Alors qu’il détient les plus importantes réserves de pétrole au monde et pourrait en être l’un des États les plus riches, le Venezuela n’en est pourtant que le 10e producteur. Et son économie est dans un état catastrophique
Gabriel A. Giménez Roche
Atlantico : Jean Luc
Mélenchon et la France insoumise sont à l’origine d’une Marche contre la vie
chère prévue ce dimanche 16 septembre. On sait que Jean-Luc Mélenchon se réfère souvent au Venezuela. Quelle est la situation économique du Venezuela à l’heure actuelle ?
Gabriel Giménez Roche : Une
des pires économies de l’Amérique Latine. Le Venezuela présente un taux de
croissance réel négatif depuis au moins 2014 avec une décroissance de plus de
10% par an entre 2016 et 2020 (-25% pour la seule année 2019). Aujourd’hui, le
taux de croissance vénézuélien est de -1,5%. En effet, depuis l’arrivée de
Nicolás Maduro au pouvoir et la fin en 2014 du super-cycle des matières
premières dont avaient bénéficié les mandats d’Hugo Chávez dans les années
2000, le PIB s'est réduit de plus de 50%.
En outre, le pays est en
pleine hyperinflation avec un taux bien au-delà du million % par an, et cela
depuis 2017. Néanmoins, l’inflation dépassait allègrement les 40% annuel avant
cela.
Selon les statistiques
vénézuéliennes, la population sous le seuil de pauvreté dépassait les 30% en
2015. Un chiffre qui n’a plus été actualisé depuis. Ajoutons à ce scénario
catastrophe le fait que la dette publique vénézuélienne est de presque 300% du
PIB. Il est donc fort probable que la pauvreté ait encore augmenté.
Enfin, l’économie
vénézuélienne est une catastrophe avérée.
Alors qu’il détient les
plus importantes réserves de pétrole au monde et pourrait en être l’un des
États les plus riches, le Venezuela n’en est pourtant que le 10e producteur.
Comment expliquer cette situation ?
Plusieurs facteurs. Tout d’abord, il faut prendre en considération que le pétrole vénézuélien n’est pas du type léger comme le Brent ou le West Texas Intermediate. Il s’agit d’un pétrole plutôt « dur », trop visqueux à cause d’impuretés, nécessitant d’être traité par des méthodes spéciales, comme le mélange avec du pétrole léger d’autres pays. Autrement dit, le pétrole vénézuélien coûte relativement cher à produire quand comparé au pétrole du Golfe ou celui du Texas.
Jusqu’à 1994, avant Chávez, le
Venezuela produisait quelques 3 millions de barils par jour, en nette
concurrence avec le pétrole saoudien. Néanmoins, depuis l’arrivée de Chávez au
pouvoir et depuis Maduro, cette production n’a fait que diminuer, arrivant à de
médiocres 400 000 barils par jour d'aujourd'hui, parfois se faisant même
dépasser par la Colombie ou le Brésil. La production pétrolière vénézuélienne
est donc revenue à ses niveaux des années 1930.
Le premier coup dur à la
production était la purge politique de PDVSA, l’entreprise publique qui détient
le monopole de l’exploitation pétrolière au Venezuela, après une grève massive
en 2002 contre l’intromission du gouvernement Chávez dans la gestion de
l’entreprise. En
représailles à la grève, Chávez avait fait licencier plus de 18 000 employés, dont denombreux ingénieurs et techniciens essentiels au bon fonctionnement
des raffineries. Ce personnel a été remplacé largement par du personnel
moins qualifié techniquement, mais politiquement en harmonie avec le régime
d'Hugo Chávez.
En 2014, c’était la fin du
super-cycle des commodities qui a vu une chute brutale du prix de pétrole à
presque 50 dollars le baril, provoquant des pertes à PDVSA. Ajoutons à cela un
manque d’investissement dans le secteur, la corruption dans la gestion de PDVSA
après 2002 et des sanctions américaines contre le Venezuela depuis 2019.
On connaît l’attrait
idéologique de Jean-Luc Mélenchon pour le régime vénézuélien, mais on se pose
moins souvent la question de la filiation de leurs programmes économiques. A
quel point y-a-t-il une continuité idéologique entre le modèle économique
Venezuelien et les propos de Jean Luc Mélenchon ?
Le programme présidentiel de
Jean Luc Mélenchon tourne beaucoup autour des nationalisations (dont le secteur
bancaire) et un plus grand contrôle du système productif par l’État, ainsi
qu’un contrôle accru des médias. Or, ce contrôle par État pratiqué au Venezuela
a été néfaste pour l’économie, car l’efficacité économique a été mise de côté
en faveur des principes idéologiques. Le contrôle des médias par l’État a
permis alors au gouvernement de taire facilement tout média d’opposition ou
alors de le maintenir sous la férule des menaces.
Une autre proximité «
programmatique » est la réforme constitutionnelle et l’usage des référendums.
Au Venezuela, ces procédés ont été utilisés au départ pour consolider l’emprise
de Chávez sur l’État. Il a pu ainsi neutraliser, voire coopter complètement les
pouvoirs judiciaire et législatif. Les référendums n’étaient pas vraiment liés
à des seuils de participation ou des majorités, ce qui mettait en question la
légitimité démocratique de ces consultations populaires.
En effet, malgré l’accent mis
sur la participation de la population dans le programme présidentiel de
Mélenchon, ce qui ressort le plus est un renforcement des pouvoirs de contrôle
et régulation de l’État, ainsi qu’une neutralisation des agents privés. Or,
c’est l’indépendance des secteurs privés qui peut quand même servir à
surveiller tout dépassement de pouvoir de l’État. Sans cette indépendance, la
surveillance étatique devient vulnérable à l’emprise idéologique.
Au regard de la situation
actuelle du Venezuela, la vie serait-elle réellement moins chère en France si
nous suivions les propositions économiques de La France Insoumise ?
Absolument pas. Le Venezuela
se trouve actuellement en pleine situation d'hyperinflation. La production
industrielle vénézuélienne patine déjà à la suite de cette hyperinflation. Les
entreprises sont incapables de planifier sur le long terme, les investissements
sont à l’arrêt et la population la plus modeste vit constamment dans la
débrouille. Le Venezuela n’est clairement pas un modèle à suivre en Amérique
Latine et ses principaux alliés dans la région sont Cuba et l’Argentine, deux
pays à la situation économique calamiteuse.
Titre et Texte: Gabriel A.
Giménez Roche, Atlantico,
15-10-2022
Jean-Luc Mélenchon et la nature réelle de ses relations avec ses amis bolivariens sud-américains
Lobos em pele de cordeiros
Tudo por um Brasil pior
A TAP como prova de que o interesse dos socialistas é inimigo do interesse nacional
Droit de grève contre droit de vivre démocratiquement
Argentinos sofrem com inflação e recorrem aos lixões para sobreviver
Macron : le chaos énergétique - JT du jeudi 13 octobre 2022
Produção de petróleo e gás é de 3,967 milhões de barris por dia
Caem os preços do arroz, do feijão e da carne
IPCA registra queda de preços de 0,29% em setembro
Enquanto isso, na França de Macron...
Nenhum comentário:
Postar um comentário
Não aceitamos/não publicamos comentários anônimos.
Se optar por "Anônimo", escreva o seu nome no final do comentário.
Não use CAIXA ALTA, (Não grite!), isto é, não escreva tudo em maiúsculas, escreva normalmente. Obrigado pela sua participação!
Volte sempre!
Abraços./-