C’était en octobre dernier.
À BV, nous avions lu avec intérêt l’invitation du président de la
République au débat dans le cadre des États généraux de l’information.
« L’accès à une
information libre, indépendante et à laquelle on peut se fier est bien l’une
des conditions de la démocratie : elle permet à chacun d’exercer pleinement et
en toute lucidité sa citoyenneté dans un cadre pluraliste. »
Une information libre,
indépendante, fiable ? À BV, on en tremblait d’émotion. Enfin
! « En toute transparence et dans le cadre d’un processus ouvert et
contradictoire, les Etats généraux devront associer toutes les parties
prenantes ainsi que les citoyens », poursuivait le Président. Comment
refuser cette main tendue ?
Évidemment, le comité de pilotage indépendant, choisi avec soin par le même Emmanuel Macron ou ses conseillers, rassemblait Bruno Patino, ancien patron de Télérama et actuel patron de la chaîne Arte, réputé proche du pouvoir ; le fameux Christophe Deloire, opposant compulsif et obsessionnel à Vincent Bolloré. « Bolloré accapare des médias et réduit le journalisme », lançait-il au micro amical de France Inter, le 24 juillet dernier ; Nathalie Collin, ancienne dirigeante de Libération et de L’Obs, ou encore l’économiste Anne Perrot, qui avait eu la bonne idée de signer, en avril 2017, « l’appel de quarante économistes : "Pourquoi nous soutenons Emmanuel Macron" », dans Le Monde.
Mais il ne faut préjuger de
rien, n’est-ce pas ? Le 5 octobre 2023, notre directeur adjoint Marc Baudriller
postule donc officiellement. « Chers confrères, je viens ici poser ma
candidature et celle du média en ligne BV pour une
participation aux travaux des États généraux de l’information lancés le 3
octobre 2023. »
Notre journaliste ajoute
quelques mots plus personnels pour légitimer cette demande. « Journaliste
spécialisé dans l’actualité des médias durant plus de dix ans à Stratégies,
puis chef de rubrique et grand reporter à Challenges avec la
même spécialité durant plus de 17 ans, je connais bien ces problématiques pour
les avoir longuement travaillées. J’ai par ailleurs été élu à deux reprises à
la présidence de la Société des journalistes de Challenges. » C’était
avant de rejoindre Boulevard Voltaire. « Je compte
travailler en toute transparence et en toute objectivité, sans sous-estimer les
risques graves qui pourraient naître de ces conversations pour la liberté de la
presse », ajoutait Marc Baudriller sans excès de naïveté.
Dans sa missive, BV insistait
sur la nécessaire participation de médias alternatifs, de médias nouveaux et de
médias d’opinion de tous bords, « pour que le mot pluralisme ne
soit pas un vain mot ». C’est à ces conditions que les travaux
pourront déboucher sur « des propositions concrètes afin d’anticiper
les évolutions à venir dans le champ de l’information », l’objectif écrit
de ces États généraux, ajoutions-nous. Et que ces propositions pourront être
légitimement prises au sérieux à la fois par le pouvoir et par les Français.
Enfin, nous le disions tout
net : « Grand site d’actualité de droite, BV souhaite
que les États généraux de l'information ne rejoignent pas le vaste cimetière
des comités Théodule coûteux et sans lendemains, voire les dispositifs
dangereux pour la liberté d’opinion. »
La réponse tombe le 17
octobre. Très civilement, un représentant des États généraux nous remercie par
courriel pour notre candidature. Mais voilà, « après un examen attentif
par le comité de pilotage et par les présidents des groupes de travail, elle
n'a pas été retenue ». Non ? Ça alors ! Le correspondant des États généraux
nous propose d’envoyer une contribution écrite sur le site Internet. Autant
dire une lettre à Tombouctou, poste restante.
La réponse de Marc Baudriller
part le jour même par courriel : « Cher Monsieur, je vous remercie
pour votre réponse. J'aimerais savoir comment ont été constitués les comités de
pilotage, qui en fait partie et quels sont les critères précis de sélection. Je
ne puis croire que le choix des participants à ces travaux soit effectué de
manière subjective. » La missive est restée sans réponse à ce
jour. C’est que l’exercice est exigeant : que disait Macron, déjà ? «
En toute transparence et dans le cadre d’un processus ouvert et contradictoire,
les États généraux devront associer toutes les parties prenantes ainsi que les
citoyens. » Merci de ne pas réveiller le confortable ronron des
censeurs qui se cooptent entre eux. CQFD.
Titre et Texte: Boulevard Voltaire, 15 février 2024 à 21h39
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