Revenons sur l’exclusion de
Trump de Twitter.
Et sa suspension par Facebook
et Snapchat aussi. Seule bonne nouvelle a priori : ce début de purge
progressiste, expression des Social Justice Warriors, a suscité en France une
large réprobation, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen.
§ La
censure des idées contrevient à notre conception de la liberté d’expression
comme exprimée dans l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du
Citoyen. En général, cela n’empêche pas la gauche olfactive de réclamer que
l’on fasse taire ceux qui irritent ses narines, de Polanski à Zemmour. Mais
couper le sifflet à un président sortant qui a recueilli 72 millions de voix,
c’est trop. Et ça ne peut qu’accroître la défiance de cet électorat qui pense
que la démocratie est confisquée.
§ On
en apprend plus sur le pouvoir exorbitant d’entreprises privées qui sont en
outre des monopoles. Cette oligarchie digitale (selon les dires de Bruno Le
Maire) décide qui peut s’exprimer sur l’agora planétaire, fait la police de la
pensée et du débat. En plus, celle-ci a l’indignation sélective : de ce
que l’on sait, les insulteurs de Mila n’ont pas subi le sort de Trump.
Mais alors, faut-il tout
laisser dire ?
C’est le fameux serpent de mer de la régulation. Sur le papier c’est simple : à chaque pays de définir les limites de la liberté d’expression et de les faire respecter.
Car les réseaux sociaux sont
des médias. Ils doivent donc être soumis au droit de la presse et au contrôle
du juge. Sauf que poursuivre et sanctionner les millions de messages délictueux
exigerait des moyens énormes. Il faudrait donc obliger les plateformes à faire
appliquer la loi. Ces mêmes plateformes à qui on n’arrive même pas à faire
payer des impôts.
Est-ce un problème sans
issue ?
En tout cas, entre les États
et les GAFA, le rapport de forces est clairement favorable aux seconds.
Cependant n’oublions pas que leur pouvoir, ils le tiennent de nous. Nous les
milliards d’utilisateurs qui ne peuvent plus vivre sans eux. Et nous qui sommes
suspendus à ce que pensent ou disent les réseaux sociaux.
On peut penser qu’ils sont
plus nuisibles qu’utiles, qu’ils ont entraîné un effondrement dramatique de la
parole publique mais personne n’accepterait qu’elle soit réservée à quelques
intermédiaires agréés par un système médiatique qui, de plus, a largement
contribué à invisibiliser les populations périphérisées. Autant dire qu’aucun
gouvernement démocratique n’osera fermer ou suspendre Twitter ou Facebook.
On voudrait une baguette
magique qui nous ramène au monde d’avant Twitter. Mais désolée, il n’y en a
pas. Nous avons créé un monstre. Il nous faut vivre avec.
Mardi 12 janvier 2021 à 11:09
"Que tous ceux qui sont attachés à la liberté, quelle que soit leur opinion sur D. #Trump, tirent le signal d'alarme ! Nous rentrons dans un monde où les seules opinions légitimes seront hébergées sur les plateformes" #Gafa
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