Ayrton Morice Kerneven
De livre en livre le philosophe et fondateur de la revue Front populaire ne cesse de reconduire et d’aiguiser son constat du déclin. Son dernier essai, Puissance et décadence (1), déplore la destruction de la France. Un crépuscule causé, selon lui, par la dilution de sa souveraineté. Que faire pour la recouvrer ? Comment renouer avec la puissance que l’on a délaissée ? Michel Onfray nous répond.
Votre dernier livre
s’intitule Puissance et décadence. À quand remonte le début de
cette décadence? Par rapport à quelle période peut-on faire le constat d’un
effondrement des valeurs?
J’ai
consacré six cents pages d’un livre intitulé Décadence à
raconter le détail de cette opération. Paul Valéry est devenu un auteur dont la
célèbre phrase «Nous autres civilisations savons que nous sommes
mortelles» fait le bonheur des professeurs qui choisissent les sujets
du bac philo! Mais Paul Valéry semble ne dire vrai que dans ce cadre-là! À
défaut, nous serions décadentistes… Notre civilisation commence à aborder
sa chute quand la Renaissance convoque des œuvres extra-chrétiennes pour
nourrir l’époque puis, dans la foulée, quand on sollicite la raison pour
prouver et justifier Dieu, c’est-à-dire quand Dieu ne va plus de soi. Ça n’est
donc ni la révolution française ni Mai 68 qui sont en jeu! C’est le trajet
naturel de ce qui est vivant et une civilisation est un organisme vivant.
«Nous allons couler
parce que nous ne nous aimons plus et que nous ne chérissons que ce qui nous
salit, nous corrompt, nous détruit»: le mal français, c’est d’abord la
haine de soi?
C’est
moins un «mal français» que le mouvement naturel d’une civilisation que
d’avoir à disparaître. Et l’un des signes de cet effacement se repère dans
cette haine de soi, de ce que nous sommes, de ce que nous avons fait, une haine
doublée d’un amour de tout ce qui nous hait, nous déteste, nous méprise et veut
notre fin, notre mort.
La civilisation judéo-chrétienne n’aurait été que colonialisme, racisme, guerre, génocide, ethnocide, écocide, alors que, si elle a bien été cela – comme toutes les autres civilisations, elle produit de la négativité –, elle a été aussi la première à produire les anticorps de ces pathologies. Car l’anticolonialisme, l’antiracisme, le pacifisme, le droit international, l’écologie sont aussi, et surtout, des produits de cette même civilisation! Quelle civilisation extra-européenne aurait inventé ces antidotes? La Chine confucéenne? L’Iran islamique? L’Afrique animiste? Castro, Pol Pot, Franz Fanon et les wokistes, les décolonialistes sont des produits intellectuels de Marx, de Sartre, de Garaudy, de Foucault, de Deleuze, de Derrida qui, jusqu’à preuve du contraire, sont des exemplaires prototypiques de mâles blancs européens…
N’est-ce pas excessif de
dire que Bruxelles est responsable de tous nos maux?
Quand la direction de votre
voiture est brisée, vous êtes en droit d’attribuer à cette rupture tout ce qui
vous arrive si votre voiture va au fossé, si vous tuez un passager ou que
vous en blessez un autre, si vous percutez une autre voiture, si vous tombez
dans un précipice, si vous occasionnez des embouteillages. Or, depuis
Maastricht, qui signifie l’abandon de notre souveraineté, nous sommes devenus
un véhicule privé de la maîtrise de sa direction: on ne peut donc plus le
conduire dans la direction souhaitée par le peuple. La démocratie, qui est le
pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple de décider de sa direction,
n’est plus. Nous vivons dans une oligarchie dans laquelle le pouvoir du pays se
trouve entre les mains de personnes non élues mais nommées à la Commission
européenne. C’est donc à eux qu’il faut attribuer tous les succès – on les
cherche en vain –, mais également et surtout tous les échecs – et on les voit
bien.
Dans vos précédents essais,
le déclin de la France apparaissait comme un fait. C’est devenu, à vous lire,
un malheur… Il n’y a rien à sauver?
Le malheur, j’en consigne les détails au quotidien dans La Nef des fous, dont le tome III va paraître. Si vous avez le temps, je peux vous faire une petite liste: mise au rebut des statues des grands hommes de l’histoire occidentale; révélation sur le passé pédophile et incestueux de figures emblématiques de la gauche dite morale; censure planétaire de paroles subversives par les Gafam; autocensure des enseignants, qui craignent les coups et la mort pour islamophobie; haine des classiques et des chefs-d’œuvre de la littérature au motif qu’ils regorgent de stéréotypes racistes, sexistes, misogynes, phallocrates, xénophobes; même censure avec Astérix, Tintin, Babar ou Dix petits nègres; matraquage LGBT+ dans les écoles, les trains, les avions, la publicité, la télévision, le cinéma; transformation des violences faites aux policiers en violences policières; instauration raciste de quotas de gens de couleur à la télévision, au cinéma; récompenses sonnantes et trébuchantes pour les journalistes qui, sur le service public, assurent la propagande woke; invitation à décoloniser la science, marre de Galilée, Newton, Darwin et Einstein qui propagent une science blanche, donc fausse; tyrannie des enfants qui donnent des leçons de politiquement correct aux adultes; encouragements professés aux enfants qui se disent transgenres dès l’âge de 4 ans; endoctrinement LGBT+ des enfants dès l’école primaire; ravages de l’islamo-gauchisme, dont les islamo-gauchistes disent qu’il n’existe pas; sélection des professeurs non plus sur leur savoir mais sur leur degré de soumission au wokisme; libération de la parole sur l’incroyable complicité du gauchisme culturel avec la pédophilie; célébration d’une femme noire qui joue dans une série le rôle d’un chef viking blanc ayant véritablement existé; idem avec une pièce de théâtre dans laquelle le rôle de Robespierre est tenu par une femme; impunité des rappeurs qui invitent au meurtre, y compris tel ou tel nommément – je songe à Éric Zemmour –; subvention de la propagande woke par l’argent du contribuable dans le service public; ravage de l’orthographe, destruction de l’écriture avec l’écriture inclusive et des néologismes comme «ielles» avalisés par le dictionnaire Robert et le silence l’Académie française; autodafés dans les universités qui revendiquent l’épuration éthique en brûlant publiquement des livres; rééducation des Blancs coupables de férocité du fait de leur couleur de peau et de leurs gènes, puis sujétion de certains d’entre eux à ces impératifs racialistes donc racistes; invitation des écologistes à aimer les «animaux liminaires» que sont rats, puces et punaises de lit; furie punitive de ces mêmes écologistes contre les bateaux à voile, assimilés à des bateaux à moteur, les avions, les piscines, les hommes non déconstruits, autrement dit qui ne renoncent pas à leur masculinité; profession de foi wokiste du pape; éloge d’un violeur présenté comme une victime dans Libération lors de la Journée internationale des droits des femmes, le tout en écriture inclusive; spectacularisation de vagins qui monologuent faute de pouvoir dialoguer; prolifération du racisme anti-Blancs avec des réunions qui leur sont interdites, ce qui définit l’apartheid; internationalisation du ridicule wokiste français lors de la cérémonie crapoteuse des Césars; célébration néoféministe de la décapitation de Jean-Baptiste par Salomé; jugements de cour antisémites chez des juges contaminés par l’islamo-gauchisme; déclaration décolonialistes de la part du président de la République, Emmanuel Macron; proclamation contre le décolonialisme de la part du même président de la République; confiscation de l’antifascisme par le gauchisme et les black blocs; invitation faite par une syndicaliste de gauche à «gazer les Blancs»; avilissement du féminisme par sa réduction à l’éloge des aisselles et des jambes velues; célébration de la saleté et de la crasse pour sauver la planète chez les bobos américains; ordres donnés par la hiérarchie policière de ne pas poursuivre les délinquants; production de discours universitaires contre la «blanchité alimentaire» (la cuisine française est raciste, fasciste, xénophobe, misogyne, phallocrate, sexiste, etc.); mêmes délires universitaires contre la «pétro-masculinité» qui associe la civilisation du pétrole au machisme; compassion pour ceux qui recourent à la chirurgie pour changer de race; préférences éco-logistes et féministes pour les sorcières contre la rationalité occidentale; négation de la physiologie de sportifs nés hommes devenus femmes dont la masse squelettique et musculaire crée, au nom de la lutte pour l’égalité, de nouvelles inégalités avec les femmes nées femmes; déclarations d’amour à l’Algérie, qui ne perd pas une occasion de dire à la France qu’elle est son ennemi héréditaire; promotion d’un scientifique chroniqueur sur le service public après qu’il ait été convaincu de plagiat; nouvelles «tenues de camouflage» des voitures de police avec les couleurs du drapeau LGBT+; enchères obscènes pour un Kleenex de footballeur ou les chaussures d’un basketteur ayant servi une fois; éviction de musiciens blancs d’orchestres classiques; campagne de publicité de la communauté européenne pour le voile islamique payée par l’argent du contribuable; répression judiciaire féroce des «gilets jaunes» doublée d’un laxisme en faveur des racailles affranchies des lois de la République – dont celles du confinement –; soldes monstres le jour du Black Friday pour le commerce d’ovules, de spermatozoïdes et d’enfants; cogitations des patrons du sport mondial pour savoir si la trottinette doit devenir une épreuve du pentathlon; haine de Noël, de ses crèches et de ses fêtes; constat enfin que 10 % des Français croient que la Terre est plate; une petite fille de 8 ans qui veut changer de sexe depuis l’âge de 4 ans; des égorgeurs présentés comme de pauvres victimes par les journaux parisiens; une jeune fille autiste qui ne va plus à l’école et prophétise la catastrophe climatologique et dont le clergé de son pays nous dit qu’elle est le Christ; des dramaturges de couleur qui interdisent aux critiques blancs de rendre compte de leur spectacle sous prétexte qu’ils poursuivent l’œuvre colonialiste; des femmes qui vendent des enfants pendant que d’autres les achètent; l’Église catholique qui court après les modes du politiquement correct; le journal Libération qui se dit progressiste en célébrant la coprophagie et la zoophilie; une féministe québécoise qui souhaite la vasectomie des hommes dès l’âge de 18 ans; des véganes qui militent contre les chiens d’aveugle; une anthropologue qui trouve qu’il y a trop de dinosaures mâles et pas assez de femelles dans les musées; des pédophiles qui achètent des viols d’enfants en direct sur le Net; un Tour de France qui commence au Danemark et un Paris-Dakar qui se déroule en Amérique du Sud; un parfum élaboré par une femme à partir des odeurs de son sexe; un chef de l’État qui, entre autres sorties, se félicite que ses ministres soient des amateurs; Le Monde qui estime «ravageuse» une mise en scène théâtrale qui présente Lucien de Rubempré en femme; le pape et Tariq Ramadan pour qui le coronavirus est une punition divine; des députés qui légalisent l’assassinat des enfants dans le ventre de leur mère jusqu’à l’âge de 9 mois pour des motifs de convenance personnelle; une universitaire militante noire qui a fini par avouer qu’elle était juive et blanche; des gynécologues noirs qui établissent des listes de leurs confrères de couleur afin que des Blancs ne souillent pas leurs patientes avec leurs mains ontologiquement sales; un artiste qui met des cache-sexes à ses statues lors des Journées du patrimoine afin de ne pas choquer les visiteurs dans un musée; un Premier ministre tancé sur les réseaux dits sociaux pour avoir utilisé la formule «Dieu merci»; une écrivaine lesbienne qui a décidé de ne plus lire un seul livre écrit par un homme; des néoféministes qui veulent substituer «femmage» à «hommage» et «matrimoine» à «patrimoine»; des députés macroniens qui veulent remplacer le cerf par un robot dans les chasses à courre; une femme enlevée par des terroristes islamistes qui, après avoir été libérée par l’État français, son argent et ses commandos, sa diplomatie et ses tractations, dit le plus grand bien de ses geôliers; un ministre de l’Intérieur qui estime que la cuisine bretonne est communautaire au même titre que celle des juifs ou des musulmans; une théologienne mariée et mère de famille qui postule pour être évêque; un rôle d’homme au cinéma tenu par une femme; un ministre de l’Intérieur qui invite à jeter le Code civil à la poubelle au nom de l’émotion; le même qui, bien que déjà à plat ventre, propose de mettre un genou à terre; une élue écologiste plus soucieuse de la vie des sapins que de celle d’un professeur décapité par un islamiste; une grande roue de Noël sciemment installée sur la place publique tout en sachant qu’elle serait interdite d’accès; un vieux généticien bavard, mort depuis, avouant qu’il va fêter Noël en juin; un footballeur noir qui ne crache pas sur un Blanc puisque sa salive est partie toute seule...
Excusez l’inventaire à la
Prévert, mais chacun voit bien que tout va très bien, Madame la marquise...
Vous évoquez la notion de transhumanisme,
dont vous dites que « l’impératif est la marchandisation du monde ». Faut-il
s’inquiéter de cette nouvelle civilisation qui éclôt?
Oui, d’autant plus que la
gauche, dont la vocation était de lutter contre la transformation des hommes en
marchandises, est passée de l’autre côté de la barricade et défend aujourd’hui cette
marchandisation du monde aux côtés du capital: cette gauche-là et le patronat
défendent la même vision sociétale qui travaille à la généralisation de cette
fétichisation de la marchandise. Le capitalisme a vraiment gagné quand la
gauche travaille pour elle! Cette fausse gauche devrait lire, car elle ne les a
sûrement pas lues, les pages que Marx consacre à la fétichisation de la marchandise:
elle communie aujourd’hui dans cette fétichisation que la gauche old school,
la mienne, s’était fait un devoir de combattre. Je ne pense pas que Louise
Michel eût défendu la location d’utérus, la vente d’ovocytes et l’achat
d’enfants par des couples riches. Le transhumanisme est le triomphe de la
fétichisation de la marchandise avec une production marchande des corps
augmentés.
Vous ne dissimulez pas
votre admiration pour Charles de Gaulle. Êtes-vous nostalgique de sa grandeur?
Non, chaque chose en son temps. Un général de Gaulle n’est plus possible. Je
ne souscris pas au fantasme de l’homme providentiel car je crois à son exact contraire: le peuple providentiel. Les racines de ma
gauche se trouvent dans les jacqueries médiévales, la décentralisation souhaitée
par les girondins guillotinés par les jacobins, Robespierre en tête, les vertus
pragmatiques et concrètes du proudhonisme, le pragmatisme des communards, les
principes de l’autogestion, celle des soviets contre le soviétisme. Mitterrand
est le double fossoyeur de la gauche non marxiste, la mienne, et de la France.
D’après vous, la gauche
actuelle a changé de combat et d’idéologie en oubliant la France et les
Français. Quelle est votre gauche?
Cette gauche n’est pas
médiatiquement visible car elle n’entre pas dans les boîtes à chaussures
robespierristes de la Nupes (PS, PCF, LFI, EELV) et des putschistes de
l’extrême gauche (LO, NPA), qui l’une et l’autre communient malgré tout,
certes, dans le compagnonnage avec le patronat en matière de fétichisation de
la marchandise mais aussi dans l’islamo-gauchisme, dont l’antisionisme leur permet
un antisémitisme apparemment présentable.
Ma gauche, qui s’oppose à celle-ci, semble ne pas exister. Pas vue à la télé? Pas de tête de gondole médiatique? Pas de
tribun hurleur et vociférant sur les réseaux sociaux? Donc pas d’existence.
C’est pourtant celle des silencieux qui, là où ils sont, loin des plateaux de
télévision, ne souscrivent pas, eux, à la fétichisation de la marchandise.
Vous avez annoncé que Front
populaire mènerait une liste souverainiste aux élections européennes en
fédérant ceux qui «veulent défendre la France». Quel est l’objectif? Faire
émerger de nouvelles figures politiques? Ce projet n’est-il pas paradoxal
lorsque l’on connaît votre idée du «Frexit»?
Précisons que ça n’est pas Front
populaire qui constituera une liste, mais nos idées seront portées par des
amis qui en feront des outils pour leur combat. Je ne porterai pas
personnellement cette liste et je ne tiens pas non plus à y figurer. Il n’y a
pas paradoxe à ne pas vouloir une Europe libérale parce qu’elle est libérale et
non parce qu’elle est Europe, tout le monde aujourd’hui veut l’Europe, qui est
indispensable. Le Frexit est la sortie d’une
Europe libérale parce que libérale mais pour construire ensuite une Europe des
nations souveraines avec des peuples souverains.
Cette conception «souverainiste» a-t-elle encore un sens? Ne faut-il pas lui préférer le terme «patriote»?
Elle a plus que jamais du sens. Car le choix est simple: ou bien l’on est
souverain, c’est-à-dire maître de soi chez soi, ou l’on est vassal,
c’est-à-dire sujet d’un suzerain auquel on est soumis. Tous ceux qui vomissent la
notion de souveraineté le font au nom de leur entreprise de collaboration à la
vassalisation, à la suzeraineté du peuple français à la puissance mondiale que
sont les États-Unis. Pas étonnant que BHL écrive: «le souverainisme, cette saloperie»... Pas étonnant non plus que Jacques Attali ait
publié un livre dont le titre est «Demain qui gouvernera le monde?» L’enjeu,
c’est la dilution de la France dans l’Europe maastrichienne, qui est un morceau
du puzzle états-unien.
Le terme «patriote» est
préempté par des professionnels de la politique politicienne qui, du FN au RN
en passant par leurs transfuges genre Philippot ou leurs amis venus du RPR et de
l’UMP où il a
pointé pendant dix ans, comme Dupont-Aignan, ont utilisé ce terme dont
on peut faire l’économie. «Souverainiste» me va mieux car il est clair et
net, franc, lisible et visible, et il identifie clairement le camp: nos
adversaires sont les maastrichiens de droite et de gauche, les chefs de l’État
qui, depuis Mitterrand en 1983, ont conduit la même politique et tous ceux qui,
comme Mélenchon pendant un quart de siècle, ont été des VRP de cette
idéologie-là.
N’est-il pas trop tard pour
retrouver notre souveraineté?
Il n’est jamais trop tard pour
redevenir libre! La solution est simple,
elle est bêtement démocratique. On demande au peuple, qui, je vous le rappelle,
est le souverain, s’il veut oui ou non continuer à construire l’Europe dans le
cadre libéral du traité de Maastricht. Réponse: oui ou non. Si non, alors
construction d’une Europe des nations avec les pays qui le souhaiteraient, ce
qui n’empêche pas un travail commun sur des dossiers choisis. Il faut ensuite informer le peuple sur le
fait que la France, qui est en faillite, préfère consacrer l’argent qui lui reste
à un peuple exogène sans papiers qui
se trouve sur son sol, c’est-à-dire hors la loi, en
lieu et place du peuple endogène en
règle avec la
loi. La France est un pays d’Europe
qui contribue plus qu’elle ne reçoit: est-ce acceptable quand la pauvreté est abyssale?
Nouveau référendum. Réponse par oui ou par non. Etc.
Le régalien, c’est la police,
l’armée, la justice, la monnaie, les relations internationales: sur ces sujets, référendums encore et encore pour
remettre entre les mains
du peuple souverain
ce qui se
trouve confisqué depuis trois
décennies par une oligarchie, une mafia maas-trichienne de droite et de «gauche».
Vous citez Thomas Hobbes et
la possibilité pour l’individu de recouvrer sa liberté en cas de déficience du
souverain. Appelez-vous à l’insurrection? À partir de quand doit-on désobéir?
À partir du moment, c’est
simple, où les représen-tants du peuple désobéissent au peuple qui les a
mandatés et auquel ils doivent leur mandat, leur pouvoir. À l’heure où le
syndicalisme dit de gauche joue sa survie politicienne dans de futures
élections internes en multipliant les grèves qui maltraitent d’abord et surtout
le petit peuple, les travailleurs
modestes, et nullement
les actionnaires ou
le patron de
Total, il faut
considérer ce syndicalisme
comme complice du système.
On n’a pas entendu ces mêmes syndicalistes
appeler à une grève générale quand, en 2008, le traité de Lisbonne a permis aux
prétendus représentants du peuple, dont la « gauche », de jeter à la poubelle
le vote du peuple qui,
en 2005, avait
massivement dit non
à ce traité
européen que députés et sénateurs leur ont fait tout de même avaler.
Face à ce coup d’État des maastrichiens, on n’a pas entendu les syndi-cats
appeler à descendre dans la rue. Qui ne dit mot consent...
Pierre-Joseph Proudhon,
dont vous revendiquez la filiation, croyait au peuple providentiel. Le peuple
français n’a- t-il pas toujours besoin de rencontrer une figure providentielle?
C’est ce que tout politicard
veut faire croire pour justifier qu’on lui donne l’occasion de mener une vie d’apparatchik
dans son parti en tenant un
discours qui n’est
jamais suivi d’effets.
Des mots sans les choses: voilà l’impératif catégorique des prétendus
représentants du peuple. Le seul homme providentiel que j’accepterais serait
celui qui travaillerait à déconstruire l’homme providentiel pour construire le
peuple providentiel et lui rendre le pouvoir, son pouvoir.
1. Michel Onfray, Puissance et décadence. Une politique
de civilisation, Bouquins, 2022
Revue des Deux Mondes, décembre 2022/janvier 2023
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