Julien Tellier
Le constat est fait depuis longtemps : la gauche tient les universités françaises. Mais encore faut-il savoir de quelle gauche on parle. Si vous pensez que la gauche de Jean-Pierre Chevènement ou de Michel Onfray est en bonne place, vous vous méprenez… Mai 68 a de nombreux petits-enfants : des révolutionnaires en couches-culottes restent des révolutionnaires. Les doctrines mal digérées de Trotski et autres esprits totalitaires sont loin d’être oubliées. Sans nul doute, leurs avatars les plus aboutis se trouvent à Révolution permanente.
Reprenant la vieille thèse de
Léon Trotski (La Révolution permanente, 1931), l’organisation politique
fondée le 18 décembre 2022 après une scission du NPA se définit en ces
termes : « Construire des organisations indépendantes de la
bourgeoisie mais aussi de toutes les nuances de la "gauche
institutionnelle", dont la FI. » Et d’ajouter : « Ce
projet politique, qui met au cœur l’intervention dans la lutte des classes,
mais cherche également à intervenir dans le mouvement étudiant autour du Poing
levé, dans le mouvement féministe avec Du pain et des roses pour y défendre la
nécessité d’une perspective révolutionnaire et de se lier à la classe ouvrière,
sera au cœur de la nouvelle organisation. » La messe est dite et
le petit catéchisme révolutionnaire appris par cœur.
Ne représentant qu’elle-même,
cette organisation – qui repose sur un journal en ligne inspiré par le réseau
de quotidiens numériques La Izquierda Diario d’Amérique latine
– a tout fait pour être représentée lors de la dernière élection
présidentielle. Son Suprême Leader ? Anasse Kazib, cheminot syndiqué à la
CGT, ancien chroniqueur des « Grandes Gueules » sur RMC et dissident
du NPA qui promettait « la
fin des corps spéciaux de police » et se disait « convaincu
quʼen dernière instance, la sécurité doit et peut être assurée par la
population elle-même ». N’obtenant que 160 parrainages, l’aventure
révolutionnaire fut mise en échec par le terrible « système
capitaliste ». Mais quels liens avec l’université Paris 8 ?
Paris 8, berceau de l’ultra-gauche
La percée des idées d’ultra-gauche a connu un formidable essor à l’université Paris 8, située en Seine-Saint-Denis. En deux ans d’existence, Le Poing levé, « collectif marxiste et révolutionnaire » rattaché à Révolution permanente, a réussi à s’imposer au sein des conseils centraux de l’établissement. Aux dernières élections étudiantes des 14 et 15 février, le mouvement estudiantin est arrivé en tête avec 40 % des voix, permettant la venue de neuf de ses membres répartis entre le conseil d’administration et la commission de la formation et de la vie universitaire. Tout cela n’est pas pour profiter aux autres mouvements de gauche tels Solidaires, l’UNEF ou Bouge ta fac, qui sont en perte de vitesse.
La présence de Révolution
permanente et de son bras syndical font de l’université Paris 8 l’un des
bastions de l’organisation. Le 9 décembre 2021, un meeting politique était autorisé à se tenir au sein même de
l’université. La vedette ? Anasse Kazib, bien sûr. Depuis, c’est toute une
série de conférences politiques – sans présence contradictoire, faut-il le
rappeler – qui ont lieu dans les amphithéâtres de l’établissement. Le dernier en date illustre bien le fond de l’affaire… L’absence de débat
contradictoire s’ajoute au terrorisme intellectuel qui s’exerce depuis
longtemps à Paris 8 et que dénonce la journaliste Eugénie Bastié qui en fit les
frais.
Il se trouve pourtant que j'ai été à Paris 8, j'y ai même été entartée par des féministes radicales il y a quelques années. Cette fac est un repaire du sectarisme gauchiste le plus allumé, sans aucun respect du pluralisme qui devrait être consubstantiel à l'université. https://t.co/l6r5eF29Xy
— Eugénie Bastié (@EugenieBastie) February 23, 2023
À propos de la montée des
idées marxistes-révolutionnaires au sein de la jeunesse étudiante, l’historien
Pierre-Marie Dioudonnat écrivait, en 1973 : « Ce sont aujourd’hui des
révolutionnaires d’extrême gauche qui appellent de leurs vœux l’avènement d’un
monde nouveau […] Ce sont eux qui glorifient la jeunesse, son
rôle révolutionnaire, sa mission rédemptrice. Ce sont eux qui critiquent la
démocratie bourgeoise, […] combattent le rationalisme, se
méfient de la culture. » Criant d'actualité ! Et comme le disait si
bien le regretté Philippe Muray, les gauchistes « ne dérapent
jamais, eux, ils sont la glace ».
Titre et Texte: Julien
Tellier, Boulevard
Voltaire, 23-2-2023
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