"Causeur" s'associe à MICA pour
lancer une webtélé
Elisabeth Lévy
La webtélé REACnROLL sera la maison de ceux
qui se sentent parfois des «mécontemporains» mais aussi de tous ceux qui
veulent dialoguer avec eux.
C’était un mot destiné à
abattre. Rejeton du plouc et du facho, le réac était, dans l’esprit de ceux qui
le dénonçaient à longueur d’éditos, le Gaulois réfractaire au
devenir-progressiste du monde, l’empêcheur de s’ébahir en rond d’avoir une si
belle âme. Un infréquentable qu’il fallait vouer à la mort sociale.
Cette entreprise d’épuration
morale – ou prétendument telle – a échoué. Non seulement la litanie des procès
staliniens et autres listes noires n’a pas permis d’éliminer les dissidents,
mais elle a fait d’eux des emblèmes de la liberté de pensée auprès d’un vaste
public qui ne partage pas forcément leurs idées (d’autant qu’eux-mêmes sont
loin d’être d’accord entre eux), mais qui en a marre qu’on lui dise ce qu’il
faut penser et qui il a le droit d’écouter.
C’est ainsi que
« réac » est devenu un nom de famille qu’on arbore avec ironie, le
signe de ralliement d’une tribu baroque où l’on aime s’engueuler et réfléchir
en s’amusant, car on y refuse aussi avec la dernière énergie d’être englué dans
l’esprit de sérieux du temps. Le regretté Jean Baudrillard l’avait compris par
avance, lui qui, dans un texte célèbre, se demandait : « Pourquoi
tout ce qui est moral, conforme et conformiste, et qui était traditionnellement
à droite, est-il passé à gauche ? »
Les « réacs »
peuvent être, selon l’ancienne terminologie, de droite, de gauche, et même du
centre, libéraux ou jacobins, adeptes du nucléaire ou décroissants, partisans
de l’ordre ou zadistes dans l’âme. Lecteurs de Finkielkraut, Kundera, Houellebecq,
Muray, Modiano ou Orwell, ils n’ont en commun « que » leur amour des
œuvres du passé et leur conviction, pour les plus jeunes et/ou les moins
désespérés, que quelque chose du vieux monde doit être sauvé. Ce qui ne les
empêche pas de jouir des bienfaits du nouveau.
L'Esprit de l’Escalier, l'#émission culte d’Alain #Finkielkraut, est de retour en exclusivité sur #RNR. Dans cet extrait, le #philosophe répond à @ELevyCauseur sur #NotreDame.— RÉACnROLL TV (@rnr_tv) 30 de abril de 2019
Retrouvez la suite plus tard aujourd'hui sur notre page #Facebook ⤵https://t.co/MmCGwCUFRZ pic.twitter.com/IjdwEmU6WD
« Ils sont
partout », se plaignent ceux, qui des décennies durant, avaient fini par trouver
normal de ne débattre qu’avec leurs semblables. Pourtant, les
« réacs » n’ont pas gagné la guerre des idées, mais assurément celle
du réel. « Il faut dire ce que l’on voit, mais surtout il faut voir ce que
l’on voit », disait Péguy. Or, une large part du public voit aujourd’hui
ce que les plus avisés d’entre eux voyaient il y a vingt ans : territoires
perdus, sécession islamiste, catastrophe scolaire sans oublier la progression
implacable de l’Empire du Bien diagnostiquée par Muray en 1991.
Pour autant, quand une représentation d’Eschyle est interdite à la Sorbonne,
que la réception d’Alain Finkielkraut à Sciences Po doit se faire sous haute
surveillance, que les lubies diversitaires les plus dingues ont droit de cité à
l’Université et que l’écriture inclusive s’impose à Normale Sup, décréter que
le politiquement correct a perdu revient à confondre hégémonie et majorité.
Relookée en « camp progressiste », la « gauche sociétale »
d’hier (qui était la « gauche morale » d’avant-hier) est devenue le
bras armé du combat festiviste. Ce n’est plus du capitalisme, mais du passé humain
dans son ensemble qu’elle veut faire table rase, toute fière qu’elle est de
contribuer à l’édification d’un nouvel homme délivré de l’antique division des
sexes et des nations.
En réaction à la norme
étouffante du progressisme de la table rase, nous voulons que notre pays
retrouve l’art de la conversation publique qui a souvent été dans l’histoire la
poursuite de la guerre idéologique par d’autres moyens. Voilà pourquoi Causeur et
MICA (déjà producteur de Michelonfray.com et de Polony TV) s’associent pour créer
REACnROLL, une web TV (payante) dont le seul code sera la liberté de l’esprit.
Nul n’y sera réprimandé pour des phrases trop longues ou des tournures trop
compliquées. Et il n’y sera pas seulement question de politique ou des sujets
triés par l’impératif de l’actualité, mais de tout ce qui nous parle de
l’évolution de l’espèce, de la poésie à la surveillance numérique. On y verra
les têtes connues, mais aussi les discrets et les taiseux, les grands aînés et
les générations futures.
REACnROLL sera, en somme, la
maison de tous ceux qui se sentent parfois des « mécontemporains » –
mais aussi tous ceux qui veulent dialoguer avec eux. Car nous ne rêvons
nullement d’un monde où tout le monde penserait la même chose que nous.
REACnROLL : chaque jour des chroniques et des débats, tout en vidéo,
sur la vie politique, médiatique et culturelle.
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Avec la jeune garde conservatrice : Eugénie BASTIÉ, Mathieu
BOCK-CÔTÉ, Alexandre DEVECCHIO, Barbara LEFEBVRE…
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Mais aussi leurs aînés « mécontemporains »: Alain
FINKIELKRAUT, Marcel GAUCHET, Pierre MANENT, François SUREAU, Philippe VAL,
Marin de VIRY, Eric ZEMMOUR…
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Et le retour de l’émission culte d’Elisabeth LEVY : « L’Esprit de l’escalier »
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Pour découvrir notre nouvelle webTV, en accès gratuit jusqu’au 13 mai,
rendez-vous sur RNR.TV
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