terça-feira, 29 de junho de 2021

Université, le monde radieux du nouveau totalitarisme


Yana Grinshpun

Quand nous étions enfants, en Russie soviétique, nous avions nos classiques, comme tous les enfants du monde. Parmi les oeuvres qui ont marqué mon enfance et qui continuent à interroger aujourd’hui mes enfants, il y avait un joli poème, intitulé « Un grand cafard » (1), écrit par un grand poète russe pour enfants, Kornej Chukovski. Ce poème met en scène un cafard qui arrive dans la jungle. Il terrorise tous les animaux qui y vivent : lions, tigres, crocodiles, ours, kangourous, qui ont peur de lui. Il exerce sur eux une fascination et un pouvoir inexplicables. Il les menace avec son ombre et ils lui obéissent. Ils ne savent pas pourquoi, mais ils obéissent tous, ayant peur que s’ils disent quoi que ce soit, le cafard n’emporte leurs enfants. Ils tentent une rébellion, mais elle échoue, le cafard leur montre sa moustache et cela suffit pour qu’ils se cachent dans les arbres et qu’ils acceptent son autorité.

Cela m’a toujours fascinée dans mon enfance – pourquoi de si grands animaux se soumettent-ils à une créature immonde, pourquoi ne l’écrasent-ils pas ? Le poème a pourtant un happy end : arrive un moineau qui avale le cafard sans trop se poser de questions philosophiques. Les animaux sortent de leur cachette et font la fête en félicitant le moineau.

La situation qu’on vit aujourd’hui dans le milieu universitaire est drôlement semblable à celle de ce poème. Du moins, c’est mon sentiment. Je suis sincèrement étonnée de voir la hâte avec laquelle une partie de mes collègues universitaires s’aligne devant les nouveaux tyrans du genre et de la race qui expliquent aux gens qui ils sont, comment ils doivent se sentir et se comporter, comment ils doivent parler et écrire. J’ai l’impression de me retrouver quarante ans en arrière, dans une sorte de jour de la marmotte communiste sans fin. Sauf que la marmotte ressemble fort à ce cafard du poème.

J’ai en effet eu la chance historique d’assister en tant que témoin à la fin du régime soviétique officiel qui s’effondrait lentement sous nos yeux dans les années quatre-vingt-dix du siècle passé. La disparition du système communiste, qui a anéanti la vie de millions de personnes, parmi lesquels mes proches, a réjoui une grande partie des ex-citoyens soviétiques.

J’ai aujourd’hui la chance historique de revivre certaines manifestations de ce régime dans le pays dont je suis aujourd’hui citoyenne. Tous mes contemporains ne peuvent pas se vanter de voir se réaliser la prédiction de Marx proclamant que l’histoire se répète sous forme de farce, et farce bien sinistre.

« Peut-être les relents du communisme n’ont-ils jamais disparu des institutions universitaires françaises qui affichent invariablement une seule appartenance : être à gauche. »

Dans ce qui suit, je me concentrerai surtout sur la vie universitaire française, champ d’observation de la vie intellectuelle non négligeable. Depuis une décennie, l’espace universitaire est traversé par le retour des slogans éculés qui promettent un monde radieux, fondé sur un savoir « nouveau », peuplé par des savants « révolutionnaires » et « émancipateurs » qui mettent en avant leur progressisme, revendiquent leur engagement pour une égalité toujours plus égalitaire, une humanité plus « inclusive », une libération plus « radicale ». Quand je dis « retour », il se peut que je me trompe, peut-être les relents du communisme n’ont-ils jamais disparu des institutions universitaires françaises qui affichent invariablement une seule appartenance : être à gauche. Ce qui est assez paradoxal pour une démocratie pluraliste. Toute autre appartenance étant suspecte, elle peut valoir une condamnation morale du collectif vertueux.

Il y a une dizaine d’années, j’ai fait la découverte de cette exigence non écrite mais affichée haut et fort, tel le drapeau rouge sur les usines soviétiques. En parlant d’étudiantes qui se convertissent à l’islam et qui se voilent, j’ai cité Soumission de Michel Houellebecq à quelques collègues dans la salle des enseignants. L’une d’elles s’était indignée de mes lectures, me demandant comment je pouvais lire « ces types de droite ». C’est ainsi que j’ai appris qu’il y a des enseignants pour qui la seule littérature légitime doit avoir l’estampille de la gauche. Et une expérience vécue à l’école soviétique m’est revenue à l’esprit.

En Union soviétique, j’ai dû suivre les cours de l’histoire du marxisme-léninisme au lycée. À l’époque, la langue de bois de notre enseignant et des manuels du Parti ne m’intéressait pas encore comme c’est le cas aujourd’hui – je préférais me concentrer sur la lecture de Thomas Mann dont l’ouvrage Mario et le Magicien ne faisait pas vraiment partie des livres salués par le canon soviétique. L’enseignant a saisi le livre et m’a dit que la lecture des auteurs impérialistes, représentants de la « pourriture » bourgeoise et impérialiste, pervertissait l’esprit de la jeunesse. La remarque était savoureuse, car c’est dans cette nouvelle justement que Mann parle des dangers du fascisme, mais quelle importance, puisque l’auteur est l’ennemi du bien ? Comme doit l’être Houellebecq, la « pourriture » de droite pour cette intelligentsia à la pensée toute prête.

J’ai découvert trente ans plus tard, en France, pays démocratique et pluraliste  (c’est  ainsi  que  nous  la  voyions  de  l’autre  côté  du  rideau  de  fer), que c’est le pays qui est devenu le plus proche du régime que j’ai quitté,  que  l’université  française  avait  horreur  du  capitalisme,  que  ne  pas être à gauche était considéré comme un crime de lèse-humanité. Et si « la droite » disait que deux et deux font quatre, il fallait à tout prix s’évertuer à montrer que deux et deux font cinq ou trois, pour ne pas être identifié aux « fascistes ».

Dans l’esprit de nombreux universitaires, qui  ne  se  repèrent  pas  bien  dans  l’espace  politique,  «  la  droite  »  c’est  toujours  «  l’extrême  droite  ».  Cette  absence  de  tolérance,  l’incapacité  foncière à accepter que l’université ne soit pas nécessairement un parti unique, les réflexes pavloviens de rejet de tous ceux qui mettent en cause l’idéologie  dominante  me  rappellent  implacablement  le  moralisme  de  la propagande soviétique. Ce que je vois tous les jours dans l’université en France, c’est le progrès du même régime autoritaire, qui tente de se débarrasser de ceux qui pensent différemment.

Pour le moment, ce ne sont  que  mises  au  pilori  et  cris  d’orfraie  contre  «  fachos  »,  «  réaction-naires »,  « capitalistes »,  « colonialistes »  et  « sionistes ».  Ces  formules désignant le mal, j’ai les ai entendues mille fois dans l’ancienne URSS et ce que j’entends aujourd’hui dans le monde universitaire, ce que je lis dans les médias, ce sont exactement les mêmes dénominations vides, le même  prêt-à-penser  qui  participe  aux  mêmes  mécanismes  d’endoctri-nement. Bien sûr, en France, nous vivons dans un régime démocratique où  l’on  a  encore  la  liberté  de  contester  les  dogmes  que  l’on  considère  dangereux  et  dont  la  critique  n’entraîne  ni  l’emprisonnement  ni  l’envoi dans un camp de travail. Mais les tentatives de rééducation morale existent déjà et ce n’est pas bon signe.

La gauche radicale a bien intégré le dispositif rhétorique communiste

La  raison  principale  de  notre  départ  de  l’ex-URSS  était  un  anti-sémitisme  institutionnel.  Il  existait  des  quotas  pour  les  juifs  dans  les  universités  soviétiques.  À  l’époque,  il  était  extrêmement  difficile,  voire impossible, pour un juif d’intégrer les établissements supérieurs d’élite. Je ne pouvais pas intégrer l’université que je convoitais, l’Institut  d’État  des  relations  internationales  de  Moscou  (MGIMO). 

Il  existait une note sur la restriction de l’admission des personnes dont «  l’État national est hostile à l’Union soviétique ». Il va sans dire qu’il s’agissait  d’Israël  et  tout  juif  était  suspect  de  sionisme,  sionisme  que  le  pouvoir  soviétique  déclarait  «  raciste  »  et  «  impérialiste  ».  D’ailleurs,  c’est  exactement  ce  discours  que  tient  la  gauche  radicale,  qui  a  bien  intégré  le  dispositif  rhétorique  communiste.  Mon  grand-père  dirigeait  un  laboratoire  de  physique,  il  avait  le  malheur  de  recruter  des  scientifiques  compétents  sans  regarder  leurs  origines  ethniques.  Comme l’État a considéré qu’il avait recruté trop de juifs, il a perdu son poste pour avoir enfreint le numerus clausus autorisé et a dû laisser son laboratoire.

C’est  pourquoi,  quand  on  entend  parler  d’un  «  racisme  d’État  »,  inventé  pour  les  besoins  de  manipulation  idéologique,  il  s’agit    d’une véritable imposture identitaire et démagogique. À l’université, en France, où j’ai passé les vingt dernières années, je suis responsable pédagogique  des  enseignements  de  linguistique  en  première  année.  Parmi cinq cents étudiants inscrits, il y a des étudiants noirs d’Afrique, des  noirs  nés  en  France,  des  Arabes  algériens,  tunisiens,  marocains,  français, libanais, des Kabyles, des Asiatiques, des Slaves, des musulmans,  des  chrétiens,  des  bouddhistes,  des  animistes  et  des  admirateurs  des  orishas.  Et  personne  ne  subit  «  le  racisme  systémique  »  ou  «  institutionnel », comme c’était le cas en Afrique du Sud ou comme c’est toujours le cas dans certains pays musulmans à l’égard des mino-rités  non  musulmanes.  C’est  pourquoi  les  accusations  de  «  racisme  systémique » ressassent une formule creuse à propos d’un racisme qui n’existe  pas  dans  l’État  français.

Le  risque  est  que  ces  fausses  accusations  attisent  des  haines  raciales.  Je  rappelle  que  les  victimes  du  «  racisme systémique » dans les pays totalitaires n’ont pas la liberté de se répandre dans les médias, dans les chaires universitaires et les plateaux de télévision au sujet de leurs souffrances « systémiques ».

Une nouvelle « science » des quotas positifs

Dans Vie et Destin de Vassili Grossman, un des personnages prin-cipaux, communiste de la vieille garde, qui a connu Lénine et Trotski, se  trouve  en  prison  pendant  la  guerre,  soupçonné  de  ne  pas  être  un  «  pur », d’être traître à la cause. Un peu comme Françoise Vergès qui est accusée par des militants de ne pas être suffisamment « déblanchie » pour avoir le droit de parler de la décolonisation. Il y rencontre alors un  autre  détenu  qu’on  accuse  de  ne  pas  apprécier  le  réalisme  soviétique, défini par la doctrine officielle comme « une méthode artistique profondément vitale, scientifique et très avancée, développée à la suite des  succès  de  la  construction  socialiste  et  de  l’éducation  du  peuple  soviétique  dans  l’esprit  du  communisme. 

Les  principes  du  réalisme  socialiste s’inscrivent dans les développements ultérieurs de la théorie de Lénine qui a pointé la nécessité du caractère révolutionnaire de la littérature ».Les  camarades  de  détention  lui  conseillent  de  se  repentir  et  de  reconnaître  l’importance  de  ce  mouvement  littéraire  dans  la  marche  vers  le  progrès  humain.  La  lecture  de  l’article  du  Monde  du  20 novembre  2020 (2)  m’a  fait  penser  au  retour  de  ces  temps  de  repentance. L’autrice de l’article explique que « l’émancipation » doit atteindre l’imaginaire masculin par la parole libérée des femmes, car cet inconscient n’est pas paritaire, et parce que les créateurs hommes mettent  en  scène  moins  de  personnages  féminins  que  les  créatrices  femmes ne mettent de personnages masculins. Elle s’y exclame : « La libération de la parole des femmes conduira-t-elle à une émancipation de l’imaginaire masculin ? »L’exigence   de   parité   vise   désormais   à   atteindre   l’inconscient   des  hommes,  qui  sont  sommés  de  respecter  des  quotas  sexuels.  Les  auteurs  hommes  auront  à  respecter  un  numerus  clausus  des  person-nages : hommes, femmes et trans, s’ils veulent être publiés.

Comme les auteurs soviétiques qui étaient censés mettre en scène les ouvriers et les paysans incarnant les valeurs du progrès. C’est ainsi que la liberté de la création devient dépendante des exigences idéologiques qui se basent sur une nouvelle « science » des quotas positifs.J’ai  cité  ci-dessus  la  définition  du  réalisme  soviétique.  Voyons  ce  que cela donne si on réécrit cette définition à la lumière de la « science du genre » :

«   La  création  paritaire  est  une  méthode  artistique  pro-fondément  vitale,  scientifique  et  très  avancée,  dévelop-pée à la suite des succès de la construction du genre et de l’éducation du peuple masculin dans l’esprit de la gender theory. Les principes de la création paritaire constituent un développement ultérieur de la théorie de Judith Butler sur le caractère révolutionnaire de la littérature. »

Essayez de l’enseigner en cours de philosophie, histoire, sociologie, art et cela prendra, comme toute manipulation idéologique.

Les nouvelles figures du prolétaire... ou du martyr

Les  activistes  du  Parti  communiste  russe,  qui  représentaient  les  valeurs  prolétaires,  se  considéraient  comme  les  arbitres  des  destinées  humaines, rejetant tout ce qui dépassait le cadre de leur vision prolétarienne du monde. Les idéologues du genre et, partant, de la race, qui se présentent comme les nouveaux directeurs de conscience de l’humanité expliquent urbi et orbi que le monde est un espace dominé par l’oppres-seur « hétéropatriarcal masculin blanc ». Il existe même à la Sorbonne «   une brigade des actions féministes » intersectionnelles, la BAFFE, une véritable milice des mœurs à la soviétique, qui affiche une langue de bois que  les  nostalgiques  de  l’époque  communiste  apprécieront  à  sa  juste  valeur.

En Union soviétique, il s’agissait de se conformer à l’esprit du sys-tème  qui  postulait  le  respect  du  dogme  communiste.  Beaucoup  de  gens n’y croyaient pas, mais faisaient semblant d’y croire pour échapper aux persécutions des « émancipateurs ». Ici, en Occident, le problème essentiel est la croyance sincère et naïve d’une grande partie de la jeunesse aux délires déguisés en savoir qui leur sont inculqués par les  nouveaux  combattants  pour  le  monde  meilleur.  Le  monde  serait  dominé  par  les  injustices  «  hétéropatriarcales  »  et  «  capitalistes  »,  les  Français  doivent  battre  leur  coulpe  pour  «  la    »  colonisation  jusqu’à  la  fin  de  leur  existence,  l’Occident  civilisé  serait  coupable  de  tous  les crimes de la planète, la langue serait conçue par des complotistes hommes pour « invisibiliser » les femmes, etc.

Aussi fou que cela paraisse, ceux qui créent ce monde nouveau ne sont pas des malades mentaux. Ce Politburo féministo-racial qui s’efforce de modifier la culture, de contrôler les pensées et de commander l’inconscient  a  les  mêmes  méthodes,  le  même  style  que  leurs  prédé-cesseurs que j’ai bien connus. J’ai à nouveau l’impression d’assister à la destruction des fondements de notre civilisation par des fanatiques. Les soviets ont créé un monde atroce fondé sur le culte du marxisme-léninisme,  les  idéologues  de  l’émancipation  révolutionnaire  créent  également une mythologie à caractère religieux qu’ils enseignent dans les  universités  en  lui  donnant  un  statut  de  science. 

Le  marxisme-  léninisme  prétendait  fonder  le  monde  nouveau  «  scientifiquement  »  et qui « composait la vision du monde de la classe ouvrière ». Je passais l’examen de l’histoire du Parti en apprenant par cœur la définition de cette « science sur la connaissance et la transformation révolutionnaire du monde, sur les lois pour le renversement du capitalisme ».

Les  agissements  des  émancipateurs  contemporains  relèvent  des  mêmes procédés. Ils déclarent se battre pour la justice sociétale. Mais, bien  vite,  sous  le  masque  progressiste,  apparaît  le  visage  hideux  de  l’intolérance.  Ils  excluent  et  condamnent  ceux  qui  ne  se  plient  pas  aux oukases, ils leur font des procès sur les réseaux sociaux et dans les médias au nom de la nouvelle religion où la femme, le transsexuel, le «   racisé » en tant que « minorités opprimées » deviennent de nouvelles figures du prolétaire... ou du martyr.

Lorsque l’on fait intervenir dans l’enseignement réputé scientifique des  mythes  fondés  sur  les  croyances  et  les  ressentiments  identitaires  revendicatifs, on rompt le pacte éducatif en truquant l’enseignement de la littérature, de la langue, de la philosophie. Dans les œuvres com-plètes de Lénine, le tome 41 est consacré à l’éducation : « L’essentiel dans toute école est l’orientation politique et idéologique de l’enseignement. »

Lénine y explique que l’orientation idéologique est déterminée entièrement par la composition du corps enseignant. Je constate que ce précepte a été pris très au sérieux par les idéologues modernes qui n’hésitent pas à transformer les enseignements pour les destiner à l’endoctrinement, et à procéder au recrutement des étudiants formés à la propagande de race et de genre, avec des thèses sur la « blanchité » et la dynamique « d’oppression du genre ». C’est ainsi que je lis dans les copies de linguistique de mes étudiants qu’ils vivent dans un monde dominé par le patriarcat, le sexisme et le racisme. Et cela au sein de l’institution où les femmes occupent des postes de prestige, de pouvoir et de direction, où la grande majorité des enseignants est féminine et où les étudiants portent des noms maghrébins, asiatiques, slaves, africains ou indiens. Je vois clairement l’apparition des nouveaux mythes totalitaires qui possèdent une structure très ancienne.Cependant,  pour  revenir  au  poème  par  lequel  j’ai  commencé,  j’espère  sincèrement  que  mes  concitoyens  ne  laisseront  pas  le  cafard  intoxiquer leurs enfants par le dogmatisme religieux et intolérant, ni établir  leur  propre  goulag  moral. 

Le  poème  se  termine  par  l’arrivée  d’un moineau qui avale le cafard et continue son chemin. Inspirons- nous  de  ce  poème,  et  libérons  ce  moineau  qui  est  en  nous  pour  défendre la liberté et le pluralisme.

1. Kornej Chukovski, Tarakanische, non traduit.

2. Macha Séry, « Il était une fois la parité », Le Monde, 20 novembre 2020

Titre et Texte: Yana Grinshpun, Revue des Deux Mondes, juillet/août 2021

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