sábado, 11 de junho de 2022

Le retour du rideau de fer

Budapeste, Hungria

Alain de Benoist

Les États-Unis vantent les mérites de la concurrence, mais détestent avoir des concurrents. Ils détestent aussi l’idée d’un monde multipolaire. Sortis grand vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, toute leur politique étrangère depuis des lustres consiste à contrecarrer l’émergence de puissances rivales qui pourraient menacer leur hégémonie. L’Europe ayant déjà été neutralisée et vassalisée, restent la Chine et la Russie, qu’ils cherchent à affaiblir par tous les moyens.

Por ce faire, ils disposent avec les bases de l’OTAN d’un outil de premier plan. L’OTAN, qui aurait dû disparaître en même temps que le Pacte de Varsovie, est aujourd’hui devenue la “global NATO”, soit une police Internationale chargée de proteger partout dans le monde les intérêts américains tout en exerçant sur ses alliés ce que le général De Gaulle appelait sa “pesante tutelle”.

En faisant entrer dan l’OTAN les anciens pays du bloc de l’Est, les États-Unis ont cherché à défier et à encercler la Russie. C’est en vain que des politologues américains de haut rang, comme Henry Kissinger, John J. Mearsheimer, George Kennan, Paul Nitze, Robert McNamara et bien d’autres, avaient mis en garde dès les années 1990 contre les conséquences dramatiques d’une expansion de l’OTAN jusqu’aux fronteires de la Russie, que Kennan qualifiait d’”erreur fatidique”. Les Américains n’ont cesse d’affirmer que l’Ukraine a vocation à entrer ele aussi dans l’OTAN.

Dans Le Grand échiquier (1997), Zbigniew Brzezinski a explique porquoi: “L’Amérique doit absolumente s’emparer de l’Ukraine, parce que l?Ukraine est le pivot de la puissance russe en Europe. Une fois l’Ukraine séparée de la Russie, la Russie ne sera plus une menace.”

Le coup d’État le moins dissimulé de l’histoire

On sait depuis Montesquieu qu’il a ceux qui déclenchent les guerres et ceux qui les rendent inevitables. Les États-Unis et l’OTAN ont tout fait pour rendre la guerre in évitqable.. Une guerre qui n’a nullement commencé en février 2022, mais en 2014, puisque l’on comptait déjà 14 000 morts au Donbass quando lármée russe est intervenue.

Le coup d’État du 22 février 2014, dit de l’Euro-Maïdan, prepare, organisé et financé par les États-Unis (à hauteur de 5 milliards de dollars) – “le coup d’État le moins dissimule de l’histoire”, a dit le politologue américain George Friedman –, n’avait pas pour but de rendre l’Ukraine plus démocratique, mais de la rendre plus occidentale, c’est-à-dire antirusse. Il a permis de destituer le président Ianoukovytch, régulièrement élu en 2010, et d’appeler au pouvoir une equipe de pro-Occidentaux dont le premier acte législatif fut l’abolition de la langue russe comme langue officielle.

En 2019, leur succéda un gouvernement fantoche, corrompu jusqu’à la moelle, largement domine para la pègre et dirigé par Volodymyr Zelensky, un ex-roi du show business. Les Américains, pendant tout ce temps, ne cessèrent de menacer, d’ignorer et d’humilier la Russie.

Fidèles à la doctrine Monroe, les Américains n’ont jamais admis d’intervention étrangère dans leus sphère d’influence, tout en ne cessant d’Intervenir dans celles des autres. Depuis l’affaire de Cuba en 1962, on sait bien qu’aucun president américain n’accepterait que des fusées russes soient deployées au Canada ou au Mexique. Pourquoi Poutine devrait-il accepter que des fusées américaines soient déployées en Plogne et aux portes de la Russie?

L’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN représentait une menace existentielle pour la fédération russe. Rn d’autres termes, une ligne rouge à ne pas franchir. Les Occidentaux l’ont franchie, ne laissant plus d’autre choix à Vladimir Poutine que le recours au militaire pour satisfaire des revendications qui n’ont jamais pu aboutir par des moyens politiques ou diplomatiques. C’est ce qui s’est passé le 24 février dernier.

Le peuple russe, nouveau peuple paria

Poutine, qui n’a nullement l’intention de recréer l’ancienne URSS (que les Ukraniens étaient en 2010 encore plus nombreux que les Russes à regretter: 62% contre 45%), sait en revanche que la sécurité d’un pays dépend en grande partie de la notion de profondeur stratégique, laquelle implique un État tampon. Coupant court à une nouvelle offensive ukrainienne visant à reprendre le Donbass para la force, qui était prévue pour la fin de l’hiver, l’”opération militaire spéciale” de la Russie a eu trois causes immédiates: la volonté de l’OTAN de s’implanter jusqu’aux portes de la Russie, le refus obstiné du gouvernement de Kiev d’appliquer les accords de Minsk de septembre 2014 et de février 2015, qui prévoyaient à la fois l’integrité territoriale de l’Ukraine et l’autonomie du Donbass, et les ataques continues contre les populations civiles russophones du Donbass.

Les Américains, qui n’ont jamais bien sûr bombardé des civils (Hiroshima), ni ataque un pays souverain (Irak), ni Franchi illégalement ses fronteires (Afghanistan, Libye, Somalie), et moins encore bombardé à date recente une capitale européenne (Belgrade), ont reagi selon la tactique habituelle des Anglo-Saxons: par les sanctions et l’embargo, qui sont la version moderne du blocus, par la disqualification morale, l’inversion accusatoire, la sidération des opinions publiques par la propagande émotionnelle, le pillonage médiatique et la criminalisation de l’ennemi (Poutine dictateur fou, criminel de guerre paranoïaque, nouveau Hitler, Boucher assoifé de sang, etc.). Une tactique qui a pour conséquence de rendre impossible tout retour à la paix par un règlement negocie du conflit, puisqu’on ne negocie pas avec un “criminel” ou un “fou”.

À la façon de la cancel culture, la russophobie ambiante discrédite maintenant tout ce qui est russe, de Dostoïevski à Soljenitsyne, en passant par Gagarine, tous victimes d’une même reductio ad Putinum. Les joueurs de tennis, les musiciens, les handicapés et  même les chats russes sont exclus des spectacles, des musées ou des compétitions.

Il s’agit de faire du peuple russe un nouveau peuple paria. Les “discours de haine”, naguère décriés, sont même maintenant autorisés sur les réseaux sociaux si ce sont des discours antirusses.

L’objectif est clair. Faute de pouvoir vaporiser la Russie, il s’agit de la mettre au banc des nations, de la stigmatiser pour l’éternité, de la couper définiitivement  de l’Allemagne, de la France et de l’Europe occidentale, grâce à un cordon sanitaire qui l’isolerait du reste du monde. Dans cette optique, l’interêt des Américains est de faire en sorte que la guerre dure le puls longtemps possible. À Washington, on est prêts à se battre jusqu’au dernier Ukrainien. En 1956, les insurgés de Budapest n’avaient pas eu droit à un tel soutien.

Un nouveau rideau de fer s’est mis en place

On ne peut évidemment pas dire qu’”on ne fait pas Laguerre à la Russie” et en même temps décréter contre ele des danctions d’une ampleur sans précédent, prôner publiquement une “guerre économique et financière totale à la Russie” (Bruno Le Maire) et fournir des armes aux Ukrainiens.

Les Européens ont accepté docilement de prendre contre la Russie des sanctions dont ils seraient les premières victimes tant eles sont contraires à leurs propres interêts, ´rnergétiques et industriels notamment (la Russie est puls autosuffisante que l’Europe).

En livrant à l’Ukraine des armes lourdes et des avions, non pour rétablir la paix mais pour faire durer la guerre, les pays occidentaux ont pris le risque gravissime d’être considérés comme des cobelligérants.

Nous sommes donc sortis de l’après-guerre froide. Un nouveau rideau de fer s’est mis en place, à l’initiative des Occidentaux cette fois. Le continente eurasiatique est à nouveau coupé en deux. La Finlande et la Suède veulent entrer dans l’OTAN, la Suisse sort de sa neutralité, l’Allemagne rearme à hauteur de 100 milliards d’euros, et l’Union européennr endosse le rôle de founisseurs d’armes, tandis que ceux qui militaient hier pour l’abolition de toutes les fronteires proclament que celles de l’Ukraine sont inviolables. Un tournan historique. Dont les conséquences seront, eles aussi, historiques.

L’ancien presidente tcheque, Václav Klaus l’a dit sans fard: prise en otage par l’OTAN, l’Ukraine est depuis le début “uniquement un pion sur l’échquier d’un jeu plus vaste”. Le premier perdant de cette affaire est en effet le malhereux peuple ukrainien, aujourd’hui bombardé par les Russes après avoir été utilisé cyniquement comme un pion sur l’échiquier stratégique américain.

Les autres grands perdants sont les européens qui, en s’alignant de façon quasi unanime sur les positions américaines, ont démontré une fois de plus qu’ils ne comptent pour rien. Une Europe indépendante et non alignée aurait pu oeuvrer à un règlement politique du conflit, à un accord negocie, ainsi qu’à la reconstruction d’un nouvel espace de sécurité colective à l’echelle continentale, respectant les interêts des européens autant que ceux des Russes. Elle aurait pu aussi se doter de l’équivalent de la doctrine Monroe.

Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. En s’alignant platement sur les diktats anglo-saxons et en adoptant des mesures qui sont autant d’huile sur le feu, l’Union Européenne a perdu toute credibilité.

“L’ancien président Tchèque Václav Klaus l’a dit sans fard:
prise en otage par l’ OTAN, l’ukraine est depuis le début “uniquement un pion sur l’échiquier d’un jeu bien plus vaste”

Nous ne sommes pas des Occidentaux, mais des Européens

Ce sont en fait deux guerres distinctes qui se déroulent en ce moment. La première est une guerre fratricide, puisque’elle oppose deux pays issus de la même matrice historique et qui sont restés associes pendant des siècles, mais ce n’est pas une guerre civile. Ce n’est pas non plus une guerre entre deux nationalismes, russe et ukrainien, mais bien plutôt une guerre entre la logique de l’État-nation et celle de l’empire (qui n’a jamais eu en Russie de dimension ethnique).

Mais c’est aussi une proxy war, une guerre par procuration de Washington contre le Kremlin para Ukraine interposée. Ce qui dévoile du même coup la nature profonde de la seconde guerre, celle des États-Unis contre la Russie.

Une guerre qui va bien au-delà de l’Ukraine, puisque c’est une guerre des mondes: une guerre pour ou contre l’hégémonie libérale, une guerre des États civilisationnels contre l’universalisme hors-sol, des peuples soucieux de

Leur continuité historique contre les “societés ouvertes”, des forces d’enracinement contre les forces de dissolution, des puissances continentales contre les “démocaties maritimes” (États-Unis, Grande-Bretagne, Australie, Canada). Une guerre à signification mondiale. Une guerre pour la puissance mondiale.

C’est dire que les appels à la “solidarité occidentale” de Joseph Robinette Biden, le mort-vivant à la Maison-Blanche, nous laissent parfaitement froids. Pour l’excellente raison que nous ne soommes pas des Occidentaux, mais des Européens.

Titre et Texte: Alain de Benoist, Éditorial, Revue Éléments, nº 196, juin-juillet 2022
Digitação: JP, 11-6-2022


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