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Budapeste, Hungria |
Alain de Benoist
Les États-Unis vantent les
mérites de la concurrence, mais détestent avoir des concurrents. Ils détestent
aussi l’idée d’un monde multipolaire. Sortis grand vainqueurs de la Seconde
Guerre mondiale, toute leur politique étrangère depuis des lustres consiste à
contrecarrer l’émergence de puissances rivales qui pourraient menacer leur
hégémonie. L’Europe ayant déjà été neutralisée et vassalisée, restent la Chine
et la Russie, qu’ils cherchent à affaiblir par tous les moyens.
Por ce faire, ils disposent
avec les bases de l’OTAN d’un outil de premier plan. L’OTAN, qui aurait dû
disparaître en même temps que le Pacte de Varsovie, est aujourd’hui devenue la
“global NATO”, soit une police Internationale chargée de proteger
partout dans le monde les intérêts américains tout en exerçant sur ses alliés
ce que le général De Gaulle appelait sa “pesante tutelle”.
En faisant entrer dan l’OTAN
les anciens pays du bloc de l’Est, les États-Unis ont cherché à défier et à
encercler la Russie. C’est en vain que des politologues américains de haut
rang, comme Henry Kissinger, John J. Mearsheimer, George Kennan, Paul Nitze,
Robert McNamara et bien d’autres, avaient mis en garde dès les années 1990
contre les conséquences dramatiques d’une expansion de l’OTAN jusqu’aux
fronteires de la Russie, que Kennan qualifiait d’”erreur fatidique”. Les
Américains n’ont cesse d’affirmer que l’Ukraine a vocation à entrer ele aussi
dans l’OTAN.
Dans Le Grand échiquier
(1997), Zbigniew Brzezinski a explique porquoi: “L’Amérique doit absolumente
s’emparer de l’Ukraine, parce que l?Ukraine est le pivot de la puissance russe
en Europe. Une fois l’Ukraine séparée de la Russie, la Russie ne sera plus une
menace.”
Le coup d’État le moins dissimulé de l’histoire
On sait depuis Montesquieu
qu’il a ceux qui déclenchent les guerres et ceux qui les rendent inevitables.
Les États-Unis et l’OTAN ont tout fait pour rendre la guerre in évitqable.. Une
guerre qui n’a nullement commencé en février 2022, mais en 2014, puisque l’on
comptait déjà 14 000 morts au Donbass quando lármée russe est intervenue.
Le coup d’État du 22 février 2014, dit de l’Euro-Maïdan, prepare, organisé et financé par les États-Unis (à hauteur de 5 milliards de dollars) – “le coup d’État le moins dissimule de l’histoire”, a dit le politologue américain George Friedman –, n’avait pas pour but de rendre l’Ukraine plus démocratique, mais de la rendre plus occidentale, c’est-à-dire antirusse. Il a permis de destituer le président Ianoukovytch, régulièrement élu en 2010, et d’appeler au pouvoir une equipe de pro-Occidentaux dont le premier acte législatif fut l’abolition de la langue russe comme langue officielle.
En 2019, leur succéda un
gouvernement fantoche, corrompu jusqu’à la moelle, largement domine para la
pègre et dirigé par Volodymyr Zelensky, un ex-roi du show business. Les
Américains, pendant tout ce temps, ne cessèrent de menacer, d’ignorer et
d’humilier la Russie.
Fidèles à la doctrine Monroe, les Américains n’ont jamais admis d’intervention étrangère dans leus sphère d’influence, tout en ne cessant d’Intervenir dans celles des autres. Depuis l’affaire de Cuba en 1962, on sait bien qu’aucun president américain n’accepterait que des fusées russes soient deployées au Canada ou au Mexique. Pourquoi Poutine devrait-il accepter que des fusées américaines soient déployées en Plogne et aux portes de la Russie?
L’intégration de l’Ukraine
dans l’OTAN représentait une menace existentielle pour la fédération russe. Rn
d’autres termes, une ligne rouge à ne pas franchir. Les Occidentaux l’ont
franchie, ne laissant plus d’autre choix à Vladimir Poutine que le recours au
militaire pour satisfaire des revendications qui n’ont jamais pu aboutir par
des moyens politiques ou diplomatiques. C’est ce qui s’est passé le 24 février
dernier.
Le peuple russe, nouveau peuple paria
Poutine, qui n’a nullement
l’intention de recréer l’ancienne URSS (que les Ukraniens étaient en 2010
encore plus nombreux que les Russes à regretter: 62% contre 45%), sait en
revanche que la sécurité d’un pays dépend en grande partie de la notion de
profondeur stratégique, laquelle implique un État tampon. Coupant court à une
nouvelle offensive ukrainienne visant à reprendre le Donbass para la force, qui
était prévue pour la fin de l’hiver, l’”opération militaire spéciale” de la
Russie a eu trois causes immédiates: la volonté de l’OTAN de s’implanter
jusqu’aux portes de la Russie, le refus obstiné du gouvernement de Kiev
d’appliquer les accords de Minsk de septembre 2014 et de février 2015, qui prévoyaient
à la fois l’integrité territoriale de l’Ukraine et l’autonomie du Donbass, et
les ataques continues contre les populations civiles russophones du Donbass.
Les Américains, qui n’ont
jamais bien sûr bombardé des civils (Hiroshima), ni ataque un pays souverain
(Irak), ni Franchi illégalement ses fronteires (Afghanistan, Libye, Somalie),
et moins encore bombardé à date recente une capitale européenne (Belgrade), ont
reagi selon la tactique habituelle des Anglo-Saxons: par les sanctions et l’embargo,
qui sont la version moderne du blocus, par la disqualification morale,
l’inversion accusatoire, la sidération des opinions publiques par la propagande
émotionnelle, le pillonage médiatique et la criminalisation de l’ennemi
(Poutine dictateur fou, criminel de guerre paranoïaque, nouveau Hitler, Boucher
assoifé de sang, etc.). Une tactique qui a pour conséquence de rendre
impossible tout retour à la paix par un règlement negocie du conflit, puisqu’on
ne negocie pas avec un “criminel” ou un “fou”.
À la façon de la cancel
culture, la russophobie ambiante discrédite maintenant tout ce qui est
russe, de Dostoïevski à Soljenitsyne, en passant par Gagarine, tous victimes
d’une même reductio ad Putinum. Les joueurs de tennis, les musiciens,
les handicapés et même les chats russes
sont exclus des spectacles, des musées ou des compétitions.
Il s’agit de faire du peuple
russe un nouveau peuple paria. Les “discours de haine”, naguère décriés, sont
même maintenant autorisés sur les réseaux sociaux si ce sont des discours
antirusses.
L’objectif est clair. Faute de
pouvoir vaporiser la Russie, il s’agit de la mettre au banc des nations, de la
stigmatiser pour l’éternité, de la couper définiitivement de l’Allemagne, de la France et de l’Europe
occidentale, grâce à un cordon sanitaire qui l’isolerait du reste du monde.
Dans cette optique, l’interêt des Américains est de faire en sorte que la
guerre dure le puls longtemps possible. À Washington, on est prêts à se battre
jusqu’au dernier Ukrainien. En 1956, les insurgés de Budapest n’avaient pas eu
droit à un tel soutien.
Un nouveau rideau de fer s’est mis en place
On ne peut évidemment pas dire
qu’”on ne fait pas Laguerre à la Russie” et en même temps décréter contre ele
des danctions d’une ampleur sans précédent, prôner publiquement une “guerre
économique et financière totale à la Russie” (Bruno Le Maire) et fournir des
armes aux Ukrainiens.
Les Européens ont accepté
docilement de prendre contre la Russie des sanctions dont ils seraient les
premières victimes tant eles sont contraires à leurs propres interêts, ´rnergétiques
et industriels notamment (la Russie est puls autosuffisante que l’Europe).
En livrant à l’Ukraine des armes lourdes et des avions, non
pour rétablir la paix mais pour faire durer la guerre, les pays occidentaux
ont pris le risque gravissime d’être considérés comme des cobelligérants.
Nous sommes donc sortis de
l’après-guerre froide. Un nouveau rideau de fer s’est mis en place, à
l’initiative des Occidentaux cette fois. Le continente eurasiatique est à
nouveau coupé en deux. La Finlande et la Suède veulent entrer dans l’OTAN, la
Suisse sort de sa neutralité, l’Allemagne rearme à hauteur de 100 milliards
d’euros, et l’Union européennr endosse le rôle de founisseurs d’armes, tandis
que ceux qui militaient hier pour l’abolition de toutes les fronteires
proclament que celles de l’Ukraine sont inviolables. Un tournan historique.
Dont les conséquences seront, eles aussi, historiques.
L’ancien presidente tcheque,
Václav Klaus l’a dit sans fard: prise en otage par l’OTAN, l’Ukraine est depuis
le début “uniquement un pion sur l’échquier d’un jeu plus vaste”. Le premier
perdant de cette affaire est en effet le malhereux peuple ukrainien,
aujourd’hui bombardé par les Russes après avoir été utilisé cyniquement comme
un pion sur l’échiquier stratégique américain.
Les autres grands perdants
sont les européens qui, en s’alignant de façon quasi unanime sur les positions
américaines, ont démontré une fois de plus qu’ils ne comptent pour rien. Une
Europe indépendante et non alignée aurait pu oeuvrer à un règlement politique
du conflit, à un accord negocie, ainsi qu’à la reconstruction d’un nouvel
espace de sécurité colective à l’echelle continentale, respectant les interêts
des européens autant que ceux des Russes. Elle aurait pu aussi se doter de
l’équivalent de la doctrine Monroe.
Mais ce n’est pas ce qui s’est
passé. En s’alignant platement sur les diktats anglo-saxons et en adoptant des
mesures qui sont autant d’huile sur le feu, l’Union Européenne a perdu toute
credibilité.
Nous ne sommes pas des Occidentaux, mais des Européens
Ce sont en fait deux guerres distinctes
qui se déroulent en ce moment. La première est une guerre fratricide, puisque’elle
oppose deux pays issus de la même matrice historique et qui sont restés associes
pendant des siècles, mais ce n’est pas une guerre civile. Ce n’est pas non plus
une guerre entre deux nationalismes, russe et ukrainien, mais bien plutôt une
guerre entre la logique de l’État-nation et celle de l’empire (qui n’a jamais
eu en Russie de dimension ethnique).
Mais c’est aussi une proxy
war, une guerre par procuration de Washington contre le Kremlin para
Ukraine interposée. Ce qui dévoile du même coup la nature profonde de la
seconde guerre, celle des États-Unis contre la Russie.
Une guerre qui va bien au-delà
de l’Ukraine, puisque c’est une guerre des mondes: une guerre pour ou contre l’hégémonie
libérale, une guerre des États civilisationnels contre l’universalisme
hors-sol, des peuples soucieux de
Leur continuité historique
contre les “societés ouvertes”, des forces d’enracinement contre les forces de dissolution,
des puissances continentales contre les “démocaties maritimes” (États-Unis,
Grande-Bretagne, Australie, Canada). Une guerre à signification mondiale. Une
guerre pour la puissance mondiale.
C’est dire que les appels à la “solidarité occidentale” de Joseph Robinette Biden, le mort-vivant à la Maison-Blanche, nous laissent parfaitement froids. Pour l’excellente raison que nous ne soommes pas des Occidentaux, mais des Européens.
Titre et Texte: Alain de Benoist, Éditorial, Revue Éléments, nº 196, juin-juillet 2022Digitação: JP, 11-6-2022
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