segunda-feira, 9 de novembro de 2020

Le trumpisme avait tout de même du bon

Le trumpisme ou l'art des bonnes questions 

Jeremy Stubbs 

La présidence Trump a été un choc salutaire pour le monde


Vulgaire ? Certes ! Mal préparé ? Probable ! Immature ? Peut-être ! Mais tout bilan honnête du mandat de Donald Trump devrait prendre en compte les lièvres que l’homme à la mèche orange a eu l’audace de soulever, comme le jeu trouble de la Chine ou les dangers d’une immigration mal contrôlée. Sans oublier qu’il a permis aux républicains de renouer avec les couches populaires.

Photo: Steve Pope/Getty Images

Dans le livre des morts égyptien, les bonnes et mauvaises actions du défunt étaient pesées par les 42 juges du tribunal d’Osiris chargés de rendre un verdict sur le sort ultime réservé à son âme. Aujourd’hui, le bilan du président Trump est jugé par le tribunal des médias, dont les arbitres sont plus nombreux et plus intraitables que les dieux de l’autre monde. Beaucoup dressent la liste des réussites et des échecs de sa présidence, en se hâtant de trouver la deuxième colonne plus longue. D’autres se scandalisent que l’on puisse envisager que Trump ait un bilan, le réduisant à un symptôme d’une pathologie de la démocratie. Tous sont d’accord sur le fait qu’il laissera une empreinte indélébile sur la vie politique aux États-Unis et même au-delà. Mais laquelle ?

Un mur prolongé de 300 kilomètres au Sud

Ceux qui le condamnent sont outrés par sa vulgarité, sa pétulance, et l’absence apparente d’un surmoi capable de restreindre ses bas instincts de mâle égoïste, de Blanc xénophobe, de richard obsédé par le fric. Pourtant, c’est précisément là que réside l’apport positif de Trump : il a osé parler ouvertement de certains sujets, à la fois gênants et brûlants, que les autres, avant lui, n’évoquaient qu’à mots couverts. C’est tout le contraire de son prédécesseur, Barack Obama, plus élégant, plus intellectuel, plus « Ivy League ». Obama était parfaitement conscient de l’importance de ces problématiques, mais adoptait une approche infiniment plus discrète, de sorte que, non seulement la plupart des Américains ne voyaient pas ce qu’il avait accompli, mais en plus ils ne savaient guère qu’il s’occupait de ces questions. Trump a promis une Grande Muraille séparant les États-Unis des nations du Sud et des hordes de migrants. Certes, il n’a prolongé les structures existantes que de quelque 300 kilomètres. Peu importe : en incitant ses supporters à scander« build the wall », il a légitimé les préoccupations d’un grand nombre de gens ordinaires. C’est ainsi qu’il a donné une légitimité et une voix à la colère des cols bleus. Ses adversaires, qui dénigrent cette exaspération populaire en la qualifiant de populiste, auraient préféré qu’elle reste refoulée, au risque de la voir un jour exploser de manière d’autant plus dévastatrice qu’elle aura été si longtemps contenue. À cet égard, même les détracteurs de Trump devraient admettre qu’il constitue un moindre mal. 

Comme le montre Alexandre Mendel dans Chez Trump, face à la mondialisation et au multiculturalisme prônés par ses prédécesseurs, le président sortant a personnifié pour beaucoup d’Américains une« inversion des valeurs » et un« retour à la patrie. » Mais ce retour à la patrie s’opère par une action à l’extérieur du pays, sur la scène mondiale. Car pour beaucoup d’Américains, la plupart de leurs problèmes quotidiens proviennent des doctrines globalistes qui ont certes apporté une croissance très importante à la planète, mais souvent aux dépens des emplois et de la dignité des ouvriers occidentaux. Quand Trump se lance ouvertement dans un bras de fer tarifaire avec la Chine, on l’accuse de déclencher une guerre commerciale. C’est refuser de voir qu’une grande partie du monde est déjà dans un état de guerre avec la Chine – à cause des visées stratégiques de cette dernière –, un état de guerre froide. Trump n’est pas la cause de cette situation, mais son révélateur. Obama avait pris la mesure du problème qu’il traitait de manière multilatérale, à travers les institutions de la mondialisation, comme l’OMC, sans voir que ces institutions étaient grippées par leur propre inertie et les manœuvres habiles des Chinois. Les zélotes de la mondialisation ont dénoncé la grossièreté des mesures prises par Trump, en ignorant ce qu’il a réussi à faire :les partenaires des États-Unis sont désormais obligés de reconnaître que les dysfonctionnements de la mondialisation sont le problème de tout le monde et ne peuvent pas être résolus par des pourparlers conduits derrière des portes closes. 

Le multilatéralisme vilipendé

La liste des institutions multilatérales vilipendées par Trump, des accords qu’il a piétinés ou renégociés, ou des champs de bataille dont il a retiré ou essayé de retirer ses troupes est longue. L’unilatéralisme de Trump a choqué la planète, surtout ses alliés, mais c’est un choc salutaire. Il oblige les autres à imaginer un monde sans les États-Unis, un monde où l’ordre international et libéral n’est pas soutenu par l’Amérique, où la paix des nations n’est pas garantie par le shérif planétaire. Il nous demande de prendre nos responsabilités comme si nous étions des adolescents attardés. Notre réponse a été de ne voir en lui qu’un teenager gâté. Quand nous rions de la prétendue immaturité de Trump, nous devrions écouter le poète Horace : « Pourquoi moquez-vous ? Ne voyez-vous pas que cette histoire est la vôtre ? » 

Chez lui, Trump a permis au Parti républicain de renouveler son socle électoral, en substituant une partie des classes ouvrières à une partie des classes aisées, désormais adeptes de la mondialisation et du multiculturalisme. Enfin, si on mesure sa grandeur à l’aune de la haine qu’on inspire, Trump est un grand homme. L’hystérie anti-Trump a été encore plus forte que celle des « Tea Parties » contre Obama. Les démocrates n’ont jamais cessé de promettre sa destitution. Les médias dominants traitent tout ce qu’il dit comme un mélange de mensonges, d’erreurs et de préjugés. Les émeutes urbaines provoquées par le mouvement BLM et prolongées par les « antifas » sont autant de protestations contre Trump et ceux qui l’ont élu. Il y a une lutte, en Amérique comme en Europe, entre l’esprit populiste, longtemps refoulé, et l’esprit « woke », qui se manifeste aujourd’hui sur les barricades et dans la « cancel culture ». 

Certains affirmeront que c’est Trump qui est l’auteur de cette polarisation, mais elle était déjà là, dans les faits.  

Trump a eu, non la vulgarité, mais le courage de prendre la tête de ceux qui étaient conspués par les intellectuels, ignorés par les entreprises mondialisées et oubliés par les stratèges politiques. La voix qu’il a donnée à ceux qu’on n’écoutait pas ne sera plus réduite au silence. Certes, Trump n’a pas apporté toutes les solutions, mais il a permis de voir les problèmes. Même après lui, il sera difficile de les ignorer. 

Titre et Texte: Jeremy Stubbs, Causeur, 9-11-2020 

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