Emmanuel de Gestas
Claire Koç [photo] aime la France. Passionnément. Fille d’immigrés turcs, ses yeux s’embuent lorsqu’elle parle de sa patrie d’adoption. La trentenaire, journaliste à France Info, raconte, dans un livre bouleversant, Claire, le prénom de la honte (Albin Michel), son chemin de croix pour s’assimiler à la France. « D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fascinée par la France », explique-t-elle.
Née en 1983 en Turquie dans
une famille modeste de confession alévie, ses parents émigrent en France
l’année suivante. Après un passage à Rennes, la famille Koç s’installe dans
la banlieue de Strasbourg à la fin des années quatre-vingt. Le quartier de
la Cité nucléaire est classé « sensible ». Comprendre : quartier multiculturel
avec une forte majorité de populations immigrées de culture, si ce n’est de
religion, musulmane. Et une forte communauté turque. C’est là que la jeune
Çigdem, de son prénom d’origine, grandit.
SI DURANT QUELQUES ANNÉES, SES PARENTS SEMBLENT ESSAYER, À DÉFAUT DE
S’ASSIMILER, AU MOINS DE S’INTÉGRER,
le tournant des années 90 marque une rupture. L’arrivée dans le foyer familial
d’une antenne parabolique captant les chaînes télévisées turques déclenche le
repli communautaire des parents de Çigdem. Désormais, à la maison, comme en
dehors, il faut vivre à la turque le plus possible, et se tenir à distance des
Gaulois, ces mécréants.
Seulement, Çigdem Koç aime la
France, rêve de France, se sent française, tout simplement, bien loin des
tiraillements identitaires de ses parents ou de beaucoup d’immigrés. En classe,
elle se découvre une passion pour l’histoire de notre pays, pour ses grands
hommes, sa litérature, sa liberté incroyable et inconcevable pour des Turcs
déjà en voie de réislamisation.
Peu à peu, Çigdem tombe
amoureuse de la France, et commence à suivre un chemin diamétralement opposé à
celui de sa famille : l’assimilation. Elle ne désire plus, en secret, que
manger, parler, vivre, s’habiller et respirer la France, comme une Française.
En 2006, devenue journaliste, elle saute le pas, demande sa naturalisation. Et choisit un prénom français et chrétien. Adieu Çigdem, bienvenue Claire. La réaction de ses proches est violente. Insultes, crachats, mépris, et en"n, rupture : sa famille la renie, et ne veut plus entendre parler d’elle. C’est de là que lui vient son intransigeance sur l’assimilation: « Il faut aimer la France. Peu importe d’où l’on vient, la France nous donne cette chance incroyable de devenir l’un des siens, pourvu qu’on adopte sa langue, ses valeurs, son histoire magnifique, sa civilisation. Toutes choses que les bien-pensants détestent! ».
CAR CLAIRE KOÇ NE SUBIT PAS SEULEMENT LE REJET DE SA FAMILLE OU
D’AUTRES IMMIGRÉS QUI L’INSULTENT ET L A MENACENT DE MORT RÉGULIÈREMENT SUR LES
RÉSEAUX SOCIAUX.
Elle doit faire également face
à ceux qu’elle appelle les bien-pensants, soit ce$e gauche bourgeoise
multiculturaliste qui vénère la diversité, tant que celle-ci reste étrangère et
méprise la France. « C’est de l’assignation à résidence identitaire: ces
gens adorent les immigrés, pourvu qu’ils le restent et ne deviennent jamais français!
» s’indigne la journaliste.
Claire Koç « aggrave » encore
son cas: fascinée depuis toujours par le christianisme, elle choisit de se
faire baptiser dans le catholicisme. « J’ai toujours aimé les églises. Quand
j’étais petite, souvent, en rentrant de l’école, je m’arrêtais pour y entrer.
Les portes étaient toujours ouvertes, et cela rendait le lieu très accueillant
», se souvient-elle, très émue.
À l’évocation de sa foi nouvelle, la jeune femme ne peut s’empêcher quelques discrètes larmes. « L’amour de la patrie est la première vertu de l’homme civilisé », écrivait Napoléon Bonaparte. Claire Koç, elle, est résolue à continuer à clamer sa gratitude envers la France. Et à l’aimer. Quoi qu’il lui en coûte.
Texte: Emmanuel de Gestas; Photo: Benjamin de Diesbach – L’Incorrect, nº 44, août 2022
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