sábado, 15 de outubro de 2022

Marche contre la vie chère : 900% d’inflation au Venezuela… et s’il était utile de réfléchir quelques minutes au pays qui inspire Jean-Luc Mélenchon ?

Alors qu’il détient les plus importantes réserves de pétrole au monde et pourrait en être l’un des États les plus riches, le Venezuela n’en est pourtant que le 10e producteur. Et son économie est dans un état catastrophique


Gabriel A. Giménez Roche

Atlantico : Jean Luc Mélenchon et la France insoumise sont à l’origine d’une Marche contre la vie chère prévue ce dimanche 16 septembre. On sait que Jean-Luc Mélenchon se réfère souvent au Venezuela. Quelle est la situation économique du Venezuela à l’heure actuelle ? 

Gabriel Giménez Roche : Une des pires économies de l’Amérique Latine. Le Venezuela présente un taux de croissance réel négatif depuis au moins 2014 avec une décroissance de plus de 10% par an entre 2016 et 2020 (-25% pour la seule année 2019). Aujourd’hui, le taux de croissance vénézuélien est de -1,5%. En effet, depuis l’arrivée de Nicolás Maduro au pouvoir et la fin en 2014 du super-cycle des matières premières dont avaient bénéficié les mandats d’Hugo Chávez dans les années 2000, le PIB s'est réduit de plus de 50%. 

En outre, le pays est en pleine hyperinflation avec un taux bien au-delà du million % par an, et cela depuis 2017. Néanmoins, l’inflation dépassait allègrement les 40% annuel avant cela. 

Selon les statistiques vénézuéliennes, la population sous le seuil de pauvreté dépassait les 30% en 2015. Un chiffre qui n’a plus été actualisé depuis. Ajoutons à ce scénario catastrophe le fait que la dette publique vénézuélienne est de presque 300% du PIB. Il est donc fort probable que la pauvreté ait encore augmenté. 

Enfin, l’économie vénézuélienne est une catastrophe avérée.

Alors qu’il détient les plus importantes réserves de pétrole au monde et pourrait en être l’un des États les plus riches, le Venezuela n’en est pourtant que le 10e producteur. Comment expliquer cette situation ?

Plusieurs facteurs. Tout d’abord, il faut prendre en considération que le pétrole vénézuélien n’est pas du type léger comme le Brent ou le West Texas Intermediate. Il s’agit d’un pétrole plutôt « dur », trop visqueux à cause d’impuretés, nécessitant d’être traité par des méthodes spéciales, comme le mélange avec du pétrole léger d’autres pays. Autrement dit, le pétrole vénézuélien coûte relativement cher à produire quand comparé au pétrole du Golfe ou celui du Texas. 

Jusqu’à 1994, avant Chávez, le Venezuela produisait quelques 3 millions de barils par jour, en nette concurrence avec le pétrole saoudien. Néanmoins, depuis l’arrivée de Chávez au pouvoir et depuis Maduro, cette production n’a fait que diminuer, arrivant à de médiocres 400 000 barils par jour d'aujourd'hui, parfois se faisant même dépasser par la Colombie ou le Brésil. La production pétrolière vénézuélienne est donc revenue à ses niveaux des années 1930. 

Le premier coup dur à la production était la purge politique de PDVSA, l’entreprise publique qui détient le monopole de l’exploitation pétrolière au Venezuela, après une grève massive en 2002 contre l’intromission du gouvernement Chávez dans la gestion de l’entreprise. En représailles à la grève, Chávez avait fait licencier plus de 18 000 employés, dont denombreux ingénieurs et techniciens essentiels au bon fonctionnement des raffineries. Ce personnel a été remplacé largement par du personnel moins qualifié techniquement, mais politiquement en harmonie avec le régime d'Hugo Chávez. 

En 2014, c’était la fin du super-cycle des commodities qui a vu une chute brutale du prix de pétrole à presque 50 dollars le baril, provoquant des pertes à PDVSA. Ajoutons à cela un manque d’investissement dans le secteur, la corruption dans la gestion de PDVSA après 2002 et des sanctions américaines contre le Venezuela depuis 2019. 

On connaît l’attrait idéologique de Jean-Luc Mélenchon pour le régime vénézuélien, mais on se pose moins souvent la question de la filiation de leurs programmes économiques. A quel point y-a-t-il une continuité idéologique entre le modèle économique Venezuelien et les propos de Jean Luc Mélenchon ?

Le programme présidentiel de Jean Luc Mélenchon tourne beaucoup autour des nationalisations (dont le secteur bancaire) et un plus grand contrôle du système productif par l’État, ainsi qu’un contrôle accru des médias. Or, ce contrôle par État pratiqué au Venezuela a été néfaste pour l’économie, car l’efficacité économique a été mise de côté en faveur des principes idéologiques. Le contrôle des médias par l’État a permis alors au gouvernement de taire facilement tout média d’opposition ou alors de le maintenir sous la férule des menaces. 

Une autre proximité « programmatique » est la réforme constitutionnelle et l’usage des référendums. Au Venezuela, ces procédés ont été utilisés au départ pour consolider l’emprise de Chávez sur l’État. Il a pu ainsi neutraliser, voire coopter complètement les pouvoirs judiciaire et législatif. Les référendums n’étaient pas vraiment liés à des seuils de participation ou des majorités, ce qui mettait en question la légitimité démocratique de ces consultations populaires. 

En effet, malgré l’accent mis sur la participation de la population dans le programme présidentiel de Mélenchon, ce qui ressort le plus est un renforcement des pouvoirs de contrôle et régulation de l’État, ainsi qu’une neutralisation des agents privés. Or, c’est l’indépendance des secteurs privés qui peut quand même servir à surveiller tout dépassement de pouvoir de l’État. Sans cette indépendance, la surveillance étatique devient vulnérable à l’emprise idéologique. 

Au regard de la situation actuelle du Venezuela, la vie serait-elle réellement moins chère en France si nous suivions les propositions économiques de La France Insoumise ?

Absolument pas. Le Venezuela se trouve actuellement en pleine situation d'hyperinflation. La production industrielle vénézuélienne patine déjà à la suite de cette hyperinflation. Les entreprises sont incapables de planifier sur le long terme, les investissements sont à l’arrêt et la population la plus modeste vit constamment dans la débrouille. Le Venezuela n’est clairement pas un modèle à suivre en Amérique Latine et ses principaux alliés dans la région sont Cuba et l’Argentine, deux pays à la situation économique calamiteuse.

Titre et Texte: Gabriel A. Giménez Roche, Atlantico, 15-10-2022

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