Une foule d'anonymes s'était réunie le 7 février 2024 sur l'esplanade des Invalides pour partager l'hommage national aux victimes françaises du Hamas. Photo © Laurent CARON/ZEPPELIN/SIPA
Nous étions rassemblés en mémoire de la tragédie israélienne quand sortait sur nos écrans un film intitulé le Dernier des Juifs…
François d'Orcival
« L’attaque massive et
odieuse, le plus grand massacre antisémite de notre siècle. » On ne
l’oubliera pas. Dans la cour d’honneur des Invalides, devant les gardes
républicains qui portent les 42 photographies des suppliciés franco-israéliens
du 7 octobre, le président de la République dénonce la barbarie et lesbrigades infernales. C’était il y a huit jours, le 7 février. Emmanuel
Macron a pris la parole avant de s’incliner, accompagné de son épouse, devant
les familles des victimes. Il a certes fallu quatre mois à la France pour
accomplir ce geste, mais elle l’a accompli, avec tous les honneurs, et elle est
la seule au monde à l’avoir fait.
C’est pendant ce recueillement
que j’ai appris qu’un film français, déjà sur nos écrans, s’intitulait le Dernier des Juifs. Dans le silence qui
suivit le Kaddish de Maurice Ravel et la
Marseillaise du chœur des armées, ce seul titre faisait froid dans le
dos. Nous étions rassemblés en mémoire des victimes d’un massacre qui venait
d’avoir lieu en Israël et un film portait, chez nous, à Paris, le titre
du Dernier des Juifs… Que voulait-il dire ? Ce qu’il donne à voir
par l’image, c’est ceci : les villes de banlieue qui cernent la capitale, au
nord et à l’est, se vident de leurs communautés juives. Les synagogues ont
fermé, les magasins israélites avec elles.
«En ce moment, quand je dis le mot “juif”, c’est radioactif comme terme»
Ce film a été tourné à Noisy-le-Sec, entre Romainville et Rosny-sous-Bois, au nord-est de Paris. Le Strasbourgeois Noé Debré, dont c’est le premier long métrage, a voulu montrer « la vie juive dans les quartiers populaires » et comment le départ de chaque famille y est vécu comme une rupture sans espoir de retour. Agnès Jaoui interprète le rôle de la mère d’un garçon de 26 ans, qui sera le seul survivant de l’histoire. Cette finale, elle la redoute, ne veut pas la voir, au point d’en mourir par accident.
Dans la vraie vie, elle dit au Parisien : «
En ce moment, quand je dis le mot “juif”, c’est radioactif comme terme. La
parole, les mots, sont devenus dangereux. » De ces phrases
radioactives, le film en est plein. D’autant qu’Agnès Jaoui ne pouvait pas
imaginer qu’à la fin du montage du film, elle allait apprendre qu’une partie de
sa famille venait d’être horriblement frappée, le 7 octobre, en Israël, dans un
kibboutz proche de Gaza. Elle venait de perdre cinq membres de sa famille
paternelle, une enfant et sa grand-mère assassinées, deux enfants et leur père
kidnappés… « Une tristesse infinie », dit-elle.
En
huit ans, tout a changé. Ce qui est vrai à Sarcelles l’est aussi ailleurs
Dans la foule qui accompagnait
de sa piété les familles des suppliciés d’Israël figurait un autre témoin,
François Pupponi, l’ancien maire de Sarcelles et ancien député de cette
circonscription du Val-d’Oise. Sa présence n’était pas une surprise. Il était
venu manifester sa solidarité. Pour avoir vécu chez lui, sans les massacres ni
les coups de feu, certes, mais la même submersion dans le temps. Il était donc
élu de Sarcelles depuis dix-sept ans quand, le dimanche 20 juillet 2014, il est
pris par surprise par une manifestation de salafistes dans sa ville. Ce qu’il
rapporte dans un livre (paru aux Éditions du Cerf sous le titre les Émirats de la République) : un «
dimanche de cristal ».
« J’ai vu déferler une
horde barbare dans les rues de cette “petite Jérusalem” qui borde la synagogue
de Sarcelles… » Il a commencé par entendre une clameur furieuse,
enragée, « et puis les hurlements nous sont parvenus plus nettement. Ça
criait “Mort aux Juifs !”, “On va vous brûler !” »… Les familles juives
étaient barricadées dans leurs appartements. Ce défilé avait pour but de
manifester son soutien « à la population de Gaza », de dénoncer
les « crimes de l’armée israélienne » … Déjà ! Il flottait,
dira le maire, « un air de pogrom ». Il ne l’a pas oublié parce que
ce fut un début, le signal de l’arrivée des islamistes. Trois ans après, il
était encore réélu député, mais ce sera la dernière fois. En 2022, il est battu
par le fils d’un Congolais, membre de La France insoumise.
En huit ans, tout a changé. Ce
qui est vrai à Sarcelles l’est aussi ailleurs. À condition de ne pas être
aveugle.
Titre et Texte: François
d'Orcival, Valeurs
Actuelles, nº 4551, du 15 au 21 février 2024
20-2-2024: Oeste sem filtro - Lula dobra a aposta e Brasil denuncia Israel em Haia
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