Devant l'ONU, les dirigeants du monde ont
joué cartes sur table
Henri Temple
Les grands de ce monde ont joué cartes
sur table. Devant l’ONU, ils ont clairement exposé les clivages internationaux.
Et quand Donald Trump a fait preuve de réalisme, Emmanuel Macron a péché par
idéalisme.
Devant l’Assemblée générale
des Nations Unies, les discours ont été à plus d’un titre exceptionnels, mardi
25 septembre. Le secrétaire général, Antonio Guterres, dont on connaît le parti
pris doctrinaire, avait pourtant ouvert, quoiqu’à mots couverts, les
débats de façon très polémique, ce qui est contraire à sa
fonction.
Si les discours des chefs
d’Etat ont été si singuliers, ce n’est pas tant par leurs qualités
intellectuelles que parce qu’ils ont montré au grand jour et sans faux
semblants la totalité des clivages qui parcourent la planète. Clivages
politiques (par rapport au Vénézuela socialiste), géopolitiques et religieux
(vis à vis de l’Iran), écologiques (tentative par la France d’isoler les
Etats-Unis !), militaires et économico-politiques.
Le protectionnisme contre le reste du monde
Sur le terrain de l’économie,
une fois encore, le conflit a été parfaitement désigné entre le
multilatéralisme et… le reste, parfois nommé bilatéralisme, unilatéralisme,
patriotisme, nationalisme (sans oublier les
récurrents « autarcisme » et « repli sur soi »). Le
fait que le conflit idéologique (devenu très brutal sur le terrain) soit
clairement désigné ne signifie pas pour autant qu’il a été bien exposé et bien
débattu. La sempiternelle reductio ad Hitlerum qui accompagne tout
discours contre le protectionnisme ne suffira jamais à remplacer un vrai débat
sur l’idée de protection d’un système national économique et social. De ce
point de vue on ne peut être que frustré de la prestation d’Emmanuel Macron. Le
fait que tant d’orateurs perdent leurs nerfs sur ce sujet révèle une impuissance
intellectuelle qui devrait susciter le recours aux analyses et débats de vrais
intellectuels. La fameuse phrase : « La philosophie du
protectionnisme, c’est la philosophie de la guerre » doit être
restituée à son auteur, Ludwig von Mises, et dans le sens qu’il lui avait donné
entre les deux guerres. Tout ceci, en définitive, doit conduire
irrésistiblement à revenir à la définition de l’économie par sa fonction.
Puissance et impuissance des grands de ce monde
Donald Trump de son côté a
distribué les bons points à ses alliés (Pologne, Israël, et même, en prenant
des risques, Corée du Nord) et les cartons rouges à ses ennemis (Iran,
Venezuela, et ses deux millions de réfugiés, pour lequel il a demandé à juste titre
une action forte de l’ONU). Il a également réaffirmé l’attachement de son
administration à la doctrine Monroe qui fait des Amériques la chasse gardée des
Etats-Unis et implique que ces mêmes Etats-Unis n’interfèrent pas dans les
affaires européennes ou du reste du monde ; en omettant toutefois de préciser
qu’il entendait cette doctrine à la lumière du « corollaire
Roosevelt », c’est à dire en se réservant d’intervenir partout où les
intérêts des Etats-Unis seraient menacés.
Le discours, énervé, d’Emmanuel
Macron manquait lui de fond et de réalisme. La phrase, « ne
signons plus d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas
l’accord de Paris », sitôt proférée, paraissait comme un
capricieux et velléitaire aveu d’impuissance.
Mal à l’aise sur la question
migratoire, si explosive en France, alors que le président américain, fidèle à
sa ligne, avait déclaré ne pas vouloir soumettre la volonté démocratique du
peuple américain sur ces questions à des instances extérieures, Emmanuel Macron
donnait des explications embrouillées sur l’incident de
l’Aquarius. Puis il ajoutait quelques vieux poncifs sur la santé, la
scolarisation, l’égalité hommes-femmes comme solution aux flux migratoires.
Malheureusement, de ces débats
fondamentaux la plupart des médias n’ont retenu que les rires de l’assistance
quand Donald Trump, en campagne électorale, a fait son auto-promotion.
Quand le tweet montre la lune l’idiot regarde le tweet.
Henri Temple, Politiste, ex-professeur de droit économique, expert
international, philosophe. Causeur,
26-9-2018
Nenhum comentário:
Postar um comentário
Não publicamos comentários de anônimos/desconhecidos.
Por favor, se optar por "Anônimo", escreva o seu nome no final do comentário.
Não use CAIXA ALTA, (Não grite!), isto é, não escreva tudo em maiúsculas, escreva normalmente. Obrigado pela sua participação!
Volte sempre!
Abraços./-