Le lynchage médiatique systématique de Jair
Bolsonaro
Driss Ghali
Depuis le début de la crise du coronavirus, le
président du Brésil est devenu l’épouvantail favori des médias français, la
cible facile d’une campagne de désinformation bien huilée. Jair Bolsonaro a
tout du coupable médiatique idéal : homme blanc chrétien de plus de 50 ans, il
est accusé de sous-estimer la gravité de la crise sanitaire, en bref d’être «
corona-sceptique ».
Foto: Eraldo Peres/AP |
Campagne de désinformation
En ce moment-même, les médias
français s’en donnent à cœur joie pour dénigrer le Brésil et présenter son
président comme l’allié objectif du virus corona. Ce que les rédactions n’osent
pas faire concernant les États-Unis de Trump (un pays moins lointain et
mystérieux que le Brésil aux yeux des Français), elles s’y adonnent sans
retenue à l’égard du Brésil.
La campagne de désinformation
utilise le mensonge le plus éhonté et ne craint pas le ridicule. Elle fait fi
des éléments factuels suivants et que n’importe quel stagiaire de journalisme
saurait trouver sur Wikipédia.
Le Brésil compte 210 millions d’habitants et enregistre habituellement 3750 morts par jour. Lorsqu’on nous annonce que 807 personnes sont décédées du corona au Brésil en une journée (25 mai), il faudrait confronter ce chiffre au nombre total de décès enregistrés au Brésil en temps normal (3750). L’Espagne, qui compte une population quatre fois moins nombreuse que le Brésil, a connu une journée où le nombre de morts a dépassé les 900 !
Ensuite, il faudrait
s’interroger sur la méthodologie de comptage en place au Brésil. Sommes-nous
sûrs que tous les décès imputés au corona ont réellement été causés par ce
virus ? Question légitime lorsqu’on sait que les familles n’ont pas le
droit d’ouvrir les cercueils et que personne n’approche les dépouilles pour une
contre-expertise. Tous les ayatollahs du corona ont intérêt à gonfler les
chiffres pour imposer le confinement et mettre Bolsonaro en difficulté. Cette
mise en garde vaut pour le Brésil comme pour tous les pays d’Europe de l’Ouest
où le « devoir de transparence » a été suspendu pour permettre aux
autorités de propager à leur guise la pandémie de la panique.
Bolsonaro appuie, depuis le
début, l’usage de la chloroquine. Difficile de l’accuser de propager la mort
s’il soutient justement un remède utilisé avec succès dans tous les pays qui
ont su épargner des vies. Parmi eux, le Maroc qui distribue cette substance à
tous les malades dès le premier jour, résultat : moins de 200 morts, un
chiffre à rapprocher des plus de 28 000 morts en France…
Confinement impossible au
Brésil
Le président brésilien est
contre le confinement. Ce qui n’est pas un péché en soi car d’autres pays
« sérieux » ont épargné à leur peuple cette épreuve terrible, il
s’agit notamment du Japon (800 morts…à peine) et de la Suède (4124).
Confiner un Brésilien est une
pure vue de l’esprit. Comment voulez-vous enfermer les onze millions de
Brésiliens qui vivent dans des favelas insalubres et surpeuplées où les égouts
transitent à ciel ouvert ? C’est exactement l’inverse de ce qu’il faut
faire si l’on veut sauver des vies. Comment interdire aux gens de travailler si
40% de la population active vit dans l’informalité ? Bolsonaro a la
sagesse, qui manque à certains journalistes français, de comprendre que le chômage
et la faim tuent plus que le virus du corona.
De toute façon, le président
brésilien n’a pas pouvoir à autoriser ou interdire le confinement. Le pays est
fédéral et seuls les gouverneurs et les maires sont en mesure d’enfermer les
habitants chez eux. D’ailleurs, quelle autorité peut exercer le maire de Rio de
Janeiro sur le tiers de la population de sa ville qui vit sous le joug des
trafiquants ?
Un marasme profond et
antérieur à Bolsonaro
Il n’y a pas de crise
sanitaire au Brésil. Ce qui existe réellement est une saturation des hôpitaux
des États les moins bien gérés. À Rio de Janeiro, l’on a préféré engloutir des
milliards d’euros dans les Jeux Olympiques (2016) au lieu de construire des hôpitaux.
Résultat : les urgences sont en détresse. À Manaus (État de l’Amazonas) et
à Belém (État du Para), le système de santé vit effondré sur lui-même depuis
des lustres. À qui la faute ? À la gauche brésilienne (Lula, Dilma) qui
ont fourni le pain et le cirque au lieu de s’occuper des services sociaux de
base (santé, assainissement liquide, assurance chômage, éducation).
Il est tout de même
déconcertant de voir un président dit d’extrême-droite refuser de confiner son
peuple alors que nos chers dirigeants progressistes ont allégrement instauré la
dictature sanitaire en France, en Espagne et en Italie. Une pratique que le
Japon (pays réputé conservateur) a refusé ne serait-ce que d’envisager. Nous
vivons décidément une drôle d’époque !
Stop au Bolsonaro-bashing !
Enfin, la tristesse envahit
votre serviteur lorsqu’il s’aperçoit que le public français tombe dans la
combine montée de toutes pièces par ces mêmes médias qui ont entretenu un
climat de confusion, de panique et de désinformation depuis mars dernier. Les
chaînes de télévision qui se sont déshonorées en relayant la communication
gouvernementale (« les masques ne servent à rien » « la chloroquine
est un venin » et j’en passe) parviennent, en un clin d’œil, à nous faire
détester Bolsonaro. D’où tirent-elles leur légitimité ?
Qu’on le veuille ou non,
Bolsonaro est un occidental comme nous tous (je m’inclus dans la civilisation
occidentale par adhésion morale et émotionnelle). Il est plus proche de nous
que MBS, Erdogan ou Xi Jin Ping. Nous devrions lui tenir le langage sincère et
ferme qu’un frère tiendrait à son frère et non l’insulter à longueur de journée.
Et si nous avons besoin de nous défouler après trois mois de folie corona,
n’hésitons-pas à nous en prendre à Erdogan qui lui a des choses à se reprocher.
Ah, j’allais oublier : nous sommes tellement lâches que nous préférons
insulter le président des Brésiliens car lui, au moins, ne risque pas de nous
envoyer un million d’immigrés ou de ruiner nos efforts diplomatiques en Syrie
et en Libye. Vive le courage !
Titre et Texte: Driss Ghali,
Causeur, 20-5-2020
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