Jacques de Guillebon
La gauche. Abominable mot désignant une abominable réalité qu’on ne devra jamais se lasser de nommer, de décrire et de dénoncer, espérant pouvoir en un jour en débarrasser l’humanité. Quand des petits malins en campagne, donc en quête d’électeurs, proclament partout que c’en est fini du clivage droite-gauche, l’imbécile – qui est généralement de droite – les croit, regarde le doigt plutôt que la lune, et prend pour une redéfinition idéologique ce qui n’est que tactique éphémère.
Car non seulement rien n’a
changé dans ce qui fait le fond de la gauche, c’est-à-dire la révolution, sinon
l’ordre de ses priorités, mais au contraire elle est belliqueuse comme jamais,
conquérante comme Tamerlan, et emprunte désormais n’importe quelle voie,
autoroute, boulevard, sente ou chemin de traverse pourvu que ça la mène à son
double but, déjà bien atteint, de déconstruire la nature humaine d’un côté,
d’assigner les individus à des identités perpétuelles de l’autre côté. Deux
objectifs qui ne sont contradictoires qu’en apparence : il n’y a plus de bien
ni de mal philosophiquement ou religieusement descriptibles, bref il n’y a plus
d’homme ; seulement des victimes et des bourreaux. Le mâle blanc n’est plus un
être humain traversé de grandeurs et de turpitudes, de péché et de salut : il
est simplement un mâle blanc, incapable de fait de réagir et de penser
autrement que ce que ces caractéristiques seulement physiques impliquent.
Il faut conserver
l’ordre qui n’est pas la soumission. La droite doit être au temporel ce que la
grâce est au surnaturel : ce qui ne niant pas la nature la surélève
En revanche, le mâle arabe
djihadiste n’est jamais le fruit de sa religion, l’islam, mais un monstre
incompréhensible qui aurait dû être bon mais que la domination coloniale,
chrétienne et européenne a noyé dans un océan de ressentiment et de violence.
Il n’y a plus de péché originel inscrit dans le cœur de l’homme ; il n’y a qu’une source du mal, l’occident, ce continent diabolique des hommes, des blancs, des chrétiens, ce Mordor perpétuel. Ceci est une pensée de gauche, personne ne peut dire le contraire. Qui nie donc l’existence de la gauche se fait complice de ces crimes.
En face, il y a donc la droite et qu’une partie de cette droite ait trahi et trahisse encore n’en fait absolument pas disparaître l’essence. La principale trahison de la droite tient dans la fascination qu’elle éprouve pour les infâmes inventions de la gauche diversitaire. Ce qui est une tentation facile : en effet, le mensonge est varié, imaginatif et sans limite ; la vérité qui est une est limitée dans sa description sinon dans sa réalité. Aussi, si la gauche dit mariage pour les homosexuels, PMA, GPA, euthanasie, avortement par exemple ; mais aussi écriture inclusive ; 178 genres parmi lesquels choisir ; si elle dit grossophobie, validisme, dysphonie de genre ; si elle invente trois-cent-dix maladies par jour, et autant d’accusations à l’encontre de qui ne les reconnaît pas, la droite qui se veut gardienne du réel est bien désarmée, tant son réel est banal, répétitif et surtout marqué, recru, couturé par l’épreuve des siècles. N’y a-t-il donc plus rien à conserver, comme le disait Pierre Boutang ?
Au contraire, il y a tout à
conserver, en commençant par le mot droite lui-même. Mais non pas conserver les
erreurs passées qu’on nous a imposées et dont on a cru qu’il fallait
s’accommoder. Il faut conserver la France, pas forcément cette République. Il
faut conserver le mariage, pas forcément sa forme bourgeoise et insincère ; il
faut conserver l’instruction, pas forcément cette éducation nationale ; il faut
conserver la propriété, pas forcément le capitalisme ; il faut conserver
l’Église catholique, pas forcément sa forme d’ONG ; il faut conserver le droit
d’asile, pas forcément l’immigration ; il faut conserver le patrimoine et la
création artistique, pas forcément la culture.
Enfin, il faut conserver
l’ordre qui n’est pas la soumission. La droite doit être au temporel ce que la
grâce est au surnaturel : ce qui ne niant pas la nature la surélève. Ce qui ne
niant pas l’organisation empirique du monde lui offre une voie supérieure de
libération non pas imaginée comme arasement mais comme poursuite. Il faut
conserver l’art de conserver, c’est-à-dire le rénover.
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