sexta-feira, 1 de abril de 2022

Affaire McKinsey : pourquoi c'est une affaire d'État


Agissant comme un puissant révélateur de l'incurie macronienne, l'affaire McKinsey met les membres de l’exécutif dans un embarras qu'ils n'arrivent plus à cacher. Étonnamment pourtant, la question des conflits d'intérêts du cabinet américain avec l'industrie pharmaceutique est rarement soulevée dans les médias et par les adversaires politiques du Président.

"Récupérations politiques", "manipulations grossières". Hier, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Amélie de Montchalin, accompagnée du ministre des Comptes publics Olivier Dussopt, n'a pas hésité à crier au complot électoraliste lors de leur conférence de presse spécialement organisée dans la soirée du 30 mars dans l'espoir de déminer l'affaire McKinsey. Manière absurde et lamentable de faire diversion. Car le recours par l'exécutif à d'onéreuses firmes anglo-saxonnes de "conseil en stratégie" est évidemment une faute politique, qui a été commise à répétition sous les yeux de Français depuis cinq ans.

L'affaire est complexe. Pour la comprendre, il convient de lire le livre d'enquête que deux journalistes de l'Obs, Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, viennent d'écrire à ce sujet (Les Infiltrés - Comment les cabinets de conseils ont pris le contrôle de l'État, éd. Allary) ainsi que le rapport de la commission d'enquête du Sénat qui a été publié il y a quinze jours sur "l'Influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques". Où l'on découvre, pantois, les pratiques de McKinsey, cette entreprise emblématique du capitalisme le plus sauvage, qui emploie d'anciens hauts fonctionnaires français, parfois militants politiques à leurs heures perdues (bien souvent chez En Marche), afin de vendre à l'État à des prix exorbitants des prestations intellectuelles basiques. On pense notamment à ce rapport sur "l'avenir du métier d'enseignant" facturé 496 800 euros. Un rapport qui s'avère n'être qu'une simple compilation de données publiques, destinée à un colloque international n'ayant jamais eu lieu !

Ou l'on apprend aussi que les consultants de McKinsey n'ont pas hésité à se prendre pour des décideurs publics dans le cadre de leurs missions au cœur de la République, en rédigeant par exemple des notes internes sous sceau administratif... au lieu du papier à en-tête de leur société. Face à de telles méthodes, les sénateurs ont logiquement pointé une « réelle influence sur la prise de décision ». Autrement dit, l'existence d'une "consultocratie" jusqu’au sommet de l’État macronien. Ajoutons à cela les soupçons qui pèsent à présent contre Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public de McKinsey de son état, ayant déclaré sous serment en janvier devant la commission d’enquête du Sénat que son entreprise payait l'impôt sur les sociétés en France. Ce qu’Arnaud Bazin, président (LR) de ladite commission sénatoriale, a démenti, chiffres du fisc à l’appui. La justice a été saisie lundi 28 mars pour suspicion de faux témoignage.

Mais le véritable scandale dans cette affaire se situe sans doute ailleurs. Il tient en une question : comment le gouvernement a-t-il pu faire appel à McKinsey pour l'aider à mettre en place sa politique vaccinale face à la pandémie ? D’autant que de toute évidence, la firme américaine n'était absolument pas le prestataire indiqué. Non pas en raison de son manque de compétences, mais tout simplement du fait des compromissions accablantes du cabinet avec l'industrie pharmaceutique. McKinsey compte en effet de nombreux laboratoires mondiaux parmi ses clients, à commencer par Pfizer. Un conflit d'intérêts qui ne laisse pas d'interroger.

Les liens de McKinsey avec l'industrie pharmaceutique sont notoirement toxiques. La firme est notamment impliquée dans l’un des plus grands scandales sanitaires de l'histoire des États-Unis : l'affaire OxyContin, du nom de cet opioïde produit par le laboratoire Purdue. Pour doper ses ventes, ce fabricant de médicaments a eu recours pendant vingt ans à une politique commerciale ultra-agressive, causant la mort présumée de quelque 450.000 Américains par overdose. En novembre 2020, Purdue a plaidé coupable de ces accusations devant la justice fédérale. Un mois plus tard, le 8 décembre 2020, la direction de McKinsey, mise en cause par le New York Times pour avoir recommandé à Purdue cette politique commerciale délétère, a reconnu publiquement « une erreur ».

En travaillant avec une entreprise à la fois liée à Big Pharma et fautive, de son propre aveu, dans son approche des questions de santé, la Macronie a commis une gravissime erreur politique. Et ce ne sont évidemment pas des seconds couteaux comme Amélie de Montchalin ou Olivier Dussopt qui sont parvenus hier à prouver le contraire. La responsabilité politique de cette affaire incombe en réalité à une seule personne : Emmanuel Macron.

Titre et Texte: Rédaction, Front Populaire, 31-3-2022

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