Valérie Toranian
L’écologie est
une ardente obligation.
L’écologie « politique » est une imposture, une
escroquerie intellectuelle, comme
on peut le
vérifier dans les
grandes villes conquises
grâce à l’abstention
par Europe-Écologie-Les Verts
(EELV) – Lyon, Bordeaux et Strasbourg –, qui mettront des années à se remettre
de la pseudo-gestion des soi-disant Verts.
Après l’islamo-gauchisme, les
voilà qui passent
à la violence.
Les actes perpétrés
par les écologistes
radicaux à Sainte-Soline, le 28
octobre dernier, ont été qualifiés d’écoterrorisme par le ministre de l’Intérieur,
Gérald Darmanin. Soutenus par des élus EELV, les manifestants protestaient
contre les bassines géantes, des réserves d’eau destinées à l’irrigation
agricole, accusées de nuire à l’environnement. Les affrontements entre black
blocs, extrémistes et forces de l’ordre ont fait une soixantaine de blessés
parmi les gendarmes, dont vingt graves.
Le
terme « écoterrorisme » est-il approprié ?
Certes,
nous sommes loin du terrorisme des frères Kouachi liquidant l’équipe de Charlie
Hebdo, de la barbarie des djihadistes du Bataclan ou
de l’horreur de la décapitation
de Samuel Paty.
L’écoterro-risme, considéré comme la deuxième menace la plus importante
après le fondamentalisme islamiste
aux États-Unis, n’a
heureusement pas encore fait de victimes en France. Faut-il
s’y préparer ?
La
radicalisation prétendument écologiste ne cesse de s’amplifier : sur les
réseaux sociaux, dans
les manuels de
« résistance »
au « système » délivrant des recettes de sabotage,
dans le discours de l’extrême gauche
(en particulier à
La France insoumise
(LFI) ou chez
EELV). Pour ces
militants, la violence
originelle est toujours
celle de l’État,
de la police
qui, comme dit
Jean-Luc Mélenchon, « tue ».
La désobéissance civile
est désormais encouragée
et récupérée par
des partis qui
siègent à l’Assemblée.
Ces groupes d’activistes,
mobilisables en quelques heures, n’obéissant à aucun
leadership, la possibilité de passage à l’acte d’individus incontrôlés (ce
qu’ils sont par nature) sur des cibles n’est pas improbable.
Absurde est l’assimilation des luttes pour les droits civiques des Noirs américains ou la bataille des suffragettes avec le combat pour l’environnement : ce faisant, on oublie que la désobéissance civile était justifiée par l’absence (pour les femmes) ou par l’entrave (pour les Noirs américains) de droits élémentaires comme le droit de vote. Pour les militants les plus radicaux, l’urgence climatique autorise tous les débordements. Comme la patrie en danger autorisait les lois d’exception en 1793 pendant la Terreur. Il n’y a certes pas de terreur écologiste au sens propre, mais comme l’écrivait Marcel Gauchet dès 1990, ce « rêve édénique d’une nature délivrée du fléau de l’homme » possède en lui les germes structurels des totalitarismes : le mythe de l’homme nouveau dans une société nouvelle, expurgée des péchés du capitalisme et de l’Occident, tirant un trait sur son passé, son histoire, sa culture.
« Tout
mouvement qui se
tient pour instruit
du bien, du
juste, et s’autorise
de cette instruction
pour régler la
vie des hommes,
est potentiellement totalitaire
», écrit Bérénice
Levet dans L’Écologie
ou L’ivresse de
la table rase
(1). La
société nouvelle doit
brûler les idoles
du passé, vandaliser les œuvres d’art, démolir les statues et imposer
ses mœurs.
Le
camp du bien est du côté de la nature et des femmes (l’éco-féminisme de
Sandrine Rousseau est le concept en vogue) ; l’Occident haï du côté de la
culture et des hommes blancs, éternels prédateurs polymorphes. S’attaquer aux
œuvres d’art, à notre patrimoine universel, c’est signifier qu’il n’y a plus
qu’un seul sacré, celui de la nature. Régis Debray avait cartographié dans son Siècle
vert (2) cette nouvelle religion, son
dogme, ses églises, ses objets du culte, ses faux curés et ses vrais croyants.
On voit surgir de partout ces fondamentalistes
fous, agitant la
clochette de l’Apocalypse,
annonçant la fin
prochaine de notre planète et nous incitant à la repentance.
L’œuvre
d’art, incarnation de l’Occident, devient leur cible. Jets de soupe ou de purée
sur La Jeune Fille à la perle de Vermeer à La Haye, Les Meules de
Monnet à Postdam, Les Tournesols de Van Gogh à Londres. Happening
médiocre mais répercussion médiatique garantie. « Qu’est ce qui a le plus de
valeur, l’art ou la vie ? », demandent
les activistes de Just Stop Oil,
pointant le prix
des chefs-d’œuvre. Mais
quel sens aurait la vie sans art ?
Comment
nier les effets désastreux de l’industrialisation forcenée, de la
surconsommation, du réchauffement
climatique, de la
mondialisation déréglée ?
Mais concevoir l’avenir
de l’humanité comme
l’avènement d’un monde déculturé et coupé de ses racines
civilisationnelles serait un remède pire que le mal. Opposer nature et culture
est une folie. L’art a besoin du vivant pour exister.
L’écologie est
un sujet trop
sérieux pour être
laissé aux mains
d’idéologues déséquilibrés et de nihilistes exaltés, rêvant de
transformer notre monde en un cauchemar orwellien. Que reste-t-il d’écologique
dans leur violence pour la violence ?
Titre et Texte: Valérie Toranian, Directrice de la Revue des Deux Mondes, Décembre 2022/Janvier 2023
1. Bérénice Levet, L’Écologie ou L’ivresse de la table rase, L’Observatoire, 2022.2. Régis Debray, Le Siècle vert. Un changement de civilisation, Gallimard, coll. « Tracts », 2020.
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