Sabotage du gazoduc Nordstream 2, fermeture de « Russia Today » et « Sputnik », contrôle de Twitter par les agences de renseignement américaines, manœuvres contre Trump… La liste est longue des manipulations de l’information, mais jamais les médias centraux ne s’y intéressent, sinon à la marge, sinon pour à la fin accabler Poutine. Hervé Juvin étudie quelques-uns de ces « gros mensonges » – et s’interroge sur le silence des journalistes.
Hervé Juvin
Le journaliste américain Seymour Hersch [photo], célèbre pour des enquêtes qui lui ont valu le prestigieux prix Pultizer, a révélé dans le détail l’opération spéciale qui a permis à l’armée américaine, aidée des forces norvégiennes, de saboter le gazoduc Nordstream 2 dans la mer Baltique. L’ancien ministre allemand, Oskar Lafontaine, leader socialiste respecté et maître à penser de la politique d’équilibre chère à Willy Brandt, a justement qualifié cette opération d’acte de guerre, appelé au retrait des territoires d’Europe les troupes américaines qui les occupent encore, et notamment à la fermeture de la base aérienne de Manstein.
Le journaliste américain,
également renommé pour des enquêtes sans concession, Matt Taïbbi, a consacré
plusieurs mois à éclaircir l’affaire dite des « Twitter Files ».
Sur son site (substack « Racket News »), il a analysé les documents
et les auditions de l’enquête conduite par la justice américaine, et il a
publié ces conclusions détonantes ; une conspiration du FBI et des agences de
renseignement, pilotée par le parti démocrate, a bel et bien falsifié
l’élection présidentielle de 2020 en contraignant Twitter, entreprise privée,
et son équipe de censeurs, à manipuler l’accès à Twitter, les référencements,
la visibilité des tweets des Républicains et des partisans de Donald Trump, au
profit des Démocrates (lire le résumé de son travail en français sur le
substack de Renaud Beauchard, « Chroniques égrégoriennes »).
Le silence des agneaux
La justice américaine a communiqué des informations qui établissent la réalité des faits issus du microordinateur du fils de Joe Biden, Hunter Biden, oublié chez un réparateur, des faits qui vont de la prise de drogue à des documents établissant pour le moins du trafic d’influence lié au pouvoir ukrainien. Pendant près de deux ans, le mot d’ordre – l’affaire est montée de toutes pièces, il n’y a rien à voir ! – a protégé le clan Biden des effets ravageurs des révélations contenues dans ce microordinateur, dont l’authenticité est désormais prouvée, et le contenu exposé au grand jour.
Le procureur chargé d’enquêter
sur la prétendue implication de la Russie dans l’élection de Donald Trump en
2016 a conclu sans ambiguïté ses travaux ; il n’y a pas eu d’ingérence russe
dans l’élection présidentielle américaine. Et son enquête a révélé que le parti
démocrate et des complices au sein de différentes agences de renseignement,
forces de sécurité et direction de médias, avaient comploté pour donner un
semblant de vraisemblance à des opérations de soutien russes à Donald Trump,
jeter le discrédit sur sa présidence et envenimer les relations avec Moscou.
Tout ceci suggère d’abord que
la démocratie américaine est en bien mauvais état, et que le parti démocrate a
donné naissance à une pratique du pouvoir qui s’apparente plus à une dérive
mafieuse qu’au combat politique – mais aussi que la liberté d’expression, le
journalisme d’investigation et la passion de la vérité sont bien vivants et
puissants outre-Atlantique. Si la capacité à se critiquer, à regarder ses
erreurs et à accepter la réalité est un facteur décisif de la puissance
durable, les États-Unis ne sont pas en panne de puissance. Le sujet est majeur,
il faudra y revenir.
Et l’influence
américaine ?
Tout ceci appelle aussi
l’attention sur le traitement de l’information par la presse française et européenne,
ou ce qui s’appelle ainsi.
La presse française continue
d’aboyer à l’unisson sur une prétendue « propagande russe ». En France, des
chaînes de télévision créées à l’initiative de la Russie, comme Russia Today
(RT) ou Sputnik, se sont vues interdire d’émettre. Ce que certains peuvent
considérer comme une censure contraire à la liberté d’expression, d’opinion et
de débat n’a suscité aucune réaction dans la presse écrite ou télévisuelle, il
est vrai dépendante des subventions publiques ou de publicités payées par des
sociétés dont la majorité est liée aux États-Unis. Il est plus étonnant que la
propagande américaine pro-OTAN et pro-guerre se déverse en continu, sans honte,
sans contradiction, et sans modération, y compris à travers des médias du service
public que l’on imaginerait défendre l’intérêt national. Rarement un pays aura
travaillé à sa propre sujétion.
Le sort réservé à l’enquête de
Seymour Hersch et à l’acte de guerre commis par les États-Unis contre
l’Allemagne et contre l’Europe dans la Baltique est simple ; le silence des
agneaux. L’agression américaine contre une infrastructure critique en Europe
n’a suscité aucun commentaire, et aucune de ces vertueuses indignations qui
auraient salué la moindre initiative russe ou chinoise en Europe de l’Ouest –
imaginez Russes ou Chinois s’attaquant à une infrastructure critique en
Europe ! Devant ce deux poids, deux mesures, une question se pose. Quelle
instance vérifie les liens financiers, de toute nature, que des médias dits
« français » ou des journalistes « français » entretiennent avec des ONG, des
Fondations ou d’autres organisations financées depuis les États-Unis ? Combien
de « voyages de presse » payés par les organisations de M. Soros, au nom
de la liberté de la presse ? Qui recense les anciens « young leaders »
ou autres membres d’organisations de jeunesse américaine parmi les élus, les
dirigeants, les journalistes ?
La question se pose tout aussi
bien au sujet des révélations concernant les fausses accusations portées à
l’encontre de Donald Trump, la censure qui a entouré les frasques d’Hunter
Biden, et plus encore, la gigantesque opération de désinformation imposée par
le FBI et la CIA à Twitter, comme sans doute aux autres grands passeurs de
messages et d’images sur Internet. Pourquoi ce silence ? Pourquoi cet écran
noir devant des informations qui pour le moins, interrogent nos relations avec
les États-Unis ? Chaque session du Parlement européen voit une nuée de
parlementaires répéter comme des perroquets que la propagande russe menace l’Europe.
L’Europe muselée
Il relève de la dignité de
l’Union européenne que quelques voix, même marginales, même étouffées, comme
celles des courageux Irlandais Clare Daly et Mick Wallace, s’élèvent pour
dénoncer l’écrasante mainmise américaine sur l’information et la fabrique de
l’opinion en Europe. Que les affaires qui ébranlent la démocratie américaine
intéressent peu les Français, peut-être. Mais n’est-il pas intéressant de
savoir que, dès l’origine, les accords de Minsk, que le Président Zelensky
était supposé respecter, n’étaient qu’une comédie destinée à gagner du temps et
tromper la Russie ? Les aveux de Mme Merkel, confirmés par
M. Hollande, éclairés par la mise en lumière d’une complicité de longue
date entre le Président Macron et le même Zelensky (voir le JDD du
dimanche 12 février), suggèrent une toute autre lecture des
événements qui se déroulent en Ukraine ; ils tendent à donner raison aux Russes
quand ils dénoncent la préparation d’une agression par l’Ukraine, la
militarisation forcenée de l’espace ukrainien et l’entrée de fait de l’OTAN
dans l’Ukraine pour y conduire une guerre contre la Russie que les États-Unis
et l’OTAN préparaient de longue date.
Les révélations de l’ancien
Premier ministre israélien, Naftali Bennett, sur un accord de paix prêt
d’aboutir entre Russes et Ukrainiens, dès mai 2022, à l’initiative d’Israël et
de la Turquie, accord saboté par les Britanniques et les Américains, vont dans
le même sens ; la guerre qui oppose l’OTAN et les États-Unis à la Russie a bien
été décidée, voulue, entretenue par les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui
ont du même coup réduit l’Union européenne à la soumission. L’enjeu est d’en
finir avec toute volonté d’autonomie stratégique européenne, une autonomie qui
ne peut être appuyée que sur une coopération avec la Russie – le capital
financier et entrepreneurial européen lié aux ressources et à la profondeur
stratégique russe, voilà un cauchemar qui s’éloigne pour la tribu
anglo-américaine. La vérité sur les fauteurs de guerre semble n’intéresser aucun
média français – faut-il parler d’officines de l’occupation américaine de
l’Europe ? Ou faut-il plutôt constater que la quête de la vérité, la volonté de
savoir et la passion d’informer ont disparu de la presse française, infini
bavardage autour de la pensée correcte et de l’ultra-centre ?
Faut-il que les États-Unis
fassent la leçon à l’Europe sur la liberté d’expression, quand la Commission
entend imposer sa censure aux opinions non conformes ? Faudra-t-il que ce soit
le New York Times qui obtienne la publication des SMS échangés
entre Mme Van der Leyen et M. Bourla, PDG de Pfizer ?
Titre et Texte: Hervé Juvin,
Revue Éléments, 20-2-2023
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