terça-feira, 14 de junho de 2022

Abstention, souverainisme, Nupes : les leçons du premier tour des législatives

Avec une abstention record, le premier tour des législatives marquera l’histoire de la Ve République. Dans ce scrutin, la vague Nupes n’a pas eu l’ampleur voulue par ses promoteurs et les souverainistes ont eu du mal à s’imposer.

C’est le grand gagnant des élections législatives, et pourtant personne ne l’a vu écumer les plateaux TV à l’annonce des résultats. Lui – ou plutôt elle –, c’est l’abstention qui a pulvérisé hier soir un record historique avec un score de 52,49 %. Du jamais vu dans toute l’histoire de la Ve République. Les Français ont majoritairement boudé le scrutin, qui est pourtant l’un des plus lourds de conséquences politiques pour lui. Ce premier tour ne fait par ailleurs que valider une tendance déjà bien présente en 2017, où l’abstention atteignait déjà 51,3 %. De quoi s’attendre à un tsunami lors du second tour ? Si la dynamique se poursuit, l’abstention pourrait s’approcher des 60 % (57,36 % en 2017).

De quoi nous étonnons-nous alors ? Finalement, en 2012, on parlait déjà d’« abstention record ». Idem en 2017. 2022 ne fait que confirmer cette évolution. Mais si ce scrutin était attendu, c’était pour plusieurs raisons. D’une part, parce que la NUPES, cette alliance des gauche (PS, EELV, PCF et LFI) rebattaient les cartes électorales, à tel point que la LFI tentait désespérément d’en faire un troisième tour post-présidentielle. Ensuite, parce qu’après cinq ans de macronisme, la pulsion dégagiste, l’envie de bouter les représentants d’Ensemble hors du Palais Bourbon pouvait être forte. De nouvelles têtes, un élan à gauche, tout était réuni pour appâter l’électeur.

Pourtant, rien n’y a fait, le peuple a boudé cette élection. Petite surprise, d’après un sondage Ipsos/SopraSteria, seuls 31 % des 18-24 ans se sont rendus aux urnes. Seuls 29 % des 25-34 ans et 41 % des 35-49 ans également. La Nupes entendait séduire et mobiliser les jeunes, mais a échoué. Seuls 15 % des électeurs interrogés la veille du scrutin ont trouvé la campagne intéressante et 78 % des personnes ont déclaré penser que l’accord de la Nupes n’était qu’un accord de circonstance intenable dans le temps. En somme : il n’y a pas eu d’« effet Nupes ». Pas de quoi se frotter les mains également côté macroniste : Ensemble n'a attiré les votes que de 11,97 % du corps électoral. C’est léger.

Le pouvoir n’est plus à l’Assemblée nationale

« Plus personne ne croit en notre démocratie », expliquait Michel Onfray au soir du premier tour de la présidentielle, le 10 avril. « La démocratie représentative ne fonctionne plus. » L’espoir aurait-il pu venir des souverainistes ou de ceux qui revendiquent leur patriotisme ? Hier, Reconquête a essuyé une lourde défaite — 4,24 % des votes exprimés et aucun candidat qualifié pour le second tour — et ceux que les préfets ont abusivement classés dans la « droite souverainiste », 1,1 %.

C’est un peu moins qu’en 2017 ou Debout la France (mené par Nicolas Dupont-Aignan) avait obtenu 1,17 % des suffrages exprimés. Florian Philippot (Les Patriotes) a été lourdement sanctionné, terminant à la sixième place dans la 6e circonscription de Moselle avec 4,62 % de votes. Seul Nicolas Dupont-Aignan parvient à se qualifier au second tour, avec un score de 33,34 %. Le député sortant bénéficie d’un ancrage local qu’il entretient depuis 1997, année de son premier mandat de député de l’Essonne.

Pour autant, il s’agit de l’arbre qui cache la forêt. Après cinq ans de macronisme, après la crise du Covid qui a rappelé l’évidente nécessité d’une plus forte indépendance, et d’un renforcement de notre souveraineté (industrielle et sanitaire notamment), les souverainistes n’ont pas su tirer leur épingle du jeu. À droite, peut-être que l’accent mis sur la critique de la politique sanitaire du gouvernement n’a pas suffit à convaincre les électeurs. À gauche, les candidats souverainistes – notamment République souveraine, le parti de Georges Kuzmanovic –  ont souffert d’un trop grand manque de notoriété pour séduire les votants. C’est la dure loi de la communication politique à l’heure des chaînes d’information continue et des réseaux sociaux.

Au fond, doit-on s’étonner de l’abstention record ? Depuis cinq ans, les décisions importantes prises pour notre pays l’ont été : soit directement par le Président de la République (Covid, nucléaire, Ukraine), soit par le Conseil constitutionnel (affaire Cédric Herrou), soit par l’Europe (voitures thermiques, politique sanitaire et monétaire). Le Parlement n’a eu que quelques accessits – comme celui de la PMA pour toutes et tous – où il a vaguement pu avoir voix au chapitre. Malgré le pataquès médiatique récurrent sur ces sujets, preuve en est qu’ils ne passionnent pas outre mesure les Français au-delà de certains groupes sociaux bien définis.

L’abstention prouve à nouveau, et paradoxalement que nous sommes un peuple très politique. Les Français ne sont pas dépolitisés, bien au contraire : ils savent où se trouve le vrai pouvoir et il n’est pas à l’Assemblée nationale. Il est à Bruxelles.

Titre et Texte: Front Populaire, 14-6-2022

Relacionado: 
[L’édito de Valérie Toranian] Législatives : les incroyables fausses vérités d’un scrutin

Um comentário:

Não publicamos comentários de anônimos/desconhecidos.

Por favor, se optar por "Anônimo", escreva o seu nome no final do comentário.

Não use CAIXA ALTA, (Não grite!), isto é, não escreva tudo em maiúsculas, escreva normalmente. Obrigado pela sua participação!
Volte sempre!
Abraços./-