Benoît Rittaud
À en croire certaines prévisions passées,
2020 devait être une année où la catastrophe climatique se verrait partout sur
la planète. Bien évidemment, rappelle Benoît Rittaud, mathématicien et
président de l'Association des climato-réalistes, il n'en est rien.
Milloy rapporte également les
propos d'un scientifique de l'agence américaine pour l'environnement qui, en
1986, prédisait une hausse de 60 centimètres du niveau de la mer en Floride
(pour 2020, donc). La hausse réelle a été six fois moins élevée. Certes peu
connue pour son goût de la modération, l'ONG Greenpeace annonçait de son côté
que, en 2020, divers pays insulaires du Pacifique seraient plongés dans le
marasme économique à cause du réchauffement climatique. Là encore, on cherchera
en vain l'exemple de semblables désolations.
La fin du monde n'a pas eu
lieu en 2020. Elle n'aura pas lieu demain non plus, mais rien n'empêche de
l'annoncer pour la prochaine année finissant par 0…
Ces annonces catastrophistes ne sont pas le privilège des organisations militantes, on l'a vu. Le très sérieux Guardian rapportait, en 2004, les conclusions sans nuance d'un rapport tout ce qu'il y a de plus sérieux du Pentagone selon lequel pénuries d'eau et d'énergie étaient susceptibles de « plonger la planète dans la guerre » d'ici à 2020. Famines, sécheresse… : les habituels cavaliers de l'apocalypse étaient convoqués, y compris d'ailleurs les maladies, à ceci près que le coupable n'était pas un pangolin du marché traditionnel de Wuhan mais bien le réchauffement climatique. Au sujet des pénuries d'énergie, on ignore si l'état-major de l'armée américaine avait alors imaginé qu'en France une marche forcée vers une “transition énergétique” faite de solaire et d'éolien affaiblirait notre réseau de distribution d'électricité au point de faire redouter des coupures hivernales… Certains désastres sont trop difficiles à prévoir — et pourtant eux se produisent !
Pour revenir aux prévisions
(ou promesses) fallacieuses, c'est avec une certaine ironie que Steve Milloy
nous fait découvrir, ou plutôt redécouvrir, les grandes proclamations de l'Inde
et de la Chine à l'époque de la Cop15 de Copenhague, celle qui, en 2009,
constituait (déjà !) le rendez-vous de la dernière chance pour sauver la
planète. (Comme on le sait, c'est finalement la Cop21 qui a finalement endossé
le rôle avec l'accord de Paris de 2015.) À Copenhague, donc, “pour la première
fois”, les pays en développement proposaient d'agir de leur côté en limitant la
hausse de leurs émissions de CO2. La Chine annonçait pour 2020 une réduction de
40 à 45 % de ses émissions par rapport à l'augmentation alors prévue depuis
2005. Résultat : ses émissions réelles depuis 2005 ont augmenté de 85 %. De son
côté, l'Inde, qui s'engageait sur un ralentissement de 20 à 25 % de la
croissance de ses émissions, les a accrues de 150 %. Telle est la magie permise
par les chiffres de “réduction de l'augmentation”, ainsi que celle des
promesses qui n'engagent que ceux qui les croient. Force est de constater que
tous les pays n'ont pas ces pudeurs transitionnelles ; même fragilisées par
leurs énormes besoins, l'Inde ou la Chine laissent les risques de black-out
électrique aux pays les plus climatiquement repentants, la France et l'Europe -
on ne s'étonnera pas de constater qu'il s'agit aussi des pays dont la dynamique
économique est au ralenti.
La fin du monde n'a pas eu
lieu en 2020. Elle n'aura pas lieu demain non plus, mais rien n'empêchera
jamais de l'annoncer pour la prochaine année finissant par 0, quitte à la
repousser de dix ans quand l'échéance approchera. En découvrant les prophéties
sur l'augmentation de la température globale en 2020 (+ 3 degrés Celsius par
rapport à 1987 selon James Hansen, l'un des grands meneurs de l'alarmisme
climatique — la réalité a été de l'ordre de + 0,4 degré), on ne peut s'empêcher
de songer : vivement 2030 ! Qu'on tire tout cela au clair. Hélas, les grandes
avalanches de prophéties à confronter au réel sont à attendre plutôt pour 2050
ou 2100. Ce dernier millésime est certes lointain, mais il faut bien comprendre
que son grand avantage pour les prêcheurs d'apocalypse climatique est
précisément celui-là : être situé suffisamment loin dans l'avenir permet de
tenir les pronostics à bonne distance de toute confrontation avec le monde réel
et donc de faire prospérer sans crainte les fantasmes millénaristes de notre
temps.
Titre et Texte: Benoît
Rittaud, mathématicien, président de l’Association des climato-réalistes, Valeurs
Actuelles, nº 4388, du 31 décembre 2020 au 4 janvier 2021
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