François d’Orcival
La France est-elle encore un pays de droite
où la gauche ne peut gagner que par accident ? Il n'empêche : la droite y est
aujourd'hui bien malade…

« La France est un pays de
droite où la gauche ne peut gagner que par accident » , disait
François Mitterrand qui ne se trompait guère à ce propos. La France a-t-elle
changé depuis ? Dans un livre très fort qu'il vient de publier ( la
Malédiction de la droite , Perrin), Guillaume Tabard note que la
droite se meurt aujourd'hui parce qu'elle « ne s'aime pas ».
Longtemps même, jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Édouard Balladur, sous
Mitterrand, puis de Nicolas Sarkozy, « elle se désignait
alternativement comme “majorité” ou “opposition” » (selon qu'elle
était au pouvoir ou pas). « C'est la gauche qui faisait claquer le mot
“droite” comme on montre du doigt un pestiféré. »
La gauche était chez elle dans
les arts et la culture, les médias, les associations, l'Éducation nationale et
l'Université… La droite était donc ailleurs, sur d'autres théâtres, abonnée à
des cycles économiques contraires, condamnée aux reculs, ce qui, enchaîne
Guillaume Tabard, « a entaché sa crédibilité, et désespéré ses
électeurs ». Elle passait de l'espoir à la déception, de celle-ci à la
nostalgie, « triste triptyque » …
Elle avait pourtant retrouvé
toute son ardeur à la fin de la présidence de François Hollande, il y a
exactement trois ans. Hollande s'était mis hors jeu, en même temps que la
gauche. À cinq mois de la présidentielle, la France ne bougeait plus. La
droite, au contraire, s'était reconstituée. Les 20 et 27 novembre 2016, elle
s'offrait à son électorat et se voyait bientôt au pouvoir. Au premier tour de
cette élection primaire, François Fillon recueillait 44 % des voix, et 66 %
(contre Alain Juppé) au second. Pendant deux mois, note Tabard, «
François Fillon a été président de la République - virtuellement mais
incontestablement ». « Fillon, notait Alexis Brézet dans le
Figaro, est plus ferme que Juppé, plus calme que Sarkozy. »
Deux mois plus tard, ce ne fut
plus qu'une longue crise. La droite retrouvait ses « démons »,
la « division meurtrière » , « l'incapacité à définir
un corpus idéologique stable », « la malchance », « la
peur, la pusillanimité » … Et elle s'y complaisait jusqu'au bout : au
premier tour de la présidentielle, Fillon arrivait troisième, derrière Marine
Le Pen et Emmanuel Macron. Lequel était donc élu au second tour. Bel et
bien « fils de la Ve République », dit Guillaume Tabard : il
incarne à la fois le modernisme de Valéry Giscard d'Estaing et le volontarisme
de Nicolas Sarkozy, tout en pratiquant l'élargissement du spectre
politique. « Une partie substantielle de la droite se retrouve
désormais en lui. »
Le 5 novembre dernier,
répondant à Marine Le Pen au sujet des futurs régimes de retraite, Édouard
Philippe, l'ancien porte-parole d'Alain Juppé devenu Premier ministre, évoquait
au préalable le retour d'un duel présidentiel entre Emmanuel Macron et elle.
Comme si cette “assurance vie” pour Macron devait être une “assurance suicide”
pour le reste de la droite.
Titre et Texte: François d’Orcival,
Valeurs Actuelles, 26-10-2019
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