effectif maximal opérationnel
théorique. 90.000 Français qui, année après année, ont pris l’habitude - ou pas
- de ne plus passer ces fameuses « fêtes » en famille. Toujours sur le pont,
corvéables à merci, on leur reprocherait presque, en sus, de ne pas avoir le
don d’ubiquité. Évidemment, ils ne peuvent pas à eux seuls tenir le pays à bout
de bras.
Que nous réserve l’année 2024
? Nous l’ignorons. Beaucoup d’épreuves, sans doute, mais peut-être aussi des
motifs d’espérer. L'année qui finit a vu de braves gens se muer en gens braves
: du pèlerin au sac à dos d’Annecy au chevalier médiéval
qui a fait fuir les émeutiers à Montargis ; de Claire, jeune Parisienne violée par un migrant sous OQTF,
osant publiquement dénoncer l’impéritie de l’État, à Véronique, veuve du chauffeur de bus assassiné Bayonne,
criant sa révolte face au verdict si clément des juges pour les coupables ; de
la mère de Laura, égorgée avec sa cousine Mauranne, gare
Saint-Charles à Marseille, par un islamiste Tunisien frappé d’OQTF,
interpellant la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache sur un plateau télé,
aux parents de Thomas, à Crépol, réclamant que le motif raciste
soit retenu dans le procès des assassins de leur fils… la France bien élevée
semble enfin relever la tête. Et c’est une bonne nouvelle !
Titre et Texte: Gabrielle
Cluzel, Boulevard Voltaire, le 31 décembre 2023 à 19h00
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