Louis de Raguenel, Tugdual
Denis et Geoffroy Lejeune
Face à notre journaliste, le président de
la République revient sur son déplacement à Mayotte et La Réunion et
l'importance de se saisir des sujets qui divisent la France.
Le président de la République
avait prévenu les passagers de son Airbus : le décollage serait «
spécial ». Déjà annoncée en amont du voyage d'Emmanuel Macron à La
Réunion, l'éruption du piton de la Fournaise a cette fois bien lieu. L'avion
d'un chef d'État ne dansant pas au dessus d'un volcan, nous contournerons le principal
cratère. Le pilote, un officier de l'armée de l'air, incline l'appareil pour
offrir une vue imprenable, depuis le ciel, sur les multiples cavités. Spectacle
époustouflant et métaphore presque trop facile d'un pays toujours au bord de la
fusion.
Mayotte et sa situation rendue
impossible par l'immigration clandestine venue des Comores, La Réunion et son
terreau social explosif, la France périphérique mouchetée de “ gilets jaunes ”
à la colère sourde, un pays entier régulièrement meurtri par le terrorisme
islamiste : Emmanuel Macron gouverne une France bien trop blessée pour ne pas
avoir à répondre à des problématiques qui font mal. Le malaise national,
interminable cancer d'une identité malmenée, impose un diagnostic sans
faux-semblant et un traitement de cheval. C'est au nom de ces patients français
et des lecteurs de Valeurs actuelles que nous avons préparé
pour le jeune président des questions sans ambages. Point de délices de la mise
en abyme personnelle ni de feutre de la stratégie du pouvoir : les faits, les
maux, les solutions.
Comment continuer à prétendre
qu'il n'y a pas de lien entre islam et islamisme ? Comment différencier la
femme radicalisée de celle portant un voile ? Pourquoi culpabiliser notre
société quand certains reprochent à une femme de se mettre en marge de la
société en choisissant délibérément d'accompagner son enfant en portant un
voile lors d'une sortie scolaire ? Comment déployer une politique migratoire
quand le “ en même temps ” vous fait tenir la double promesse d'être à la fois
“ humain ” et “ impitoyable ” ?
Existe-t-il chez Emmanuel
Macron un “ impensé ” sur ces questions, comme le lui reproche la droite ?
Après de multiples demandes depuis son arrivée au pouvoir, son entourage nous
propose, début octobre, d'accompagner la délégation de son voyage officiel à
Mayotte, aux îles Glorieuses et à La Réunion, pour répondre à cette
interrogation en suspens depuis le début du quinquennat. Intérêt partagé. Un
proche de l'Élysée ne s'en cache pas : « Pour sceller véritablement le
passage à l'acte II de son quinquennat, le président souhaitait parler à Valeurs
actuelles et à ses lecteurs… C'est très important pour lui. » Le
choix d'une destination constitue déjà un acte politique en soi : à Mayotte, il
sera question d'immigration, de suspension du droit du sol et d'éloignement de
clandestins… Au début de la présidence d'Emmanuel Macron, les demandes d'asile
ont explosé (123 625 en 2018, + 22,7 %), tout comme les titres de séjour (255
956 accordés l'an dernier). Les Français s'inquiètent de l'islamisation de la
société. Un sondage Ifop paru dans le Journal du dimanche, le 27
octobre, l'illustre : 61 % des personnes interrogées jugent l'islam “
incompatible avec les valeurs de la société française ”, quand 73 % d'entre
elles souhaitent l'interdiction de tout signe ostensible pour les parents
accompagnant les sorties scolaires. Emmanuel Macron ne l'ignore pas : le
régalien et les sujets migratoires seront au cœur des questions touchant à la
vie de la cité dans les prochaines années, particulièrement en 2022. Le temps
presse.
Après plusieurs discussions
avec l'Élysée en amont du déplacement, le cadre de la rencontre prend forme :
nous sommes invités à bord de l'A 330 présidentiel qui décolle d'Orly, lundi 21
octobre, et doit atterrir à Mayotte le lendemain matin aux alentours de 9 h 30.
Notre entretien avec le chef de l'État doit avoir lieu pendant le vol, «
sauf s'il change d'avis ou a une urgence », précise un membre de son
équipe. Pour le retour à Paris, le vendredi 25 octobre, Valeurs actuelles embarquera
avec ses confrères dans un autre avion officiel.
Au cours de ce premier vol,
nous sommes assis, entourés de policiers et de gendarmes du Groupe de sécurité
de la présidence de la République quand un conseiller vient s'excuser : le
président est « très occupé ». Emmanuel Macron nous avait pourtant
assuré, en nous saluant avant le décollage : « Bonsoir ! Nous devons
avoir un échange ensemble… » Ainsi va l'agenda rempli de contraintes
et d'imprévus du président de la République.
Tout au long du voyage
officiel, Joseph Zimet, le nouveau conseiller à la communication nationale du
chef de l'État, nous demandera de faire preuve de patience. Après s'être rendu
à Mayotte, Emmanuel Macron foule le sable blanc de Grande Glorieuse, une des
îles Éparses, pour parler écologie mais aussi rappeler implicitement l'attachement
de la France à cet archipel revendiqué par Madagascar. Dernière étape de sa
tournée dans l'océan Indien : La Réunion, pour parler logement, pouvoir d'achat
et agriculture. Nous n'avons toujours pas véritablement rencontré le président.
Après quelques tractations, le jeudi 24 octobre, veille du départ de
Saint-Denis de La Réunion, la nouvelle est confirmée : comme à l'aller, nous
sommes finalement invité dans l'avion présidentiel pour rentrer à Paris. C'est
à cette occasion que notre échange doit avoir lieu. Comme le veut la tradition,
Emmanuel Macron salue tous les passagers. « Bon… vous avez pensé quoi
du déplacement ? », nous demande-t-il avant d'ajouter : « On en
parle tout à l'heure ! »
Le dîner terminé, les lumières
commencent à s'éteindre… Chacun se prépare à dormir, lorsqu'un conseiller vient
à notre rencontre : l'entretien va commencer. Remontant au pas de course
l'allée jusqu'à l'avant de l'appareil, et après avoir salué son aide de camp
-chasseur alpin -, nous voici en tête à tête avec le président, dans sa salle
de réunion, qui précède son bureau et sa chambre. Plusieurs sièges sont fixés
autour d'une table ovale impeccable. Emmanuel Macron nous attend tout sourire,
chemise blanche ouverte, sweat à capuche bleu marine (qu'il aime porter en altitude).
L'échange commence. Il prend un jus de tomates. Pour nous, ce sera
Perrier-citron.
Pendant un peu moins d'une
heure, nous aurons face à nous un homme concentré mais à la parole moins
corsetée que lors d'exercices plus formels. L'énarque a un plan, une
introduction, un développement. Mais il possède aussi son langage personnel,
celui d'un quadragénaire de son temps, parfois ponctué d'argot et d'exemples
déroutants. Se dégage la sensation d'être au cœur d'une conversation à
mi-chemin entre le public et le privé. Il nous avait promis de n'éluder aucun
sujet : il ne rejettera aucune des questions que nous avons eu le temps de lui
poser. Après un propos général sur sa vision de l'immigration et de l'islam, le
président entre dans le détail sans complexe. Il sera question de géographie,
de voile, bien sûr, mais également d'expulsion de clandestins, de Marine Le
Pen, de Gérard Collomb, de Jean-Michel Blanquer, et même… de Julien Odoul.
Pendant qu'il avale quelques
olives qu'il propose de partager, il confie qu'il souhaitait faire ce voyage
plus tôt : « C'est une volonté d'arpenter chaque arpent de terre, de
notre pays. J'y crois beaucoup. J'y crois car je crois beaucoup à la
géographie. » Poursuivant sa contextualisation liminaire, il annonce
ses prochains voyages ultramarins : la Polynésie au printemps prochain, puis
Wallis-et-Futuna. Et enfin, Saint Pierre-et-Miquelon. Balisant les contours de
sa pensée, il précise sa définition de la France géographique : « Je
vois la France comme un pays archipel. On ne peut pas comprendre notre pays, sa
force et parfois ses traumatismes, si on n'intègre pas ça. » Il est
aussi question d'histoire et de colonisation, « encore vécue dans leur
chair par certains compatriotes ». Sans jamais employer le mot de “
métropole ”, il préfère la synecdoque “ hexagone ” : « Il ne faut pas
regarder l'Hexagone par rapport à l'outremer et l'outremer comme une périphérie
», prévient-il.
Ce déplacement à Mayotte et à
La Réunion, « deux territoires difficiles », il l'a voulu en raison
des traumatismes que vit notre pays, particulièrement depuis plusieurs mois.
Son allusion renvoie à la crise migratoire non résolue à Mayotte (mais aussi en
métropole) et aux racines du mouvement des “ gilets jaunes ” qui a paralysé La
Réunion et le reste de la France pendant de nombreux mois. Ces situations, qui
relèvent à la fois de l'anthropologie et du régalien, ont été traitées «
plutôt en mode mineur » lors du premier temps du quinquennat,
reconnaît-il. Ces fractures « justifient que je change », «
je dois reprendre en main ces sujets », promet-il encore.
Port du voile : pour Macron, “certains se
moquent de la religion mais l'utilisent pour provoquer la République”
Photo: YOUSSEF BOUDIAL / REUTERS |
Il ne faut pas
avoir de fantasmes. La France a toujours eu des gens qui venaient pour des
raisons familiales, politiques ou économiques.
Si Emmanuel Macron refuse la
comparaison Mayotte-métropole, c'est aussi pour souligner un problème
migratoire européen « lié aux difficultés de l'Europe, aux
dysfonctionnements de Schengen et à la nature des flux de migrants ». Nous
insistons, afin de lever le tabou : des personnalités à droite, comme Guillaume
Larrivé, proposent une extension à la métropole de la restriction du droit du
sol. Pourquoi ne pas le faire pour limiter l'immigration en métropole ? «
Le droit du sol a été suspendu à Mayotte à la demande des sénateurs mahorais
eux-mêmes. Vous avez aujourd'hui à Mamoudzou la première maternité de France où
des gens venaient accoucher pour bénéficier du droit du sol et des prestations
qui vont avec. Il fallait casser cette logique. » Les faits montrent,
eux, que, pour le moment, les naissances restent stables, autour de 10 000 par
an, dont 70 % encore d'enfants comoriens. Par ailleurs, le mécanisme décrit par
le chef de l'État, liant obtention de la nationalité française et prestations
sociales, semble tout à fait comparable à ce qu'on peut observer en métropole.
Ce qu'il conteste : « Ce n'est pas un phénomène que vous voyez
aujourd'hui en Europe continentale. Ce n'est pas vrai en France hexagonale, ce
n'est pas ça, notre sujet ! Je tiens au droit d'asile, mais je ne crois pas du
tout en revanche qu'il faille avoir un discours simplificateur sur
l'immigration. Je rejoins François Héran, un de nos meilleurs spécialistes sur
l'immigration, même s'il a pu être très critique sur mes propos. Lui et Patrick
Weil ont montré que nous avons toujours été une terre d'immigration. »
Autrement dit, contrairement à
ce que pense une large partie des Français, selon Emmanuel Macron, nous ne
serions pas submergés par une immigration qui a toujours connu les mêmes
volumes : « Il ne faut pas avoir de fantasmes. La France a toujours eu
des gens qui venaient pour des raisons familiales, politiques ou économiques.
On a toujours eu 10 à 14 % de la population qui était d'origine étrangère. » Le
président brosse l'historique des migrations en France : « Elles ont toujours
existé et ont toujours créé des difficultés », prenant l'exemple des «
ratonnades contre ceux qu'on traitait de “ ritals ”, ou contre les Espagnols,
dans le sud de la France à la fin du XIXe siècle ». Citant les immigrés
polonais puis portugais, il évoque ensuite les diasporas maghrébine et
subsaharienne. Nous y reviendrons plus tard : nombre d'Italiens et de Portugais
sont rentrés chez eux après être venus en France. De surcroît, ils étaient de
culture chrétienne, là où les Maghrébins et les Subsahariens sont pour la
plupart musulmans, religion dont la pratique toujours plus importante et
rigoriste inquiète aujourd'hui en France.
« D'abord de réussir à intégrer les gens qui sont là depuis longtemps »
À ceux qui pensent que
l'immigration a profondément fragilisé la société, le président rétorque
: « L'équilibre français n'a pas été bouleversé. » En
revanche, quelque chose s'est cassé : « la fabrique de l'intégration
par le modèle économique », à la fin des Trente Glorieuses. Il ajoute
: « Cette incapacité s'est muée en mauvaise politique de peuplement,
ponctuée de petits abandons républicains. » Il adresse alors un
mauvais point à ses prédécesseurs, à commencer par le dernier d'entre eux,
François Hollande, dont il fut le ministre de l'Économie : « Quand
j'arrive, en 2017, les chiffres sont épouvantables sur l'efficacité des
politiques de retour. Il faut aussi regarder en face : au fait migratoire
s'additionne le fait religieux. » Levant l'index, il démine
immédiatement : « Attention, c'est un formidable piège. Les gens se
mettent à dire : “ Les musulmans viennent d'Afrique, les immigrés viennent
d'Afrique, et on a un problème avec cette partie de la population. ” »
« Ce qui est en partie
vrai, fait-on remarquer.
- Oui, mais ce qui est aussi assez largement faux.
- Sauf que l'islam n'est pas consubstantiel à la France… »
- Oui, mais ce qui est aussi assez largement faux.
- Sauf que l'islam n'est pas consubstantiel à la France… »
Il embraye : « La
France a des racines judéo-chrétiennes. Elle a, depuis, évolué, s'est construit
une histoire d'émancipation. De la même manière qu'elle a accueilli
les juifs et qu'elle a su les intégrer dans la République, elle a aussi su le
faire avec des Français musulmans d'origine étrangère. La peur de l'autre, de
l'étranger dont les pratiques sont différentes, s'est cumulée à la peur du
religieux. C'est ça qui peut faire système aujourd'hui. Voilà l'amalgame sur
lequel joue Marine Le Pen et auquel je n'adhère pas du tout. C'est un amalgame
qui ne va rien régler des problèmes qu'on a depuis trente ans. »
Les catholiques, les juifs ou
les protestants présentent-ils les mêmes problèmes d'intégration en France ? En
1982, le roi du Maroc Hassan II répondait à la journaliste Anne Sinclair à
propos de ses sujets présents dans notre pays : « Est-ce que vous
aimeriez qu'ils soient intégrés en France ? » Réponse du souverain
: « Je n'aimerais pas du tout qu'ils soient l'objet d'une tentative [d'intégration],
car ils ne seront jamais intégrés. […] L'exprimeront-ils
qu'ils ne le pourront pas. C'est possible entre Européens, la trame est la
même. Les mouvements européens, dans l'histoire, ont été est-ouest. » Pour
Emmanuel Macron, le sujet demeure « d'abord de réussir à intégrer les
gens qui sont là depuis longtemps ».
C'est l'échec
de notre modèle qui se conjugue avec la crise que vit l'islam.
Tandis que l'A330 file vers
Paris dans la nuit survient le thème qui secoue la scène politique et
médiatique depuis qu'un élu Rassemblement national, Julien Odoul, a demandé à
une mère accompagnatrice, lors d'une séance du conseil régional de
Bourgogne-Franche-Comté, de retirer son voile islamique. Terrain d'autant plus
glissant que le président, qui n'avait pas prévu d'en parler lors de son voyage
ultramarin, a fini par répondre à la chaîne publique réunionnaise que «
le port du voile dans l'espace public n'[était] pas [s]on
affaire », avant de préciser que sa priorité était de lutter contre le port
du voile dans les services publics et à l'école. Curieuse maladresse
présidentielle, qui provoquera cette remarque de Marine Le Pen : «
Emmanuel Macron n'est pas le chef des services publics. Il est le président de
la République. » Alors, pour nous, dans son avion, il accepte d'aller
plus avant : « Vous savez, quand on parle du voile, beaucoup de jeunes
femmes qui le portent sont filles ou petites-filles d'immigrés. Elles ne
viennent pas d'arriver. C'est l'échec de notre modèle qui se conjugue avec la
crise que vit l'islam. » Et de conclure : « Cette crise
conduit à des formes très dures d'islam politique. »
Le voile, défi lancé à la
France par des musulmanes en phase de réarmement identitaire ? Le président ne
dit (presque) pas autre chose : « Vous avez plusieurs phénomènes qui
se mélangent. C'est comme dans la chimie, et c'est là où ça devient
dangereux : vous avez des gens qui ne sont pas intégrés, qui sont en sécession
de la République [c'est la première fois que le président verbalise
cette fracture, NDLR] , qui se moquent de la religion mais l'utilisent
pour provoquer la République. Vous avez typiquement, dans certains quartiers,
beaucoup de jeunes filles qui mettent des voiles parce que ça embête le monde.
Elles sont petites-filles de l'immigration mais leurs grands-mères ne portaient
pas le voile en arrivant en France. » Il le déplore : «
Aujourd'hui, on entend : “ Mon père, vous l'avez mis au chômage, mes frères
n'ont jamais eu de boulot, la République ne nous aime pas… ” » Cruel
constat, immédiatement suivi d'une absolution présidentielle : « Et
c'est vrai, et il faut l'entendre ! »
Il répète : « Ce qu'il
faut faire, et d'abord pour les gens qui sont là depuis longtemps, c'est
réussir à les intégrer. » Allant ensuite sur un terrain conquis depuis
une quinzaine d'années par la droite - l'école -, le président revendique
: « J'ai une priorité. L'éducation est capitale, et c'est pour ça que
j'ai beaucoup utilisé la carte Jean-Michel Blanquer. Les radicaux laissent
leurs enfants dans l'école de la République quand elle enseigne bien le calcul,
éduque, enseigne les valeurs. Ça rassure les parents et il faut revenir à ce
modèle-là. L'école de la République a déjà su enseigner aux petits enfants
illettrés de familles catholiques, les avait fait entrer dans la République. » Terminant
sa démonstration sur le combat contre le communautarisme, il résume, nous
tenant le bras : « Je lutte de toutes mes forces contre le
communautarisme. Et je ne veux pas tomber dans le piège communautarisme =
islam. Le communautarisme, c'est le projet politique. »
Immigration : “Il n'y a plus d'exécution
des obligations de quitter le territoire”, regrette Emmanuel Macron
Photo: NICOLAS MESSYAZ / SIPA
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Après avoir évoqué avec
Emmanuel Macron les problèmes du communautarisme et du port du voile, viennent
alors la question migratoire et la faiblesse du système français. Notre
objectif est de montrer au président, chiffres à l'appui, qu'aussi paradoxal
que cela puisse paraître, notre système est à l'agonie. Que le droit est du
côté des clandestins. Que l'État n'a plus d'autorité. Qu'il n'a plus la
possibilité d'expulser. Emmanuel Macron commence par défendre l'action de son
ancien ministre de l'Intérieur, le premier à avoir cru en lui avant de claquer
la porte du gouvernement : « Collomb a fait un très gros travail, très
ingrat, qui prend du temps. Castaner le poursuit. Je suis obsédé par ce sujet.
Dès le début, je vois que c'est important. Rappelez-vous : mon premier hiver,
je fais la une de l'Obs avec des barbelés. J'assume, car je
suis en continuité avec mon message sur le droit d'asile. »
On ne reconduit plus les gens qui arrivent
illégalement sur le territoire. Il n'y a plus d'exécution des obligations de
quitter le territoire français.
« Je vois les chiffres
quand j'arrive, en 2017, reprend Emmanuel Macron : on donne de
plus en plus de visas. Un : est-ce que ce choix est étayé ? Non ! Il n'y a pas
de cohérence. Deux : on ne reconduit plus les gens qui arrivent illégalement
sur le territoire. Il n'y a plus d'exécution des obligations de quitter le
territoire français. Parce qu'il n'y a plus de demande de laissez-passer
consulaire. Tout le monde est désarmé. » En 2017, sur les 84 675
expulsions ordonnées, seules 17 % ont été exécutées (voir notre
infographie page 22). Les laissez-passer consulaires ? Cela correspond aux
demandes émises par la France à un pays lorsqu'un de ses ressortissants doit
être expulsé, qu'il n'a pas de papiers et qu'on ne dispose d'aucun moyen pour
prouver sa nationalité.
« La France demande bien
des laissez-passer consulaires… », fait-on remarquer au président pour
mieux dire que le problème vient aussi de notre absence de fermeté à l'égard
des pays qui refusent de reconnaître leurs ressortissants. « Non ! les
policiers ne les demandaient plus », interrompt-il immédiatement. Nous lui
présentons la réalité de ces chiffres (voir notre tableau page 22).
Nous faisons remarquer que seules 51,04 % des demandes de laissez-passer
consulaires sont satisfaites. « Un chiffre nous interpelle, monsieur le
président, celui du Mali : en 2017 nous avons émis 73 demandes de
laissez-passer consulaire et seuls 8 ressortissants maliens ont été reconnus
par leur pays. » Ce chiffre choque d'autant plus que l'opération
Barkhane menée par l'armée française a permis au Mali de ne pas être terrassé
par le terrorisme islamique. Pis, depuis sept ans, 24 soldats français sont
morts pour protéger cette zone géographique (le Sahel). Le Mali et son
président ne jouent pas le jeu. « Il faut que vous preniez les chiffres
2019, ils sont bien meilleurs ! », riposte Emmanuel Macron, qui tente alors
de nous déborder par la droite : « Dans votre tableau, on intercepte 3
289 Maliens qui n'ont pas le droit d'être là, on exécute 260 mesures d'expulsion
. C'est ce taux d'attrition qui, moi, me pose problème en tant que chef de
l'État. C'est la différence entre les 3 289 demandes d'expulsion… et les 260
reconduites effectives. Maintenant, on a largement dépassé les chiffres. On va
vous les donner, demandez-les au ministre de l'Intérieur. Parce que ça, ce sont
des choses sur lesquelles j'ai beaucoup travaillé. » Emmanuel Macron
détaille maintenant sa tactique : « J'ai réarmé le dispositif, j'ai
nommé un ambassadeur en charge de l'immigration et des négociations avec les
pays, et j'ai dit à tous les pays - il ne faut jamais en parler publiquement au
préalable car c'est contre-productif - : “ Je ne délivre plus de visas. ” »
« Il faut préserver l'asile des procédures de contournement. »
Nous le déplorons auprès de
lui : depuis des années, à chaque fois qu'on a voulu durcir la loi, on a
augmenté les capacités de recours… « Pas tellement en fait »,
infirme-t-il. Autre problème : les associations subventionnées aident
énormément à casser les procédures. « Cela dépend lesquelles »,
rétorque-t-il. « On voit bien que le droit est du côté de l'immigration,
objecte-t-on. En réduisant les délais d'examen, on se rend compte que
les services ont du mal à suivre, et que donc beaucoup de procédures sont
cassées car pas faites dans les délais… » Réponse : « Pas tant
que ça. » Emmanuel Macron saisit la perche que nous lui tendons
: « Là, on entre dans le vrai sujet. » Et développe : «
Réduire les délais d'instruction des dossiers était fondamental, c'est ce qu'on
a fait avec la loi Collomb. La moyenne du temps de traitement des dossiers
avant mon arrivée, c'était dix-huit mois et même vingt-quatre mois à Paris. Je
l'ai fait passer à six mois. Il faut préserver l'asile des procédures de
contournement. Mon sujet, c'est de casser les filières de contournement. Le
problème du chef de l'État, ce sont les “ dublinés ”, c'est-à-dire ceux qui
viennent en France par l'Allemagne ou d'autres pays. J'ai signé un accord
bilatéral avec l'Allemagne, il me reste à convaincre en Europe. Je travaille
avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, pour essayer de le convaincre.
On peut trouver un accord. Pour moi, cela se joue dans les six prochains mois.
Il faut qu'on sorte des dogmes sur la responsabilité des pays de première
entrée, sinon, nous n'aurons jamais avec nous les Italiens. La vérité, il faut
qu'on la leur dise. La responsabilité, ça leur donne une charge, du coup ils
n'enregistrent plus les clandestins, qui finissent chez nous. Notre système est
plus généreux. Ça ne va pas. Je vais dire qu'on n'est plus solidaires de cette
manière . On paye le pays de première arrivée et on arrête les dysfonctionnements
du système européen [les accords de Dublin prévoient que la charge du
traitement de la demande d'asile revient au premier pays européen où un migrant
est arrivé, NDLR]. En réalité, en plus, on ne donne que très peu l'asile. »
Il persiste : « Tout
est dans la question des délais… La circulaire Collomb qui avait fait tant de
bruit ? Dans six à huit mois, on enverra les résultats ! D'ailleurs les
associations qui sont contre ont tort. Pendant la campagne, je les avais face à
moi, ces droits-de-l'hommiste la main sur le cœur, qui me disaient que ce
n'était pas normal que les demandeurs fassent la queue à 4 heures du matin
devant la préfecture pour obtenir un papier et qu'ils soient logés dans des
conditions infâmes. Qu'à cela ne tienne ! On va faire le contrôle dès le
centre, ai-je proposé. Ainsi, on met des nouveaux délais d'instruction à six
mois. Pas pour les expulser ! Mais pour accélérer la procédure. Et l'opposition
s'est faite là… Donc on est en train, avec les associations, de changer les
pratiques et d'expliquer. »
Pourquoi avait-on des mauvais chiffres ?
Parce que les délais d'instruction des dossiers étaient trop longs. Moi, je ne
cède rien sur l'asile, mais je le donne à qui de droit.
Pour le président, la fatalité
est là : « Au bout de vingt-quatre mois de présence sur notre
territoire, vous n'expulsez plus les gens. Ils ont trouvé un travail et ont
fondé une famille. Les associations, à bon droit, vous disent : “ Regardez, ce
beau parcours d'intégration.” Donc vous ne pouvez plus les expulser, parce que
ça devient absurde. » Il synthétise sa démonstration : «
Pourquoi avait-on des mauvais chiffres ? Parce que les délais d'instruction des
dossiers étaient trop longs. Moi, je ne cède rien sur l'asile, mais je le donne
à qui de droit. »
Faut-il réduire les
possibilités pour les déboutés du droit d'asile d'aller au contentieux ? «
On l'a déjà un peu fait, mais on ne peut pas réduire les recours, car ce n'est
pas conforme à la Cour européenne des droits de l'homme. » Sur cette
question, des élus toujours plus nombreux à droite proposent pourtant de
remettre en question les liens juridiques entre la France et la CEDH pour
retrouver une véritable souveraineté. Ne serait-ce pas notre talon d'Achille ?
Le président contre-attaque : « Si on exécute bien tout le reste, ce
sera déjà pas mal. » Nous saisissons la balle au bond : « Dans
ce cas, quel est votre objectif d'exécution des obligations de quitter le
territoire français ? Quel pourcentage ? » Réponse : « Je me
méfie de ce chiffre car si je mets la barre trop haut, les pays concernés
menaceront de limiter la délivrance de laissez-passer consulaires ! » Et
le chef de l'État finit par lâcher : « Mon objectif, c'est de sortir
tous les gens qui n'ont rien à faire là. » « Combien ? »,
insiste-t-on. « 100 % », lâche sans hésiter le président.
Rendez-vous à la fin du quinquennat.
Aide médicale aux sans-papiers : Emmanuel
Macron assure vouloir “réguler cette aide”
En plein échange avec Emmanuel
Macron sur la question du droit d'asile, un collaborateur du président lui fait
savoir que l'entretien arrive à sa fin. « Attendez, j'en ai encore pour
deux minutes », répond-il avant de nous consacrer encore du temps. Emmanuel
Macron souhaite désormais aborder un autre sujet, qui touche à l'aide médicale
apportée aux étrangers sans-papiers. Une aide entraînant parfois une forme de
fraude sociale, que Valeurs actuelles dénonçait récemment en
couverture. « J'ai lu dans votre journal le dossier sur le sujet… Les
irréguliers, au début, ils ont des soins urgents, il ne faut surtout pas y
toucher. Ensuite, au bout de trois mois, vous avez l'AME, quelle que soit votre
situation. Mais il y a un sujet que personne n'a vu, qui n'est pas un sujet “
droits de l'homme ” et que je veux régler vite, ce sont les gens qui viennent
avec un visa touristique, qui restent trois mois et ensuite se mettent à l'AME.
Personne ne défendra ces cas : ils sont indéfendables. » Fidèle à sa
réputation de fou des dossiers capable d'entrer profondément dans le détail
technique de chaque pan de sa politique, Emmanuel Macron tient à préciser son
diagnostic au sujet de la méconnue prestation universelle maladie, dite Puma
: « Ce qui ne va pas, c'est que, quand vous demandez l'asile, vous
n'êtes pas à l'AME, vous êtes à la Puma. C'est beaucoup plus généreux que l'AME
! Ce que je veux qu'on fasse, c'est mettre un délai de carence pour réguler
cette aide. »
« Ce que je veux qu'on fasse, c'est mettre un délai de carence pour
réguler cette aide. »
En le lisant, certains beaux
esprits s'indigneront peut-être de voir Emmanuel Macron s'aligner sur un
discours droitier, voire l'accuseront de braconner sur les terres du RN. «
On peut dire tout ça sans avoir le discours du Rassemblement national, démine-t-il
par anticipation. Je crois défendre nos valeurs profondes et les
combattants de la liberté. Mais si je ne fais pas ce travail, les gens ne nous
laisseront plus défendre le droit d'asile. Ils nous diront : “ On
n'en peut plus, regardez, ils nous prennent tout ! ” » Comment le
croire alors que, précisément, les chiffres du début du quinquennat ne sont pas
bons ? « J'assume, c'est un sujet où il faut tout mettre sur la table.
»
Alain Finkielkraut nous avait
confié cette anecdote surprenante : au soir des insultes antisémites subies
boulevard du Montparnasse, au début de l'année, en marge d'une manifestation de
“ gilets jaunes ”, le philosophe reçoit un appel de soutien du président de la
République. Sans rien demander, Finkielkraut, connu pour son diagnostic
pessimiste sur les conséquences de l'immigration, s'entend dire que le nombre
de titres de séjour accordés (256 000 en 2018) est trop important et qu'il faut
tout changer. Face à nous, le président de la République, à qui nous rapportons
ce récit, nuance ce constat : « Ces chiffres, on les a baissés ! » Pourquoi,
pourtant, focaliser le débat récemment lancé à propos des quotas d'immigration
sur la seule proportion des immigrés économiques (33 500 par an) et non sur le
regroupement familial (90 000 personnes) ou sur les étudiants étrangers (83
000) ?
Le problème, c'est qu'on donne des
centaines de milliers de visas à des gens qui restent sur le territoire et qui
ne repartent pas.
« Ça, c'est absorbable, ce
n'est pas ça, mon problème », réplique étonnamment le président. Le
regroupement familial ? « J'ai regardé le sujet, il n'y a pas
énormément de choses à faire. Sur la voie légale, ce qui ne fonctionne pas,
c'est que la France permet le regroupement familial, ce que ne font pas nos
voisins. D'ailleurs ce n'est pas énorme pour un pays comme la France. » Mais
pour Emmanuel Macron, le problème se trouve ailleurs. « Le
problème, poursuit-il, c'est qu'on donne des centaines de
milliers de visas à des gens qui restent sur le territoire et qui ne repartent
pas. Le problème, c'est les plus de 100 000 demandeurs d'asile, dont une très
faible minorité obtient le droit d'asile. C'est ça, le sujet. »
Théorie éculée, il justifie la
nécessité de l'immigration par l'économie : « Nous sommes face à
une grande hypocrisie : les secteurs de la restauration et du BTP ne
fonctionnent pas sans l'immigration. Prétendre l'inverse est faux ! »
Au-delà des justifications
économiques, le président n'est-il pas surtout en train de nous montrer tout
bonnement comment il compte continuer d'asphyxier la droite ? En mettant face
aux 33 000 titres de séjour pour raison économique les 400 000 emplois non
pourvus, il pourrait s'agir d'un moyen de contraindre l'opposition à accepter
une hausse de ces titres de séjour. Sans montrer la moindre gêne, le président
dévoile sa conviction : « Il y a des emplois que vous ne ferez plus
occuper à des Français, comme le métier de plongeur. Je suis lucide : c'était
déjà impossible il y a quarante ans ! Je préfère avoir de la migration légale,
enregistrée, sous quotas, pendant x années, plutôt que du travail détaché
dissimulé. Je préfère avoir des gens qui viennent de Guinée ou de Côte d'Ivoire
légaux, qui sont là et qui font ce travail, que des filières
bulgares ou ukrainiennes clandestines.
Communautarisme : “C'est un énorme problème
pour nous”, reconnaît Emmanuel Macron
Photo: PHILIPPE WOJAZER /
REUTERS
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Mon principal problème, ce sont enfants qui
sont déscolarisés.
« La République doit être
intraitable. Mon problème n'est pas la maman qui porte un voile en accompagnant
son enfant en sortie scolaire… Celle-là n'est pas perdue : elle a mis son
enfant à l'école publique et elle vient faire une sortie scolaire. C'est même par
elle qu'on va reconquérir les personnes égarées. » Le port du voile
est-il compatible avec la culture française ? « Si c'est son choix,
c'est son choix. Si c'est le choix de son mari et qu'elle est opprimée, au
moins elle se dit que son enfant va pouvoir choisir et pourra être libre. Mais
si on l'humilie… » La nuit noire se révèle propice à une parole
libérée : « Mon principal problème, ce sont enfants qui sont
déscolarisés. Mais l'enfant qui est bien intégré, dont les parents sont
musulmans, il n'embête personne. Sa mère a un foulard, elle n'embête personne ,
on ne peut pas lui dire : “ Vous, vous n'êtes pas la bienvenue. ” Ça, c'est une
énorme erreur. »
Éternelle crainte de la
stigmatisation et de l'islamophobie qui conduit notre modèle culturel à
s'effacer et les survivants de Charlie à porter désormais
seuls la charge de la critique de ces ennemis de l'intérieur,
objecte-t-on. « Ce que je vous dis, c'est que la religion est utilisée
par certains comme une sorte de geste politique pour signifier à la République
“ vous m'avez méprisé ” », répond Macron. Que penser des 27 % de musulmans
(Ifop, 2019) qui, en France, placent la charia au-dessus des lois de la
République ? « Ça, c'est mon combat… C'est un énorme problème pour nous
», reconnaît-il. Ce sera l'aveu ultime.
Le mot “ sécession ” a été
employé. Plusieurs fois. Nous rapportons le souvenir d'un échange avec Gérard
Collomb, qui avait fait grand bruit (Valeurs actuelles du
1er novembre 2018). Le ministre de l'Intérieur démissionnaire nous disait
que « la situation pourrait devenir irréversible » dans «
cinq, six ans »… Le commentaire présidentiel se veut historiographique. Ses
références ? Aristide Briand pour la laïcité, Georges Clemenceau ( « Je
suis clemenciste ! », dit-il) pour l'unité de la nation. Articulant une
nouvelle fois son concept du “ en même temps ”, il s'explique : « J'ai
un discours politique sur tout ce qui rassemble parce que j'ai besoin d'emmener
tout le monde. Clemenceau a fait cela en 1917. Quand il faut être dur, il y va,
même de manière violente, mais il ne politise jamais. L'erreur qu'ont faite
certains, qui avaient des bonnes intentions, a été parfois de
surpolitiser le discours sans s'interroger sur l'efficacité sur le terrain. Ça
crée des amalgames et ça ne sert à rien ! »
Je ne veux pas parler de racisme anti-Blanc,
je ne veux pas rentrer dans cette dialectique, parce que je pense qu'elle est
mortifère.
Dans quelques heures, l'avion
se posera sur le sol français. Retour dans la fournaise. Les tensions
communautaires inspirent au président un diagnostic irrémédiablement souple
: « Il y a des tensions entre les religions ou religions supposées et
ce qui va avec… Et donc il y a des gens dans le communautarisme et dans la
sécession… En fait ils n'aiment pas les autres. Mais je ne veux pas parler de
racisme anti-Blanc, je ne veux pas rentrer dans cette dialectique, parce que je
pense qu'elle est mortifère. Je n'ai aucune naïveté, je suis intraitable.
» Question naïve, justement, inspirée par la chasse aux signaux
faibles de radicalisation récemment lancée par le ministre de l'Intérieur :
comment faire la différence entre une femme voilée communautarisée et celle qui
ne l'est pas ? « Je n'en fais aucune », répond-il. Et pourtant,
avis tranché sur le cas de Julien Odoul : « Il s'est fait coincer !
Apparemment cette femme est plus proche des milieux de l'islam politique qu'on
ne le croyait. Mais il en a fait une victime au nom de toutes les femmes
voilées qui n'embêtent personne, qui veulent mettre leurs enfants à
l'école de la République et qui les accompagnent à la piscine ! » Conclusion
: « On a été pendant quinze jours l'otage des deux périls qu'il faut
éviter : le communautarisme et le Rassemblement national, voilà pourquoi je
n'ai pas voulu rentrer là-dedans. » Sus à la “ logique mortifère ”
donc, plutôt qu'à ses symptômes, bien visibles, eux.
L'avion se pose au milieu de
la nuit, la vie reprend. Sans doute ne sera-t-elle plus comme avant. Pour la
première fois dans ce quinquennat jusqu'ici bien timide sur les questions
identitaires, le président a parlé. Il était temps. Dehors, pour l'heure,
Zemmour ferraille bien seul tandis que Yassine Belattar promet une forme de
grand remplacement par la natalité aux autochtones, qu'un salopard attaque une
mosquée à Bayonne et tire sur deux de ses fidèles, qu'il est toujours aussi
difficile d'empêcher la création d'écoles coraniques ou que l'État islamique fomente
une vengeance après la mort de son chef, Abou Bakr al-Baghdadi. On pose les
pieds sur le tarmac : retour au réel.
Louis de Raguenel, Tugdual
Denis et Geoffroy Lejeune, Valeurs Actuelles, nº 4327, 31-10 a
6-11-2019
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