terça-feira, 20 de dezembro de 2022

[L’édito de Valérie Toranian] L’imposture de l’écologie politique

Valérie Toranian

L’écologie  est  une  ardente  obligation.  L’écologie  «  politique » est une imposture, une escroquerie intellectuelle, comme  on  peut  le  vérifier  dans  les  grandes  villes  conquises  grâce  à  l’abstention  par  Europe-Écologie-Les Verts (EELV) – Lyon, Bordeaux et Strasbourg –, qui mettront des années à se remettre de la pseudo-gestion des soi-disant Verts.

Après  l’islamo-gauchisme,  les  voilà  qui  passent  à  la  violence.  Les  actes  perpétrés  par  les  écologistes  radicaux  à  Sainte-Soline,  le  28 octobre dernier, ont été qualifiés d’écoterrorisme par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Soutenus par des élus EELV, les manifestants protestaient contre les bassines géantes, des réserves d’eau destinées à l’irrigation agricole, accusées de nuire à l’environnement. Les affrontements entre black blocs, extrémistes et forces de l’ordre ont fait une soixantaine de blessés parmi les gendarmes, dont vingt graves.

Le terme « écoterrorisme » est-il approprié ?

Certes, nous sommes loin du terrorisme des frères Kouachi liquidant l’équipe de Charlie Hebdo, de la barbarie des djihadistes du Bataclan  ou  de  l’horreur  de  la  décapitation  de  Samuel  Paty.  L’écoterro-risme, considéré comme la deuxième menace la plus importante après le  fondamentalisme  islamiste  aux  États-Unis,  n’a  heureusement  pas  encore fait de victimes en France. Faut-il s’y préparer ?

La radicalisation prétendument écologiste ne cesse de s’amplifier : sur  les  réseaux  sociaux,  dans  les  manuels  de  «  résistance  »  au  «  système » délivrant des recettes de sabotage, dans le discours de l’extrême gauche  (en  particulier  à  La  France  insoumise  (LFI)  ou  chez  EELV).  Pour  ces  militants,  la  violence  originelle  est  toujours  celle  de  l’État,  de  la  police  qui,  comme  dit  Jean-Luc  Mélenchon,  «  tue  ».  La  désobéissance  civile  est  désormais  encouragée  et  récupérée  par  des  partis  qui  siègent  à  l’Assemblée.  Ces  groupes  d’activistes,  mobilisables  en  quelques heures, n’obéissant à aucun leadership, la possibilité de passage à l’acte d’individus incontrôlés (ce qu’ils sont par nature) sur des cibles n’est pas improbable.

 Absurde  est  l’assimilation  des  luttes  pour  les  droits  civiques  des  Noirs  américains  ou  la  bataille  des  suffragettes  avec  le  combat  pour  l’environnement  :  ce  faisant,  on  oublie  que  la  désobéissance  civile  était  justifiée  par  l’absence  (pour  les  femmes)  ou  par  l’entrave  (pour  les Noirs américains) de droits élémentaires comme le droit de vote. Pour  les  militants  les  plus  radicaux,  l’urgence  climatique  autorise  tous les débordements. Comme la patrie en danger autorisait les lois d’exception en 1793 pendant la Terreur. Il n’y a certes pas de terreur écologiste au sens propre, mais comme l’écrivait Marcel Gauchet dès 1990, ce « rêve édénique d’une nature délivrée du fléau de l’homme » possède  en  lui  les  germes  structurels  des  totalitarismes  :  le  mythe  de  l’homme nouveau dans une société nouvelle, expurgée des péchés du capitalisme et de l’Occident, tirant un trait sur son passé, son histoire, sa culture.

«   Tout  mouvement  qui  se  tient  pour  instruit  du  bien,  du  juste,  et  s’autorise  de  cette  instruction  pour  régler  la  vie  des  hommes,  est  potentiellement  totalitaire  »,  écrit  Bérénice  Levet  dans  L’Écologie  ou  L’ivresse  de  la  table  rase  (1).  La  société  nouvelle  doit  brûler  les  idoles  du passé, vandaliser les œuvres d’art, démolir les statues et imposer ses mœurs.

Le camp du bien est du côté de la nature et des femmes (l’éco-féminisme de Sandrine Rousseau est le concept en vogue) ; l’Occident haï du côté de la culture et des hommes blancs, éternels prédateurs polymorphes. S’attaquer aux œuvres d’art, à notre patrimoine universel, c’est signifier qu’il n’y a plus qu’un seul sacré, celui de la nature. Régis Debray avait cartographié dans son Siècle vert (2) cette nouvelle religion, son dogme, ses églises, ses objets du culte, ses faux curés et ses vrais croyants. On voit surgir de partout ces fondamentalistes  fous,  agitant  la  clochette  de  l’Apocalypse,  annonçant  la  fin  prochaine de notre planète et nous incitant à la repentance.

L’œuvre d’art, incarnation de l’Occident, devient leur cible. Jets de soupe ou de purée sur La Jeune Fille à la perle de Vermeer à La Haye, Les Meules de Monnet à Postdam, Les Tournesols de Van Gogh à Londres. Happening médiocre mais répercussion médiatique garantie. « Qu’est ce qui a le plus de valeur, l’art ou la vie ?  », demandent les activistes de Just  Stop  Oil,  pointant  le  prix  des  chefs-d’œuvre.  Mais  quel  sens  aurait la vie sans art ?

Comment nier les effets désastreux de l’industrialisation forcenée, de  la  surconsommation,  du  réchauffement  climatique,  de  la  mondialisation  déréglée  ?  Mais  concevoir  l’avenir  de  l’humanité  comme  l’avènement d’un monde déculturé et coupé de ses racines civilisationnelles serait un remède pire que le mal. Opposer nature et culture est une folie. L’art a besoin du vivant pour exister.

L’écologie  est  un  sujet  trop  sérieux  pour  être  laissé  aux  mains  d’idéologues déséquilibrés et de nihilistes exaltés, rêvant de transformer notre monde en un cauchemar orwellien. Que reste-t-il d’écologique dans leur violence pour la violence ?

Titre et Texte: Valérie Toranian, Directrice de la Revue des Deux Mondes, Décembre 2022/Janvier 2023 

1. Bérénice Levet, L’Écologie ou L’ivresse de la table rase, L’Observatoire, 2022.
2. Régis Debray, Le Siècle vert. Un changement de civilisation, Gallimard, coll. « Tracts », 2020.


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