terça-feira, 19 de março de 2024

« C'est l'UE qui nous coûte un "pognon de dingue" ! » : entretien sur les mensonges de l’Union européenne avec Charles-Henri Gallois

La Diseuse de bonne aventure, de Georges de La Tour (1630)

Maxime LE NAGARD, Charles-Henri GALLOIS

L’Union européenne s’est fondée sur un certain nombre de mythes et de promesses. Sans remonter jusqu’au traité de Rome, nous avons désormais assez de recul, au moins depuis Maastricht, pour faire le bilan de ces promesses grandiloquentes. Sans surprise, il est mauvais.

F.P. : Vous vous êtes fait une spécialité de mettre à l’épreuve les slogans européistes. Faut-il considérer que l’UE s’est bâtie non sur des promesses, mais des mensonges ?

CHG : Elle s’est bâtie sur des promesses qui étaient mensongères. L’UE est née avec le traité de Maastricht qui était passé d’une courte tête par référendum (51 %). Il faut se rappeler du contexte et quels étaient les arguments des partisans de ce traité et de l’ensemble des grands médias. On nous disait que l’euro et le marché unique amèneraient plus de croissance, plus d’emplois, moins de chômage, plus de protections. Plus de trente ans après, c’est l’inverse qui est vrai. La zone euro est la zone de croissance la plus faible au monde, celle qui compte le plus de chômeurs, et l’UE est ouverte aux quatre vents. Elle a les droits de douane les plus faibles au monde parmi les grands ensembles économiques et c'est elle qui signe le plus d’accords de libre-échange. Nous étions en 2017 tombés à 2,4 %1. Les droits de douane en Chine en 2001 s’établissaient à 14,1 % et à 33,5 % en Inde. En France, en 1950, nous étions à peu près au niveau de la Chine, avec 18 %2. Même la Suisse, que certains voudraient faire passer pour libre-échangiste, a des droits de douane plus élevés (4,3 %). L’UE est à la fois une machine à édicter des normes et à entraver nos agriculteurs ainsi que nos entrepreneurs et, en même temps, elle est ouverte à une concurrence déloyale tous azimuts, tant sur le plan social, environnemental, fiscal ou normatif. Si l’on prend un peu de recul, aucune promesse ne s’est réalisée. Il faudra un jour en tirer les conclusions qui s’imposent.

F.P. : Le premier réflexe, assez intuitif, au sujet de l’UE est de considérer qu’on est forcément plus forts à plusieurs que tout seul. N’est-ce pas du bon sens ?

CHG : Cet esprit de renoncement d’une France trop petite par rapport au monde est répété ad nauseam. L’UE permettrait d’avoir la taille critique et de faire le poids face au monde. La France seule ne serait plus rien. C’est un argument massue qui s’apparente à du bon sens. La réalité tend pourtant à montrer l’inverse ou du moins que cela peut être contre-productif selon les conditions.

Voyons maintenant les faits. La première réflexion de bon sens est que si la France, sixième ou septième puissance économique du monde en fonction des variations de change, deuxième zone économique exclusive du monde, quatrième ou cinquième puissance militaire du monde, ne peut pas vivre sans s’allier sur tous les sujets avec les 27 pays alentour, comment donc font les 165 autres pays du monde pour vivre et survivre hors de l’UE ? Pourquoi ne se suicident-ils pas ? Pourquoi personne dans le monde n’imite alors le modèle supranational de l’UE ?

Cette corrélation entre superficie d’un pays ou taille de la population et richesse n’a absolument aucune base empirique et est contredite par les faits. Il suffit de prendre les exemples de la Suisse, de la Corée du Sud ou de Singapour. Plus globalement, l’union peut faire la force quand tout le monde tire dans le même sens, mais l’UE n’est qu’une somme d’intérêts divergents. La France n’est pas d’accord avec l’Allemagne sur les questions de défense, d’agriculture, sur le protectionnisme ou sur la monnaie. La France n’est pas d’accord avec les pays de l’Est sur le modèle de protection sociale et sur la fiscalité.

Nous sommes dans un corset autobloquant. Il s’agit, sur la base de traités et de compromis de soixante ans d’âge, de tout figer et d’imposer un seul modèle à des pays très différents. C’est l’inverse de ce qui a fait la richesse de l’Europe, à savoir sa diversité de modèles. Ce modèle supranational n’est imité nulle part ailleurs, et les pays européens qui l’appliquent ne font que régresser par rapport aux autres pays du monde. Piètre bilan. 

F.P. : Le projet – clandestinement supranational – européen était de partir d’États différents et de les faire converger économiquement pour faciliter ensuite leur intégration politique. Où en est cette convergence ?

CHG : On est très loin d’une convergence et le projet d’élargissement de l’UE va faire éclater tous ces rêves. Si vous prenez le SMIC, il est de 399 € bruts par mois en Bulgarie, alors qu’il est de 2 571 € au Luxembourg et 1 767 € en France3. C’est un rapport de 1 à 6,5 entre la Bulgarie et le Luxembourg, et de 1 à 4,5 avec la France. Cela s’est un peu réduit, mais c'est toujours rédhibitoire en termes de concurrence déloyale.

Si vous prenez le coût horaire moyen de la main-d’œuvre, qui est plus pertinent que le SMIC brut, c’est aussi vertigineux : 8,2 € en Bulgarie ou 9,5 € en Roumanie contre 40,8 € en France et 50,7  € au Luxembourg4. Un rapport de 1 à 6 entre la Bulgarie et le Luxembourg, et de 1 à 5 avec la France.

C’est à peu près la même chose pour la fiscalité ou le niveau de cotisations sociales. Ce n’est pas pour rien que près de 55 % des délocalisations en 2012-2013 se faisaient vers les pays de l’Est de l’UE5.

Imaginez maintenant cela avec l’entrée prévue de l’Ukraine, de la Géorgie, de la Moldavie et des six pays des Balkans, dont le Kosovo et l’Albanie. Cette pure folie ajoutera encore de la concurrence déloyale, des délocalisations et de l’immigration de travail. Le salaire minimum en Ukraine est de 175 € par mois, celui en Géorgie est de 270 €, il est à peine de 50 € en Moldavie. Un rapport de 1 à 6,5 entre la Géorgie et la France. De 1 à 10 entre l’Ukraine et la France et de 1 à 35 entre la Moldavie et la France. Avez-vous parlé de convergence économique et sociale ?

F.P. : La monnaie unique (l’euro) nous a été vendue comme un outil de prospérité économique : plus de croissance et moins de chômage. Qu’en est-il ?

CHG : Je l’ai évoqué en début d’entretien sur les promesses de l’UE. Je vais par conséquent développer davantage ce point. Comparons la zone euro avec les États-Unis, la Chine ou même le Royaume-Uni du Brexit sur ces deux paramètres. Pour ce qui est du taux de chômage à fin octobre 2023, il était de 6,5 % en zone euro, de 3,8 % aux États-Unis, de 4,2 % au Royaume-Uni, de 4,9 % pour les pays de l’OCDE et d’environ 5 % en Chine. La zone euro est la zone économique avec le plus fort taux de chômage au monde6. Sur la croissance, depuis l’adoption de l’euro, c’est pire. De 1999 à 2022, la Chine a vu son PIB augmenter de 548 %, les États-Unis de 58 %, le Royaume-Uni de 46 % et la zone euro de seulement 35 %7.

La zone euro est la lanterne rouge de la croissance mondiale. Voilà ce qui se passe lorsque le dogme rencontre les faits.

F.P. : Avec la contribution collective au budget de l’UE, on nous dit que les subventions européennes permettent de faire tourner tout un tas de secteurs économiques en France. Est-ce exact ?

CHG : Il faut raisonner globalement et non pas secteur par secteur. On nous dit souvent que la France est le premier bénéficiaire de la politique agricole commune (PAC), mais il faut prendre l’ensemble de ce que donne la France et de ce qu’elle reçoit. C’est ce que l’on appelle la contribution budgétaire nette. Or celle-ci ne fait qu’augmenter ! De quelque 400 millions d’euros de perte nette en 1999, nous sommes passés à 3,2 milliards d’euros en 2005, 6,5 milliards d’euros en 2005 et jusqu’à 12,4 milliards d’euros en 2021. En d’autres termes, la France est largement perdante au global. En 2021, nous donnions 28,1 milliards d’euros, pour n’en recevoir que 15,7. Il faut bien avoir en tête que ce coût ne peut qu’augmenter avec la fuite en avant dans laquelle s’est engagée l’UE.

À partir de 2028, la conjonction de trois facteurs feront augmenter très fortement notre contribution budgétaire nette.

1. Fin des contributions britanniques à l’UE.

2. Début du remboursement du plan de relance de l’UE. Les prétendues ressources propres ne suffiront pas à couvrir les montants. Cela signifie que les contributeurs nets, dont en premier lieu la France, vont payer. L’opération financière de ce plan de relance était à la base perdante pour la France, mais avec l’erreur de gestion8 dans le financement du plan, j’estime que la France devra rembourser près de 2,4 milliards d’euros par an pendant trente ans. Le coût net pour la France sera d’environ 73 milliards d’euros, avec un remboursement qui s’étale de 2028 à 2058.

3. L’élargissement de l’UE à neuf pays supplémentaires – Ukraine, Géorgie, Moldavie, Kosovo, Albanie, Serbie, Monténégro, Macédoine du Nord et Bosnie-Herzégovine. Le Financial Times estime que la seule adhésion de l’Ukraine coûterait 186 milliards d’euros sur sept ans. Si l’on ajoute les huit autres pays, la facture totale serait de 257 milliards d’euros. Cela veut donc dire 45 milliards d'euros à payer pour la France : 6,4 milliards d'euros par an pendant au moins sept ans. La contribution nette de la France, dans ces conditions, pourrait approcher les 30 milliards d’euros. C’est l’équivalent du budget de la recherche et de l’enseignement supérieur, qui est le troisième budget de l’État.

Il faut dire les choses : l’UE nous coûte un « pognon de dingue » !

F.P. : L’Union européenne se vend comme un rempart, une protection contre la jungle du monde extérieur. Quid du volet énergétique ? Nous avions un grand atout stratégique avec le nucléaire. Qu’en est-il ?

CHG :  J’ai déjà expliqué que l’UE nous exposait commercialement avec un libre-échange total et des normes ubuesques. Les règles du marché de l’électricité de l’UE en font partie et ont entraîné à la fois un saccage du nucléaire, énergie peu chère et décarbonée où la France dominait, mais aussi celui de notre champion national EDF.

Au moins deux règles de l’UE saccagent le nucléaire.

1. Le marché de l’UE donne la priorité aux énergies renouvelables. Étant entendu que la consommation doit être égale à la production en matière électrique, cela veut dire que lorsque les énergies renouvelables intermittentes (comme l’éolien ou les panneaux solaires) tournent, il faut baisser la puissance et la production de réacteurs nucléaires. C’est ce qu’on appelle la « modulation ». Mais ceux-ci ne sont pas conçus pour cela, et cette modulation met en péril la durabilité de notre parc nucléaire actuel en obligeant à multiplier les maintenances.

2. Les directives successives des énergies renouvelables qui imposent un poids minimum des énergies renouvelables dans la consommation des pays membres. La dernière impose 42,5 % de consommation d’énergies renouvelables à l’horizon de 2030, c’est-à-dire demain. Cela mettra forcément des bâtons dans les roues à la relance du nucléaire. La même directive de 2009 imposait 23 % de consommation d’énergies renouvelables pour 2020. Nous n’étions qu’à 19 %. La Cour des comptes estime que les pénalités pour non-application de la directive seront de 960 millions d’euros pour la seule année 20209.

Le saccage d’EDF vient de la mise en concurrence forcée par les directives et traités de l’UE. Le gouvernement français avait ouvert le secteur à la concurrence, mais cela ne prenait pas car aucun des concurrents ne pouvait être rentable face à EDF. La Commission européenne a donc mis en demeure la France sous Sarkozy. C’est à ce moment-là que l’ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire historique) a été mise en place : afin de créer une concurrence fictive en leur donnant un droit d’accès à l’électricité nucléaire à un tarif réglementé inférieur aux coûts de production.

Le prix a été fixé à 42 €∕MWh et n’a plus été modifié depuis. Le prix de gros de l’électricité était de 60 €∕MWh dans les années 2010. Cela signifie donc qu’ils achetaient à 42 € le mégawattheure à EDF pour le revendre à 60 € : 18 € de marge par mégawattheure revendu sans rien faire ni produire autre chose que des factures. C’est un système complètement fouqui a entraîné le surendettement dEDF à près de 65 milliards deuros. Une telle dette laisse peu de marge de manœuvre pour investir massivement dans le nucléaire, ce dont nous aurions besoin.

Bien sûr, tout ceci n’aurait pu avoir lieu sans la complicité criminelle de François Hollande, Emmanuel Macron et même de Lionel Jospin et Nicolas Sarkozy.

F.P. : Par quoi passerait une reprise une main concrète de notre souveraineté énergétique ? Vous parlez dans votre livre d’un nouveau « plan Messmer ».

CHG : Il faut revenir à un prix national de l’électricité pour soulager nos compatriotes et nos entreprises. Cela permettra aussi d’éviter des dépenses totalement inutiles telles que le bouclier tarifaire, qui aura coûté près de 50 milliards d’euros. C’est l’équivalent du budget annuel de la Défense ou du coût de construction de 446 hôpitaux.

Cela ne sera pas suffisant puisqu’il faut aussi s’émanciper des règles de l’UE. Il n’y aura pas de relance du nucléaire sans une EDF saine financièrement. Cela doit passer par le retour à un monopole public, ce qui est contraire aux traités. Il n’y aura pas de relance du nucléaire dans le cadre de la directive sur les énergies renouvelables qui oblige à investir essentiellement dans ces énergies. Pour décarboner l’économie, relocaliser la production industrielle, relancer massivement le nucléaire est indispensable. On estime qu’en remplaçant l’ensemble du parc automobile actuel par des voitures électriques, il faudrait, lors des pics de consommation, dix à quinze réacteurs nucléaires de plus.

Enfin, assurer l’indépendance énergétique à long terme de la France passe par la construction de réacteurs de quatrième génération. Lionel Jospin, puis Emmanuel Macron, ont détruit notre recherche dans le domaine alors que la France avait vingt ans d’avance. Elle a maintenant dix ans de retard sur la Chine ou la Russie. Ces réacteurs nouvelle génération, à neutrons rapides (RNR), ont une double vertu, ils règlent le problème de gestion des déchets et utilisent l’intégralité de l’uranium, dont l’uranium appauvri, contre à peine 3 % pour les réacteurs actuels de deuxième et troisième générations. Avec les 320 000 tonnes d’uranium appauvri en stock en France, on pourrait produire la consommation d’énergie actuelle (toutes énergies comprises) pendant près de 2 000 ans. C’est la clé de l’indépendance de la France, que des dirigeants sans aucune vision à long terme des intérêts de la France ont ruinée.

F.P. : Pour vous, l’immigration est aussi le grand enjeu du XXIe siècle. Pourquoi la démographie est-elle appelée à prendre une telle place ?

CHG : Le niveau d’immigration actuel de près d’un demi-million d’immigrés légaux par an est déjà insupportable pour la France. En un an, c’est plus que Toulouse, quatrième ville la plus peuplée de France. En deux ans, c’est plus que Marseille, deuxième ville la plus peuplée de France. En quatre ans, c’est presque Paris (intra-muros), c’est-à-dire 2 millions de personnes.

Comment voulez-vous sérieusement assimiler ou même ne serait-ce qu’intégrer autant de monde ? Ce n’est pas gérable. Il n’y a quasiment plus d’assimilation et de moins en moins d’intégration. On assimile des individus, des minorités. On n’assimile pas des peuples entiers. C’est avant tout une question de nombre, et les flux actuels sont déjà bien trop importants. On retrouve d’ailleurs dans tous les types de délits ou chez les prisonniers une surreprésentation des étrangers par rapport aux nationaux. Quiconque étudie sérieusement les chiffres sait qu’il y a un lien entre immigration et augmentation de la délinquance.

Or quand vous prenez les évolutions démographiques de l’Europe et de l’Afrique, si rien n’est fait pour nous protéger et fixer ces populations dans leurs pays, le demi-million ne sera qu’une mise en bouche et nous irons vers un raz-de-marée. En 1900, l’Europe était quatre fois plus peuplée que l’Afrique, qui est désormais trois fois plus peuplée que l’UE. Les démographes estiment qu’elle sera 7,5 fois plus peuplée à l’horizon de 2080. Il ne faut pas être un devin pour comprendre que les flux sont amenés à augmenter très fortement si la France, engluée dans l’UE, continue une politique de laxisme migratoire. IMAGEM

Les derniers chiffres de l’Agence européenne de contrôle aux frontières (Frontex) sont tombés pour 2023 : 380 000 immigrés illégaux ont été recensés. C’est une hausse de 17 % par rapport à 2022. L’UE ne cherche pas du tout à arrêter ces flux, mais accueille et répartit les migrants. C’est l’objet du nouveau pacte européen sur la migration et l’asile. Un pays qui n’accepterait pas de réfugiés devra payer 20 000 € par réfugié refusé. Il s’agit ni plus ni moins d’un racket organisé. Si l’on refuse de prendre 100 000 prétendus réfugiés, c’est 2 milliards d’euros que l’on doit débourser.

L’UE n’est pas la solution au problème migratoire, mais elle en est bien le principal problème.

F.P. : Le dossier migratoire semble être une « compétence partagée » entre l’UE et les États membres. Où se situe la ligne de partage et quelles marges de manœuvre reste-t-il concrètement à l’État français ?

CHG : La France n’a quasiment plus de marge de manœuvre depuis le traité d’Amsterdam de 1997. Il est impossible et inefficace de vouloir réduire l’immigration illégale dans le cadre de l’espace Schengen et de l’UE. L’absence de contrôle aux frontières intérieures est gravée dans le marbre. N’importe quel migrant qui arrive par la Grèce, l’Italie ou l’Espagne peut venir sans le moindre problème en France. C’est aussi pour cela que tant que l’on ne rétablit pas des frontières nationales, des solutions de bon sens telles que l’expulsion des OQTF, des étrangers délinquants et des fichés S ne servent malheureusement pas à grand-chose.

Pour ce qui est des clandestins qui sont déboutés (environ 60 %), ils restent tous sur le territoire national car le droit européen les protège. La directive dite « retour » de 2008 (2008/115/CE), qui devrait plutôt s’appeler « accueil », empêche les refoulements, supprime le délit de séjour irrégulier et exige surtout que le retour après une première interpellation soit… volontaire ! Autant vous dire qu’ils restent tous. Les recours auprès de la CEDH ou de la CJUE entravent aussi les expulsions. Ce sont ces recours qui ont permis aux familles des assassins terroristes de Samuel Paty et Dominique Bernard de rester en France.

Il est aussi illusoire de vouloir réduire l’immigration légale dans le cadre de l’UE, dont le premier pourvoyeur est le regroupement familial, gravé dans le marbre de l’Union européenne depuis 2003 avec la directive européenne 2003/86/CE. On nous rabâche souvent que le regroupement familial a été mis en place en France par Valéry Giscard d’Estaing en 1976. C’est vrai. La grande différence est que cette mesure avait été prise au niveau national, toute nouvelle majorité pouvant y mettre fin du jour au lendemain. Voilà qui n’est plus du tout le cas avec cette directive européenne.

F.P. : Vous proposez de « reprendre le contrôle ». Mais le Frexit est une idée qui peine à s’imposer au sein de l’espace politico-médiatique. Quel chemin prendre, dès lors ?

CHG : Je propose, pour l’élection présidentielle, un chemin intermédiaire, opérationnel et astucieux entre le Frexit et la supériorité du droit national sur le droit de l’UE.

Je ne suis pas hostile au Frexit, bien au contraire, mais le format de l’élection fait qu’il est quasiment impossible de gagner en adoptant cette ligne. L’UE n’est hélas qu’un volet parmi d’autres au milieu de thèmes importants comme l’énergie, l’immigration, l’économie, l’éducation, etc, même si chacun des thèmes en question est lié directement ou indirectement à l’Union européenne, le déroulement de la campagne présidentielle fait qu’ils apparaissent tous éclatés et saucissonnés. Il n’est en plus pas majoritaire à date avec une propagande depuis des dizaines d’années en faveur de l’UE.

La supériorité du droit national sur celui de l’UE paraît séduisante sur le papier, mais se heurte à deux écueils.

1. L’appartenance à l’UE est également dans notre Constitution. Dès lors qu’il y a contradiction, c’est le juge national qui déciderait. Un référendum pour modifier l’article de l’appartenance à l’UE serait présenté de facto comme un Frexit auprès de l’opinion.

2. Il y a aussi un obstacle politique, électoral et médiatique. Il est évident qu’aussi bien les européistes que l’ensemble du paysage médiatique auront beau jeu de rappeler que l’Union européenne repose uniquement sur des traités et du droit. Prôner une supériorité du droit national sur le droit communautaire, c’est prôner un Frexit juridique de fait. Ils tenteront de diaboliser le candidat en ramenant sa position au Frexit.

Je propose par conséquent une troisième voie qui est inattaquable médiatiquement et qui répond au souhait des Français d’avoir une Europe des nations qui remplacerait l’UE actuelle supranationale, bureaucratique et inefficace. Tous les sondages vont dans ce sens.

1. Je suggère aux partenaires européens un nouveau traité qui remplace l’UE supranationale par une Europe des nations qui n’empiète pas sur la souveraineté des États.

2. S’ils acceptent, je fais valider le résultat par référendum, et c’est la fin de l’UE supranationale au profit d’une Europe des nations, respectueuse des souverainetés nationales. Si nos partenaires refusent, le référendum que je proposerai ne portera pas dès lors sur ce nouveau traité, mais directement sur notre appartenance à l’Union européenne (10).

3. Dans ce cas, si les Français souhaitent que soit appliqué le programme pour lequel ils m’ont élu, il leur faut voter pour la sortie.

C’est inattaquable médiatiquement et politiquement, parce que le candidat propose un nouveau traité et un référendum sans prendre position en faveur du Frexit. À moins de se positionner comme antidémocrate (ce que n’assumeront ni les médias ni les européistes), nul ne pourra attaquer le candidat qui défendrait cette ligne.

Notes

1) Banque mondiale – Taux des droits de douane, appliqués, moyenne simple, tous produits (%).

2) Bairoch Paul, Mythes et paradoxes de l’histoire économique, éd. La Découverte, 1993.

3) Eurostat – SMIC au 01/01/2024.

4) Eurostat – Labor Index, 2022.

5) Infographie du Figaro du 12/06/2013 avec pour source INSEE première.

6) Base de données OCDE.

7) Base de données OCDE.

8) Erreur (énorme) d’anticipation de la remontée des taux d’intérêt. Une bonne partie des emprunts (636 Md€ sur 807 Md€) contractés à partir de 2023 l’ont été à un taux de plus de 3 %. Si la gestion financière avait été bonne, l’ensemble de l’emprunt aurait dû être contracté avant la fin 2021, lorsque les taux d’emprunts étaient proches de 0… La différence d’intérêts à rembourser devrait dépasser les 200 milliards d’euros. Le coût pour la France pour les seuls intérêts sera de 37 milliards d'euros, soit la somme qu'elle est censée recevoir au titre de ce plan.

9) Rapport de la Cour des comptes du 17/10/2023, « Les soutiens à l’éolien terrestre et maritime ».

10) Nous savons d’ores et déjà que 63 % des Français sont favorables à un tel référendum (sondage IFOP de février 2022 pour Génération Frexit). La probabilité est élevée que nos partenaires refusent ce traité. Alors les chances de remporter ce référendum sur notre appartenance à l’UE augmenteront, car ce rejet de notre proposition initiale de nouveau traité aura une vertu pédagogique formidable pour nos compatriotes. Il sera la preuve par le fait que l’UE ne peut ni ne veut être changée.

Maxime LE NAGARD, Charles-Henri GALLOIS, Front Populaire, nº 16, Mars/Avril/Mai 2024

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